Il ne me faut pas grand-chose pour m’intéresser à un album. Une pochette, un pays, un style, et hop, je saute du train en marche pour traquer la nouveauté comme un chasseur au premier feulement dans les bois. En l’occurrence, avec un artwork superbe et digne de Repka, une origine australe, et un Thrash Death à relents Sludge, SHATTER BRAIN avait tout pour capter mon attention. Mais bien évidemment, on le sait, ces quelques éléments ne suffisent pas à proposer un album digne d’intérêt, et il faut que l’inspiration suive pour confirmer les bonnes impressions. Mais quelques minutes de « Talk in Fear » ont tôt fait de me conforter dans mon opinion à priori, puisque ces australiens complètement cramés se posent comme la nouvelle sensation forte du bout du monde, sans proposer un vocable totalement inédit. Mais avec le recul, et en considérant que nous sommes en 2020, l’originalité n’est plus le moteur principal de la motivation du chroniqueur, plus volontiers client d’une efficacité plurielle et bestiale. Formé à Adélaïde en 2017, SHATTER BRAIN a commencé sa carrière sur les chapeaux de roue, faisant produire sa première démo éponyme en 2018 par l’infatigable référence Joel Grind, ce qui plaçait son début de parcours sous les meilleurs auspices. Continuant tranquillement son chemin, le groupe a ensuite accepté de partager des faces avec les voisins BLUNT SHOVEL de Melbourne, avant de s’attaquer à la réalisation d’un premier longue-durée, promu par le label pointu Wormhole Death. C’est ainsi que Pitchfork Justice vit le jour, celui de notre fête du travail, proposant ses effluves Death/Thrash avec une véhémence rare et une puissance à faire décoller les kangourous. L’image est certes subtilement cliché, mais la puissance de feu affichée par ce groupe est telle qu’on en oublie les bonnes manières et les précautions d’usage. En tant que tel, Pitchfork Justice n’est rien d’autre qu’un monument érigé en l’honneur de la brutalité, de la vitesse, de la méchanceté intelligente, et de la véhémence sans limites, le tout sans jamais glisser sur la pente chaotique du bruitiste bordélique ou du trop bien rangé.
Le quintet (Tom Santamaria - chant, Matt Disisto & Jack Hartley - guitares, Pat Callaghan - basse, Ryan Quarrington - batterie) est parvenu en trois ans à peine à synthétiser tous les meilleurs aspects des styles qu’il fusionne. On trouve sur cet album la violence d’un Death tenu en laisse, la vitalité d’un Thrash vraiment musclé, la fluidité d’un groove Metal tout sauf putassier, et la lourdeur oppressante d’un Sludge par touches pas si fugaces. Il faut dire qu’en rodant ses morceaux sur scène en compagnie de KING PARROT, CARCASS, SEPULTURA, INTEGRITY ou EYEHATEGOD, SHATTER BRAIN s’est confronté aux meilleurs, pouvant dès lors comparer ses propres plans aux classiques des monstres susnommés. Et à n’en point douter, les australiens n’ont pas eu à rougir de la comparaison, qui devient même lumineuse à l’écoute de ces neufs morceaux aussi méchants que roublards. En synthétisant la quintessence du Death blasphématoire d’EXHORDER, la puissance implacable de SLAYER, les transitions groove de PANTERA, et la cruauté crossover des POWER TRIP, le quintet ose la transposition des nineties dans le nouveau siècle, et nous assomme littéralement d’un dantesque « Talk in Fear », qui n’est pas sans rappeler la tornade PANTERA de The Great Southern Trendkill. Production un peu étouffée mais étoffée, guitares qui rugissent dans tous les sens en récitant leur bréviaire Thrash nineties à la MACHINE HEAD, épaisseur conséquente qui dope le Thrash en Death moderne et coulant, pour une démonstration de puissance tous muscles bandés. Avec une entame aussi franche et destructrice, les australiens auraient pu marquer le pas, mais c’eut été sans compter sur leur soif de violence, puisque « Lorem Ipsum » appuie encore un peu plus sur les cicatrices causées, se rapprochant d’un Thrash plus classique, mais pas moins explosif. On sent que les musiciens ont vraiment envie d’en découdre, et le parallèle avec PANTERA s’épaissit d’une touche EXHORDER prononcée, pour un ballet d’ultraviolence condensée. Avec une rythmique totalement atomique, une paire de guitaristes qui accumulent les plans comme des douilles qui tombent d’un uzi, et un chanteur qui se sort les tripes à chaque intervention, Pitchfork Justice prend des airs d’opération de destruction massive.
Mais l’art consommé des australiens réside dans leur diversité, le groupe étant capable de passer d’une ambiance véloce à une atmosphère étouffante sans transition. C’est ainsi que « Pitchfork Justice », le title-track hésite entre Modern Death et Sludge viril, pour plus de six minutes de lourdeur suffocante, dans la grande tradition des groupes Death et Sludge du sud des Etats-Unis. Toujours concis dans la variation, SHATTER BRAIN fait étalage de ses nombreuses qualités, et malgré la bestialité omniprésente, parvient à insuffler à chaque titre une identité propre. « Choosing Beggars » continue le travail de sape en glissant quelques mélodies vocales à la Phil Anselmo, mais en arrière-plan, les guitares et la rythmique se déchaînent pour nous offrir le premier hit vraiment Heavy de l’album. On pense de plus en plus à une version triphasée de PANTERA, les doigts dans la prise, et lorsque la dominante Thrash revient au premier plan sur le démoniaque « Fencesitter », l’hésitation n’est plus de mise : SHATTER BRAIN est bien la révélation de ce premier semestre 2020. Jamais avares d’une sifflante, d’un break tonitruant, d’une accélération mach 3 ou d’un ralentissement à la limite de la nausée, les australiens avancent sans se poser de questions, et misent sur une brutalité outrancière dopée par une technique sans failles. Sans vraiment parvenir à définir le style global, on se laisse happer par cette incroyable énergie et ces riffs entêtants (« Noble Savagery »), d’autant que le groupe nous réserve quelques surprises en fin de parcours, avec un aplatissement sévère (« Silent Screams », redondant et surpuissant) strié de déviations légèrement psychédéliques, une transition acoustique rappelant les instrumentaux d’ABBA (« Life Ephemeral... »), et un final orgiaque replaçant le Thrash pur et dur au centre des débats (« Death Goes On »).
Dans sa tentative de fédérer tous les publics extrêmes, Pitchfork Justice fait preuve d’une grande lucidité et d’une grande unité, évitant le piège de la trop grande disparité. SHATTER BRAIN n’est sans doute pas le groupe le plus original à nous arriver d’Australie, mais il fait partie des plus convaincants et des plus persuasifs. Une ode à la violence instrumentale ininterrompue, futée mais légèrement sournoise, et ce premier album reste l’équivalent auditif de la sacro-sainte pochette de Vulgar Display of Power : un énorme pain dans la tronche !
Titres de l’album :
01. Talk in Fear
02. Lorem Ipsum
03. Pitchfork Justice
04. Choosing Beggars
05. Fencesitter
06. Noble Savagery
07. Silent Screams
08. Life Ephemeral...
09. Death Goes On
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Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
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Boycott de ces deux festivals. La bêtise ambiante fait de l'alpinisme, toujours en quête de nouveaux sommets.
26/03/2025, 07:52
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