J’étais au Canada, je resterai donc au Canada. Pas dans ma cabane au fond des bois, mais plutôt du côté de Vancouver, B.C, histoire d’y rencontrer une bande de furieux, qui depuis quelques années se font les dents sur une forme très extrême de Metal, combinant plusieurs facteurs pour livrer son courrier à temps. Et celui-ci est dument estampillé, avec une charge conséquente, résultat d’une mutation Thrash incorporant des éléments de Death, de Jazz, de Metalcore et de progressif, pour parvenir à une missive bizarre envoyée du nord de l’Amérique, évoquant tout autant la plume d’ATHEIST, que celle des CYNIC, d’UZEB, de VEKTOR, ou même le style de REVOCATION. Alors, emprunts multiples pour déguiser un manque de personnalité inique ? Que nenni, puisque cette horde frappante se permet de toiser du chef bon nombre de formations actuelles de son acuité instrumentale et de sa rage verbale. Déjà auteurs d’un Just The Tip, paru il y a trois ans, ces cinq musiciens (Sean LP - chant, Pat Peeve & Eli Slamang - guitares, Nikko Whitworth - basse et Ryan Idris - batterie) ont donc remis le couvert histoire de toucher plus de pourboires avec ce nouvel EP, Pinching Nerves, qui à coup sûr va stimuler les vôtres dans un jeu assez dense d’étirements/compressions. D’une audace flagrante dans le désir de se montrer aussi accrocheurs que techniques, les EXPAIN profitent d’un niveau personnel conséquent pour donner corps aux plus folles de leurs idées, parvenant parfois à réunir dans une même envie les assauts soniques d’un AT THE GATES, et les velléités mélodico-Death d’un SOILWORK (« Corridors Of The Mind », profitant d’une escapade solo en six-cordes de Dan Mongrain de VOÏVOD et MARTYR), tout en restant aussi Thrash qu’un ANNIHILATOR des cinq dernières années.
Performance, vous avez dit performance ? Mais ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, tant la délicate violence de ces canadiens nous frappe de plein fouet, en prenant soin de nous caresser les oreilles de volutes jazzy sans pareilles (« The Witch Is Dead », à l’intro aussi subtile et belle qu’un « Crystal Ann » de qui-vous-savez). Un passage en force qui pourtant ne fait aucun dégât autre que ceux causés à votre intellect, qui restera sans doute interloqué de tant de certitudes rythmiques et de confiance harmonique. Entre des soli peaufinés et des arythmies contrôlées, le chemin est pavé, de bonne intentions bien sûr, et évoque par touches fugaces le DEATH le plus ambitieux, le TESTAMENT le plus malicieux, et le CYNIC le moins mystérieux. Une classe totale pour une défonce radicale, le tout joué avec une certaine humilité pour ne pas perdre les plus radicaux en route, et surtout, des morceaux construits intelligemment pour ne pas se contenter d’une agression tout-venant. C’est évidemment remarquable, tant dans le fond que dans la forme, et lorsque les guitares cristallines s’unissent à une basse serpentine, le Jazz-Thrash n’est jamais loin, et explose à la moindre étincelle, embrasée par un vocaliste au timbre suffisamment rauque pour que le tout rocke, dans des limites de Néo-Death pas véritablement franchies, mais bien regardées du coin de l’œil (« Pathways »). Le meilleur de la Bay-Area revu et corrigé au prisme de l’école scandinave, pour une attaque menée tambour battant dont chaque détail du plan a été examiné avec talent, pour ne laisser passer aucune erreur dans le sacrifier à la spontanéité. De fait, ça fouette, mais les coups sont portés avec précision, et les soli lâchés avec passion, profitant de fait d’une paire de guitaristes aussi inventifs que persuasifs. Mais c’est bien cette basse folle qu’on remarque en farandole, puisqu’elle multiplie les arabesques qui font trembler les guiboles, avant que l’ensemble ne redécolle au son d’un Thrash en cas d’école.
Format moyen pour morceaux aux capacités maximales, qui multiplient les plans sans friser l’overdose, et qui tutoient le Metal le plus contemporain pour l’habituer aux coutumes d’un Thrash plus ancien, sans que les époques ne soient trop marquées par une poignée de main. Alors, on empile, toujours avec flair, et on laisse chaque instrument livrer sa version de l’affaire, pour une traversée tout sauf en solitaire d’un panorama de trente ans d’extrême technique solidaire (« Pitching Nerves », avec quelques accents Death corsés sur un chant un peu forcé, et guitares hispanisantes pour mieux nous réchauffer), sans oublier de finir la course par un dernier sprint hors d’haleine, qui dans un souffle haletant réconcilie le Jazz, le Death et le Thrash pour un finish gagnant (« Torch Formula », melting-pot hystérique des ATHEIST, BLACK DAHLIA MURDER, ANNIHILATOR et encore tant d’autres que je ne mettrai personne d’accord). Avec en outre un emballage pour la version CD signé de la main sure d’Andrei Bouzikov, qui nous offre en bonus un trait naïf dans la plus grande tradition 80’s, Pinching Nerves se hisse au rang de réalisation miraculeuse de la part d’un groupe quasiment sorti de nulle part, mais dont le nom hantera vos nuits dès que vous aurez incorporé les éléments de sa musique dans votre quotidien. Facile dès lors de comprendre pourquoi la presse spécialisée et underground s’est répandue en louanges lors de la publication du premier album des EXPAIN, puisque ce second effort fait mieux que confirmer, il catapulte le talent des canadiens à la face du monde, et les présente en tant que relève valable d’un extrême qui sait se montrer aussi fascinant que percutant.
Titres de l'album:
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