Oui effectivement, l’image n’est ni séduisante, ni rassurante. S’imaginer allongé dans une couche remplie de guêpes est le genre de vision qui déclenche un effroi instantané, et des démangeaisons fictives partout sur le corps. Et un genre de douleur sourde qui remonte du creux des reins jusqu’au cortex cérébral…Allez savoir pourquoi….
Et justement, ce genre d’illustration met parfaitement en relief l’expérience agréable/désagréable que vous vous apprêtez à vivre si vous posez vos oreilles sur cet album de BED OF WASPS, très justement aussi intitulé Plagued/Heartless.
Car musicalement parlant, rien ne sera joli, encore moins agréable, à moins que vos oreilles ne répondent qu’aux stimuli les plus graves, plombés, agressifs et délétères. Ce qui est évidemment le cas si vous êtes comme moi, et que vous continuez donc de lire cette chronique…
Les BED OF WASPS (Martin Robison – batterie, Chris Potter – chant, Darren Smith & Ryan Page – guitares, et Thomas Brady – basse) viennent de Dundee, ville du nord-est de l’Écosse, où ils se sont formés en 2011. Leur biographie est succincte, pour ne pas dire inexistante, et mis à part affirmer qu’ils pratiquent un Hardcore rapide, impitoyable et sombre, rien ne filtre si ce ne sont quelques influences notables qui permettent quand même de savoir où l’on met les pieds, et surtout ses tympans.
Ce qui frappe d’entrée, c’est l’honnêteté du combo qui effectivement, joue un Hardcore bien sale, bien poisseux et terriblement malsain. Les cinq musiciens n’abordent la problématique que sous son angle le plus ténébreux, refusant de varier d’un iota leur direction musicale pessimiste, qui de morceau en morceau vous enfonce un peu plus dans la réalité crue d’une existence pas forcément plaisante.
Mais c’est exactement ce que l’on vient chercher en écoutant ce genre de réalisations, alors ne nous plaignons pas.
Les Ecossais citent donc quelques références, dont les immanquables CELESTE, RISE AND FALL, TRAINWRECK, ou FROM ASHES RISE, parmi d’autres exemples qui finiraient par constituer une très longue liste. Mais si vous êtes fans des groupes précités, alors jetez-vous sur cette compilation, vous ne serez aucunement déçus.
Compilation donc, puisque Plagued/Heartless regroupe comme son nom l’indique les meilleurs morceaux des deux EP digitaux du quintette, Plagued et Heartless, parus respectivement en 2013 et 2016. On retrouve donc sur la version physique éditée par le label Make-That-A-Take Records une bonne moitié de Plagued et l’intégralité de Heartless, tandis que le Bandcamp du groupe propose une version digitale gratuite contenant tous les morceaux des deux EP. Vous voici donc parés pour l’hiver avec l’intégralité de la disco des Ecossais en poche, ce qui ma fois, constitue un atout non négligeable.
Abordant le cas de la musique, le plus important, il est facile d’admettre que le Hardcore très sombre des BED OF WASPS est très compact, à tendance Crust subtilement blackisé, dessinant un très joli trait d’union entre l’Anarcho-Core de la fin des 80’s et le Hardcore abrasif des années 2000.
On y retrouve une bonne pincée de DISCHARGE, de CONVERGE en moins chaotique, et surtout, une propension à lâcher des riffs énormes sur fond de mid ou down tempo très groovy.
Car aussi violent soit ce groupe, il n’a pas oublié de composer de vrais morceaux qui retiennent l’attention, et qui alternent des séquences rapides avec des passages Heavy du meilleur effet.
La paire de guitaristes est complémentaire, et multiplie les tronçonnages qu’ils agrémentent de quelques licks diaboliques, pendant que le duo rythmique fournit un rendement relativement performant. La voix de Chris Potter est grave, rauque, mais n’en rajoute jamais dans l’abomination et reste intelligible, ce qui accentue encore plus la pertinence de morceaux comme « Falling » ou « Birthright », diablement punchy tout en restant assez glauques pour satisfaire les plus psychopathes d’entre vous.
Très homogène, Plagued/Heartless témoigne de la progression du combo qui se bonifie avec le temps, malgré un départ tonitruant il y a trois ans. Pour être honnête, et même en cherchant la petite bête, on ne la trouve pas, et rien ne vient à l’esprit au moment de formuler d’éventuels griefs. L’approche Darkcore des Ecossais est fondamentale et frontale, et les titres se succèdent sans jamais marquer le pas. Bénéficiant en outre d’une production étonnamment claire pour ce genre de production, le quintette ne relève la tête que par touches fugaces, histoire d’asséner le coup de grâce (« Divine »).
La transition entre les deux EP est assez flagrante, et lorsque déboule le furieux « Enough », on comprend que les années ne les ont pas calmés, bien au contraire. Son plus clair et moins profond, mais attaque aussi virulente, plus même, avec toujours en exergue cette faculté incroyable de saisir le bon plan quand il faut.
Heartless et ses quatre morceaux ne fait pas dans la demi-mesure et frappe fort, flirtant même avec le Grind le plus actif (« Burden », une minute trente de débauche totale), et en tout cas accentuant tous les aspects les plus violents de la musique de ces maniaques du Hardcore un peu Black.
Rythmes plus appuyés, chant toujours aussi maîtrisé, et guitares enflammées, avant que la course du temps ne s’infléchisse de nouveau pour renouer avec le passé de Plagued qui confirme qu’avant ou maintenant, les Ecossais sont dominateurs et appuient là où ça fait toujours très mal.
Quelques mélodies timides se font un peu de place (« Consume », aussi terrorisant que n’importe quel hurlement des NAILS ou de TRAP THEM), et le massacre se termine même sur deux saillies plus longues que la moyenne, « Shame » et son avancée progressive lourde et oppressante et « Reprieve », qui lui aussi privilégie un downtempo suintant et vicieux, pour une dernière charge maladive qui laisse un goût exquis sur le palais.
En étant un brin dithyrambique, je pourrais affirmer que ce Plagued/Heartless est l’équivalent contemporain d’un mélange entre le meilleur UNSANE et le CONVERGE le plus ténébreux. Certes, le parallèle est ambitieux, mais la qualité égale, et les sensations aussi épidermiques.
En tout cas, et pour rester raisonnable, cette compilation tombe à pic pour découvrir un des meilleurs groupes du créneau Darkcore/Crust venu du Royaume-Uni. Et je ne saurais que trop vous conseiller d’acquérir la version physique de l’album, emballée dans un packaging très vintage et soigné.
Un lit de guêpes, mais quelle idée. La bonne, tout simplement.
Titres de l'album:
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