Ah Poitiers…Une grosse partie de ma vie, entre 1990 et 1997, le Confort Moderne, chez Paulette, les potes, la musique, les groupes, et la passion. Certes, en tant qu’étudiant en lettres, j’avais du temps libre, et si tel n’était pas le cas, je m’en aménageais. Pour répéter, pour essayer de ressentir le souffle de la création, pour m’évader d’un quotidien fait de traductions, de faits historiques et autres règles de grammaire. Malgré sa (subjective) laideur, j’ai toujours gardé un souvenir attachant de cette ville qui m’a hébergé pendant de longues années, et chroniquer aujourd’hui un groupe poitevin est un plaisir que je ne refuserais pour rien au monde.
Un groupe qui aurait pu répéter dans les petites salles confinées du Confort, et qui propose aujourd’hui un nouvel EP chargé, électrique, puissant, pugnace, menaçant et agressif.
O.S.M. fait partie de ces groupes inclassables, dans la lignée d’HYPNO5E, de certains projets de notre cher Arno Strobl, 6:33 ou PSYKUP, une force vive qui explore toutes les possibilités du Metal pour ne pas jouer uniquement du Metal. Car aussi forte et épaisse soit-elle, la musique du quatuor (Z Mood - guitare/chant, Marco Segui - basse, Dam Lessuor - guitare et Eliot Remblier - batterie) n’évolue pas forcément en terrain métallique, et ose des inserts plus Rock, Progressif, tout en tâtant du Death grognon et du Post ronchon. Ronchon, car la voix de Z Mood sonne comme une humeur de la génération Z coincée entre deux impasses. Grognon, parce que les montées de lait font perler les gouttes sur les tétons de la violence. En gros, un style qui est propre, qui n’en est pas vraiment un, mais qui confère à l’ensemble une aura particulière, quelque part entre Death mélodique et Post-Hardcore.
Plagued By Doubts, contrairement à ce que son nom semble indiquer, n’est pas rongé par le doute, mais n’est pas non plus pétri de certitudes. Le quatuor propose plusieurs pistes à suivre, mais surtout, un monde unique, fait de couleurs vives et de monochromes passés, de cris de joie et de douleur, d’ombres et de lumière aveuglante, de discours riches et de longs silences significatifs.
L’opposition entre mélodies pures et riffs murs, entre mouvance et statisme, entre insistance harmonique et déconstruction rythmique produit un choc au moins égal à celui d'un Big Bang musical. Sans vraiment s’aventurer trop loin dans l’expérimentation, O.S.M. emprunte des chemins de traverse, et livre une prestation incroyablement sincère et professionnelle. Je m’autorise d’ailleurs une petite préférence pour le superbe instrumental « Drown By Myself », qu’HYPNO5E et Devin TOWNSEND auraient pu composer ensemble. Les textures, les strates, les attaques franches et les déliés souples forment un canevas sur lequel les soli et autres humeurs viennent se greffer pour finaliser un ouvrage ciselé et incroyablement précis.
L’affaire est donc plus complexe qu’un simple EP destiné à rassurer la fanbase. On pourrait d’ailleurs le considérer comme un nouvel album avec sa durée plus que confortable, mais en tant que passage court vers un avenir encore à dessiner, Plagued By Doubts est un formidable marchepied qui séduira la frange la plus ouverte de notre lectorat, ou du moins, celle que le terme « Post » n’effraie pas.
Et encore faudrait-il savoir si les poitevins sont vraiment Post quelque chose. Je dirais plus volontiers qu’ils sont en phase avec leur époque, qu’ils jouent avec les codes du Progressif, du Death et du Metal extrême pour accoucher d’un genre personnel, évolutif, plein et franchement jouissif.
D’ailleurs, « Plagued By Doubts » prévient dès le départ du caractère étrange des intentions. Une guitare cristalline dialogue avec quelques notes de piano évanescentes, pour une prise de contact onirique. Et si les grondements finissent par se faire entendre, si le chaos n’est jamais très loin, la distance séparant le groupe d’une normalité gênante est énorme. Et singulière au regard des éléments imbriqués qui peuvent faire penser à un puzzle de Death progressif avec pièces manquantes.
Faisons simple et parlons de musique, logiquement et inévitablement. « Stuck in a Wrong » est beau, long et construit comme un crescendo sous-marin, « Abyssal... » est aussi lourd que le Metal peut l’être lorsqu’il est concentré et condensé, et « ... Loudness » est un final âpre, dur, insistant et proche d’un Metal mélancolique des grandes heures de MY DYING BRIDE, PARADISE LOST ou ANATHEMA.
Belle performance, honnêteté, transparence, mais mystère presque complet. Le paradoxe n’en est pas moins gouteux, et les O.S.M. nous offrent un beau cadeau pour compenser un printemps entre été précoce et pluviométrie excessive. De quoi prendre le temps d’observer, et de se laisser porter par les évènements sans les brusquer.
Titres de l’album:
01. Plagued By Doubts
02. Stuck in a Wrong
03. Why Always More ?
04. Drown By Myself (Instrumental)
05. Abyssal...
06. ... Loudness
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