Piston

Piston

13/09/2019

Music Glue Distribution

C’était quand la dernière fois qu’on vous a fait le coup d’un jeune groupe de Rock venu nous sauver du marasme ? Les BLACK CROWES ? Les STROKES ? OASIS ? Jack Black ? Non attendez je sais, les GRETA VAN FLEET. Un truc comme ça non ? Généralement, les mioches ont de l’allure, manient le riff comme Molière et/ou Shakespeare le verbe, chopent l’attitude, et hop, les médias s’enflamment et nous revendent le truc comme les nouveaux BEATLES, WHO, STONES, LED ZEP, SABBATH, biffez la ou les mentions inutiles. Moi, la dernière fois que j’y ai cru, c’était avec les STRUTS. Un machin à la QUEEN, un look, un son, de quoi espérer autre chose qu’un bidule manufacturé pour plaire aux masses qui justement, n’aiment pas le Rock à la base. Un peu comme on a bradé nos propres groupes pour se faire accepter par la plèbe, histoire de pouvoir dire une fois en haut des charts, « ah oui, mais nous, on connaissait avant ! ». Les GUNS, BON JOVI, DEF LEPPARD, WHITESNAKE, METALLICA, les RED HOT, et je m’arrête là avant de m’énerver mon MTV de cœur. Bref, le Rock, c’est cyclique, et surtout unique. Pour en jouer du vrai, il ne faut surtout pas se poser la question, et balancer la sauce comme si votre vie en dépendait. La méthode des pionniers, des suiveurs, de la vague British qui dans les années 60 et 70 a à peu près tout défini et réinventé. Satanés anglais, on a beau les railler sur un terrain de foot et les flipper sur un terrain de rugby, ils restent les maîtres incontestés du truc, parce qu’ils l’ont repris à leur sauce. Rien à faire. Et régulièrement, de cette île en îles, surgit un combo crâneur, simple dans les faits, mais efficace dans la forme. Un trio/quatuor/quintet qui a bien écouté Richards, Page, Davies, et aussi les trucs ricains, les LYNYRD, les RAMONES, enfin bref, vous le savez aussi bien que moi. Et depuis quelques temps, les périodiques UK essaient de nous vendre un nouveau rejeton, du Staffordshire qui - excusez du peu - s’est déjà fait inviter sur les tournées de THE CULT, de Phil CAMPBELL et de Glenn HUGHES. Pas mal pour des débutants non ? Sauf que les mecs ont l’assurance des grands, et le son qui tient chaud, et ce, dès le proverbial premier album.

Chapeau.

Dans les faits, les PISTON huilent les pistons, viennent de Cannock, sont cinq (Rob Angelico, Jack Edwards, Luke Allatt, Brad Newlands, Stuart Egan), et ont tout juste publié leur premier longue durée qui joue et jure sur du velours. Du velours parce cossu dans les guitares, mais aussi raide dans les rythmiques, et qui a l’intelligence de ne pas s’éterniser pour bien marquer. Et à peine plus de trente minutes pour un premier jet c’est peu, sauf que ça suffit amplement pour comprendre de quoi il s’agit. De quoi ? De Rock, joué Hard, Classic, Bluesy, enfin toutes les fragrances, et qui rappelle les seventies, les eighties, sans vraiment le vouloir, juste en puisant ce qui s’est fait de mieux dans le genre depuis quarante ans et quelques. En écoutant Piston, on pense à plusieurs papas et fistons, le ZEP pour les riffs qui grattent et caressent, les FACES pour cette façon de ne pas se cacher derrière un paravent de style, les BLACK CROWES pour la traduction dans une autre époque, mais aussi tellement de choses dont les STONES, les GUNS, et toute la légende anglaise contemporaine ou pas. Et croyez-moi sur parole si je vous dis que le truc est à peu près aussi jouissif qu’un groupe unique dégoté dans un bar le samedi soir par hasard. Et pas besoin d’attendre le rappel pour comprendre, puisque « Dynamite » vous donne toutes les clés en deux-minutes et vingt-et-une secondes, un timing Pop à la BEATLES qui tient bien. Riff hyper gluant, chœurs de branleurs, et ambiance bouillante pour une des meilleures entrées en matière depuis des années. Gros son mais qui n’étouffe pas, analogique ce qu’il faut, et l’assurance de passer un moment en excellente compagnie. Bref, du Rock quoi.

Les amateurs vous diront avec un large sourire qu’ils étaient au courant depuis le single « Rainmaker ». Et c’est certain qu’avec un tel cocktail de LED ZEP et de la scène Sleaze californienne des 80’s, il y avait de quoi flamber. Sincèrement, il y avait longtemps que je n’avais pas entendu un truc aussi immédiat et réfléchi à la fois qui se permet de croiser les époques sans les percuter. La voix, un peu rauque mais Rock, les deux guitares qui turbinent en arrière-plan et mixent le FREE, Jimmy et Angus, les chœurs typiquement anglais à la DEF LEP des débuts, c’est impeccable et pourtant méchamment bien trouvé. Du coup, on attend l’arnaque, puisqu’on connaît le principe par cœur. Sauf que justement, il n’y a pas d’arnaque, et que le déroulé continue en jouant les nuances et les digressions, un peu plus FACES et Rock US sur « Go Now » qui n’est pas celui des MOODY BLUES mais qui ramone quand même avec son break sinueux, un poil tendre et romantique lorsque l’acoustique prend le relais juste avant d’exploser dans une gerbe d’électricité (« Carry Us Home »), énergique et up-tempo quand il commence à faire chaud, élastique comme un tube Pop-Rock mais raide comme un balai Punk (« One More Day »), mais qu’elle que soit l’optique, attendez toujours des mecs qu’ils vous lâchent un refrain qu’on retient jusqu’au lendemain. L’astuce ? Facile, faire simple sans être simpliste, piquer à AC/DC de quoi rendre la monnaie à la vague Sub-Pop (« Beyond Repair »), opter pour quelques syncopes et déhanchés (« Blow It Away », rare quand même un groupe de 2019 qui passe sous la barre des trois minutes sans la jouer minimaliste), se contenter d’un binaire qu’on sublime d’une guitare mutine et d’une basse ronde mais assassine (« Let Us Rise » école LOVE/HATE et toute la mode post-Glam des nineties), pour mieux s’offrir une fin de route joyeuse à base de strates vocales sur lit de Funk et de Groove (« Into The Night »).

On peut détester les anglais, surtout depuis quelques temps. Un gouvernement empêtré dans le BREXIT, des tabloïds qui du coup se concentrent sur la maternité et la famille royale, des rugbymen pas toujours élégants mais qui finissent par surclasser, un peu de condescendance aussi dans cette façon de voir la musique moderne comme un truc qu’ils ont inventé. Mais que vous preniez le thé à cinq heures ou le café à treize heures, ils L’ONT inventé bordel, alors inutile de le nier. Et les PISTON continuent de le prouver, s’il en était encore besoin. Pas vraiment. Mais il y a des rappels qui sont quand même importants.        

   

Titres de l’album :

                           01. Dynamite

                           02. Rainmaker

                           03. Go Now

                           04. Carry Us Home

                           05. One More Day

                           06. Beyond Repair

                           07. Leave If You Dare

                           08. Blow It Away

                           09. Let Us Rise

                           10. Into The Night

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par mortne2001 le 11/03/2020 à 17:46
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