Hasard des chroniques…J’évoquais il y a quelques instants la vague de Thrash old-school qui n’en finit plus de faire des petits depuis une dizaine d’années, et me voilà confronté à un autre de ses représentants, qui nous offre aujourd’hui l’exclusivité de son premier album qui risque fort de faire date.
Les WARBIFF et leur nom étrange nous viennent du Brésil, patrie des SEPULTURA, DORSAL ATLANTICA, CHAKAL et autres RATOS DE PORAO, et tentent en 2017 l’aventure risquée du premier longue durée, qu’ils ont composé, gravé et distribué par leurs propres moyens, dans une éthique DIY assez symptomatique de la scène nationale d’il y a trente ans.
Leur musique présente peu ou prou les mêmes caractéristiques que celles de leurs homologues les ayant précédé dans le temps, quoique beaucoup moins basique et bestiale.
L’approche Européenne et Américaine y est privilégiée, et si l’influence de la Bay Area est la plus patente au travers de ce Pigs Parliament, les enseignements de l’école de la Ruhr ne sont jamais très loin, malgré une finesse d’interprétation typiquement US.
Finesse certes, mais brutalité d’abord. Et avant tout, un peu d’histoire, même si les faits sont rares. Les WARBIFF sont donc originaires de Fortaleza, évoluent sous la forme d’un quatuor (Daniel Biff – chant/guitare, Romulo Shaw – batterie, Gustavo De Paula – guitare et Yan Earthquake – basse), ont déjà publié une première démo, Fresh Meat en 2006, et ont partagé un split avec leurs voisins de MALEVENTY l’année suivante, pour deux faces d’un Thrashin’ Death Sentence au nom plus qu’évocateur.
Depuis, silence radio, et donc dix ans pour préparer ce premier LP qui les remet sur les rails, les bons, celui d’un Thrash sans concessions, mais suffisamment malin pour nous faire adhérer à sa passion.
Un Thrash plus fin qu’il n’y paraît, qui évoque tout autant les racines du genre que ses extensions plus tardives, et qui mélange avec flair le Heavy bien solide et les accélérations intrépides. Un genre de joute entre l’Europe et les USA, en toute amitié et sens de l’émulation, pour un album qui ne nous épargne aucune citation, et qui ose même le dépassement de timing non sans raison.
Car avec quatorze morceaux pour presque une heure de costaud, les Brésiliens sont surs de leur fait, et n’hésitent pas à remplir leur œuvre jusqu’à ras bords. Pari plutôt dangereux qui provoque le spectre de la redite, et si en effet quelques thèmes se retrouvent d’un morceau à l’autre, le quatuor parvient quand même de sa rage et son envie à nous éviter l’écueil de l’ennui.
Au programme, des hymnes évidemment, un Thrash radical qui se frotte sans se piquer à un Hardcore animal, incarné avec malice par une grosse basse qui percute et glisse, dans la plus grande tradition des OVERKILL et autres LUDICHRIST.
Morceaux homogènes, certains passant à une vitesse éclair alors que d’autres jouent la stagnation dans les enfers, la variété est patente et la violence pas forcément latente.
Son sec et nivelé dans les médiums, pour une attaque à la portée maximum en guitares rasoir et rythmique battoir, qui ne perd pas sa puissance dans un écho de distance. Chant hargneux mais respectueux, l’osmose est palpable et le résultat affable, dans un registre de Thrash lapidaire qui sait rester raisonnable et ne pas verser dans le Thrashcore bancal ou le bestial qui tâche.
Brésiliens d’accord, mais fans d’abord, et inutile de chercher des traces de SEPULTURA dans ce Pigs Parliament qui irait plutôt puiser son inspiration chez les ACCUSER, PANIC, EXUMER et autres OVERKILL de quoi préparer son grand soir.
Quatorze morceaux donc, pour une progression qui n’en est pas une. Dans les faits, Pigs Parliament propose huit nouveaux morceaux, auxquels viennent s’ajouter les six de la démo/EP Fresh Meat, ce qui vous offre donc un panorama exhaustif de la carrière des WARBIFF en un seul CD.
Niveau nouveautés, le tableau est complet, puisqu’il étale une peinture assez variée de l’art éprouvé des Brésiliens à invoquer le spectre d’un Thrash de qualité.
Entre le côté progressif et évolutif de l’intro « Declaiming War ... Blessed for What », qui en six minutes synthétise les élans des DESTRUCTION, VIKING et autres EXUMER, et le lapidaire « Eternal Violence » qui se souvient avec nostalgie de la saccade étourdissante des ASSASSIN, DEATHROW ou ZOETROPE, le spectre d’un Thrash fumant et intelligent plane au-dessus de nos têtes qui virevoltent d’arrière en avant.
Agression, précision, rapidité d’exécution et conviction, telles sont les qualités indéniables de ce quatuor de bucherons qui savent tailler un arbre sans le faire tomber sur la maison.
Breaks affinés, couplets enragés, soli travaillés, le boulot est fait, et bien fait, et entre une rythmique qui ne s’en laisse pas compter (« Face Your Enemies »), un bassiste qui sait s’imposer sur des percussions sud-américaines adaptées (« La Bestia », l’un des plus sombres du lot), et une paire de guitaristes qui n’ont pas oublié la syncope dans leur tiroir fermé à clé (« The Power Of Thrash Compells You »), la vitesse est reine et le groove n’est pas à la traîne.
Hymnes définitifs (« Thrash Or Be Thrashed », le message est suffisamment clair), Heavy lourd qui dégénère vite en gymkhana de Crossover rappelant les DRI, ACROPHET et autres chantres du croisement Core (« War In The Name Of God », qu’on aurait pu trouver en bonus-track sur le Interstellar Experience d’ASSASSIN), et la messe est dite, et l’hostie avalée assez vite.
En bonus donc, les six morceaux de Fresh Meat, au son un poil plus étouffé, qui fait souffrir une batterie qui sonne comme celle d’Igor sur Bestial Devastation, pour un Thrash moins travaillé et plus amalgamé, qui propose quand même son lot de brulots (« Welcome To The Warbiff », ou comment se présenter sans politesse déplacée, « Die Son Of A Bitch », up tempo épidermique au refrain explicite).
Pigs Parliament, plus que la énième sortie Thrash old-school du mois, permet de découvrir un groupe à l’aise dans ses baskets, et qui a mis les années à profit pour peaufiner son approche et la rendre encore plus affûtée. Avec quatorze titres dans leur besace, les WARBIFF ont mis tous leurs atouts de leur côté, et je vous conseillerai en toute amitié de vous procurer leur CD, en, vente pour un prix tout à fait raisonnable, et qui vous permettra de vous replonger dans un Thrash bouillonnant et racé, suffisamment fou pour vous enivrer, mais assez précis pour délecter les plus éclairés.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09