CARCARIASS est un groupe à part. Culte, diront certains. La « faute » à une œuvre discographique à l'allure de sans-faute (Hell on Earth / 1997, Sideral Torment /1998, Killing Process / 2002, E-xctinction / 2009), à une signature musicale qui n'appartient qu'à eux - sorte de mélange parfaitement homogène de vélocité, de technicité, de lourdeur et de mélodie - et, enfin, à des choix de « carrière » osés, pouvant paraître presque illogiques (arrêt des concerts en 2004, laps de temps de plus en plus long entre deux albums). Choix qui, paradoxalement, n'ont fait qu'accroître l'aura du groupe. J'en veux pour preuve l'engouement certain qui a suivi l'annonce, en 2016, de leur retour scénique, avec en point d'orgue leur participation à l'édition 2017 du Hellfest.
Voyant que le public ne les avait pas oublié, les bisontins décidèrent de remettre le bleu de chauffe pour nous livrer leur cinquième album, Planet Chaos, en décembre dernier, rompant ainsi 10 ans de silence discographique.
Alors, bien sûr, après autant d'attente, les questions de savoir ce qu'ont encore dans le ventre nos 3 joyeux lurons - rejoint pour l'occasion par Jérôme Thomas (SCIENCE OF DISORDER) au chant - et où ils en sont musicalement, se posent avec d'autant plus de délectation.
Premier indice, pour commencer, l'artwork est vraiment classe. Sans discussion possible. Si leur pochette d'album était l'un des points faibles que, personnellement, je leur trouvais, ici rien à redire. Le boulot du studio Headsplit Design est vraiment de grande qualité. Quant à la musique, elle est à l'avenant, voire même au-delà.
Car classe (répare...hmm, pardon), on savait déjà que le Death Metal technique et mélodique de CARCARIASS, l'était. Mais avec ce Planet Chaos, le quatuor innove, sans rien changer.
Ainsi soli de haute volée, phrasés mélodieux, morceaux instrumentaux, voix gutturales et influences Heavy, sont toujours au programme. Surtout, tout cela est toujours aussi parfaitement amené et imbriqué, ne dérogeant en aucune manière au savoir-faire que l'on connaissait déjà de la part du groupe.
L'intelligence du tracklisting enfin, alternant morceaux chantés et instrumentaux est à signaler, permettant ainsi de profiter tour à tour de toutes les subtilités induites par les uns et les autres.
A ce stade, tout cela est bien beau, mais en quoi est-ce différent de ce que pouvait proposer le groupe il y a de ça 10 ou 20 ans ?
La différence selon moi, se situe dans des détails qui, finalement, n'en sont pas. On a déjà parlé de l'artwork. Mais il y a aussi la production. Celle de Drop, connu notamment pour faire partie des formations Suisse de SAMAEL et SYBREED. Pas le premier venu donc. Et son travail, comme celui de Jens Bogren au mix et mastering, permet de donner un écrin parfaitement adapté aux propos développés par Pascal Lanquetin et consorts. Un écrin, clair et puissant (sans être sous stéroïde), où chaque instrument est parfaitement audible, sans jamais prendre le pas sur les autres, malgré l'omniprésence des guitares.
Mais ce qui, pour moi, est l'élément le plus significatif de cette évolution, ce sont ces samples ou synthés aux sons électro qui tous, bien que différents, tissent un subtil décor spatial et de science-fiction des plus adaptés aux compositions et ce, sur quasiment chaque titre. Non seulement ils amènent ainsi une profondeur à la musique et aux textes, mais ils créent en outre une cohérence entre tous les morceaux, achevant de former une sorte de concept album intersidéral, seulement interrompu par l'iconoclaste « Letters from the Trenches », contribution du groupe à l'hommage aux soldats de la 1ere guerre mondiale. Ce titre illustre d'ailleurs très bien la 3e et dernière évolution notable des bisontins.
En effet, depuis Sideral Torment, la question de savoir si CARCARIASS sortira son prochain album de façon entièrement instrumentale, est récurrente. De l'aveu même du groupe, la question s'est de nouveau posée en interne pour ce Planet Chaos. Ils n'ont pas sauté le pas pour ce dernier, et loués soient-ils d'avoir pris cette décision. Car, si les vocaux ne sont présents que sur la moitié des morceaux, ils enrichissent chaque fois le propos et brisent la monotonie que l'on pourrait ressentir si tous étaient instrumentaux. Tout le mérite en revient ici à Jérôme Thomas, dont la voix, caverneuse à souhait (tout en restant audible) sait se faire plus claire, sans jamais l'être réellement. Cette évolution, aussi subtile qu'importante, permet alors de moduler les émotions et les expressions engendrés par la musique du combo, rendant ainsi les titres du groupe encore plus accrocheurs.
Arrivé au moment d'aborder les points faibles de ce disque, je serais bien en peine d'en citer.
J'ai beau écouter, réécouter et décortiquer ce Planet Chaos, rien à faire. Pour moi chaque piste est à sa place, apportant son lot de moments jouissifs et sa pierre à l'édifice TechnicoMelodico HeavyDeath que le groupe a commencé à construire il y a presque 25 ans de ça. Même la longueur du bousin (près d'1h10 de musique quand même) ne parvient pas à refréner mon enthousiasme envers ce Planet Chaos. Jamais une œuvre aussi ciselée et virtuose ne m'aura paru aussi harmonieuse et efficace.
Du grand Art.
Tracklist :
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30