Si certains groupes ne donnent de leurs nouvelles qu’une fois tous les trois ou quatre ans, d’autres aiment à se rappeler à notre bon souvenir beaucoup plus souvent. C’est le cas du projet américain BOTANIST, qui en onze ans de carrière attaque déjà son dixième longue-durée, et le second pour la seule année 2020. Pour les néophytes n’ayant pas encore fait connaissance avec le concept, BOTANIST est plus ou moins un one-man-band mené par
Roberto Martinelli aka Otrebor, qui est aussi membre d’OPHIDIAN FOREST, et fondateur du webzine Maelstrom. La spécificité du leader est qu’il ne s’exprime pas au travers d’un instrument traditionnel, puisqu’il manie le hammered dulcimer, instrument à cordes frappées, bâti sur une caisse de résonance trapézoïdale en bois d’érable, de noyer ou de cerisier, et qui comporte deux séries d’une quinzaine de chevalets inamovibles supportant 90 à 120 cordes en métal fixées de chaque côté (merci Wikipedia). C’est ainsi que la musique de BOTANIST ne comporte pas de guitare, remplacée par ce fameux dulcimer, et qu’elle sonne donc pour le moins originale. Il arrive souvent à Otrebor de travailler seul, mais il partage parfois ses idées avec d’autres musiciens, sur les albums que le projet nomme « collectifs ». C’est le cas de Photosynthesis, qui peut compter sur l’apport en basse de Tony Thomas (DAWN OF OUROBOROS, OPHIDIAN FOREST, SENTIENT IGNITION, ABSENT SOCIETY, ex-AMONG THE TORRENT), et le support de batterie du complice live Ron Bertrand aka Daturus. Depuis ses débuts, BOTANIST s’est comme son nom l’indique focalisé sur la nature, et Photosynthesis ne trahit donc pas cette conviction. Une fois encore, Otrebor se concentre sur les processus naturels, et logiquement celui de la photosynthèse, et la façon dont les plantes transforment la lumière en énergie, et le dioxyde de carbone en oxygène, ce qui est magnifiquement illustré par cette pochette représentant un arbre dont les racines dessinent un poumon.
Du Bio-Metal donc, et pour une fois, des obsessions bien éloignées du nihilisme, de la lutte contre l’oppression, de la haine de la chrétienté, et toute autre thématique BM classique. Car oui, BOTANIST évolue dans le créneau un peu fourre-tout et complexe du Post Black Metal, puisque personne n’a encore réussi à trouver un créneau plus approprié pour son approche. C’est aussi pour ça que je préfère appeler cette musique du Bio-Metal, puisqu’à l’instar des exactions de Devin Townsend, elle se concentre sur les aspects les plus vivants de l’existence, et ses racines mêmes. Ce qui ne l’empêche nullement d’être violente et abrasive, même en l’absence d’une guitare que l’on pense comme base acquise pour tout groupe amplifié. Et à l’écoute de Photosynthesis, il est très difficile de noter son absence, le dulcimer la remplaçant avantageusement de ses tonalités mécaniques et métalliques. Stylistiquement, ce nouvel effort des californiens se situe en droite lignée de ce qui a composé leur carrière jusqu’à présent, alternant les moments de sauvagerie brute et pure (« Dehydration »), et les créations plus ambitieuses, reposant sur le décalage entre un chant éthéré et une base instrumentale violente (« Water »). Certains noms sont évoqués pour parler de la musique du trio, dont BOSSE-DE-NAGE, LITURGY ou PANOPTICON, mais autant vous dire que le petit jeu des comparaisons n’est d’aucune utilité au moment d’écouter Photosynthesis qui se suffit largement à lui-même.
En formule trio, le projet gagne en ampleur, d’autant plus que ce nouvel album a bénéficié d’une production signée par le maître Dan Swanö. On sent donc toute la profondeur de la basse déchirer la terre, la batterie singer les pulsations primales des plantes, pour que finalement, l’œuvre se rapproche encore plus de son thème en termes de rythme et cycle de vie. Bien que ne durant qu’une petite demi-heure, Photosynthesis se montre sous un jour multiple et offre un reflet complexe, chacune des pistes au titre dédié abordant sa problématique avec application. C’est ainsi que « Bacteria » s’ouvre dans un concert de percussions roulantes et inquiétantes, et que « Stroma » s’épanouit dans une complexité légèrement opaque, que quelques nappes vocales viennent sauver de l’hermétisme le plus total. Comme une version plus sombre et fouillée des efforts les plus naturalistes de Devin Townsend (OCEAN MACHINE, Terria), ou comme un pendant moins harmonique, Photosynthesis se propose donc d’explorer le phénomène de mutation d’énergie et de transformation gazeuse via des mélodies biscornues et des parties rythmiques assez déstabilisantes, sans pour autant nous enfoncer la tête dans la terre la moins fertile de l’avant-garde stérile. Ici, chaque note est à sa place, chaque impulsion a du sens, et les morceaux passent dans une logique d’émotion qui peut éventuellement rappeler THE OCEAN ou MONO, en parallèle moins contemplatif.
Il n’en reste pas moins qu’il est toujours aussi difficile d’expliquer la musique d’un groupe sans savoir si l’auditeur l’a déjà écoutée. Dans le cas de BOTANIST, la tâche est encore plus ardue, même si l’ancrage se bloque sur les fondamentaux d’un Black Metal modulé et modéré, comme le démontre assez simplement le court « Palisade ». Et si les textures rythmiques sont parfois difficiles à appréhender, si le chant en retrait d’Otrebor se pense comme en accompagnement plus que comme une interprétation stricto sensu, le tout à des allures de conte biologique, comme un ouvrage naturaliste ancien s’ouvrant à la vie et à la musique, sans négliger la violence d’un processus qui représente la vie à l’état pur. En résulte un album fouillé et riche malgré sa brièveté, et la singularité d’un concept qui depuis dix ans s’écarte des sentiers battus pour vivre sa propre vie.
Titres de l’album:
01. Light
02. Water
03. Chlorophyll
04. Dehydration
05. Bacteria
06. Stroma
07. Palisade
08. Oxygen
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