Tonton Serafino a dû se dire que la fanbase de son label crevait de chaud sous des températures caniculaires, et a donc décidé de la rafraichir avec une salve de sorties mélodiques, gorgées de jus Hard-Rock, et étanchant n’importe quelle soif d’harmonies et de chœurs angéliques. De fait, en avalant goulument les premières gorgées de sa salve de sorties aoutiennes, on sent que notre gorge se décrispe, et que la chaleur nous atteint moins, comme si un dôme de fraîcheur s’était construit au-dessus de nos têtes sans que l’on s’en rende compte. Et sous ce dôme, résonnent les accords d’un premier album impressionnant de maîtrise, pondu par des musiciens de références, le genre de naissance que Frontiers passe sous couveuse pour être sur du résultat.
Première effluves de bien-être, le projet HYDRA. Les connaisseurs auront immédiatement reconnu le titre de l’un des albums de TOTO, et même si HYDRA est évidemment plus musclé que le collectif des frangins Porcaro, il garde en point commun cet amour des chansons bien écrites et des parties jouées à la croche près.
Nul ne connaît encore HYDRA, puisque le groupe n’existait pas il y a encore quelques mois. Par contre, sa naissance ne date pas d’hier, mais bien aux premières envies solo de son créateur Henrik Hedström, auteur/compositeur suédois de génie totalement conscient de son talent et de ses capacités. L’homme se décrit d’ailleurs comme une sorte de prodige de la musique, ce qui peut paraître légèrement présomptueux, mais qui en fait colle aux faits. Après avoir travaillé pour Warner / Chappell en tant que compositeur Pop, Henrik a largué les amarres pour se concentrer sur une musique plus agressive. En 2007 il rencontre l’infatigable Daniel Flores (FIRST SIGNAL, FIND ME, THE MURDER OF MY SWEET), et les deux hommes décident de composer ensemble…quelques morceaux Pop.
Encore une fois manquée, l’occasion se représente quelques années plus tard, Lorsque Daniel demande à Henrik de lui renvoyer quelques morceaux de l’époque, et si possible les plus Rock. Dès lors, la version définitive d’HYDRA prend forme, et le duo se sent prêt à proposer un répertoire plus agressif, mais toujours aussi mélodique. Avec l’aide et le soutien musical d’Andi Kravljaca au chant et à la guitare, et de Jonny Trobro à la basse, le duo revient quatuor, et enregistre donc ce premier album d’HYDRA, qui est certainement l’une des productions Frontiers les plus remarquables de cette année.
Et je n’irai pas par quatre chemins en affirmant que tous les fans du TOTO de l’époque Joseph Williams retrouveront là des inflexions que leur cœur connaît bien. A vrai dire, et en version plus Rock, Point Break pourrait être le petit cousin légitime d’albums comme The Seventh One ou XIV.
Musicalement évidemment, à cause du timbre si caractéristique de Kravljaca, proche de celui magique de Williams, mais aussi en termes de composition, certains morceaux comme « Stay A While » ou « No Lullaby » rappelant de très près la science exacte de TOTO pour flouter la frontière entre Smooth Jazz, AOR, Pop et Soft Rock west coast. De petits bijoux ciselés à la main par des orfèvres du genre, qui nous offrent là une partition magique en feel-good album qu’on écoute pour se remettre d’une rude journée.
Mais réduire HYDRA à un simple clone de TOTO serait une injustice grave, et pour cause. Car les morceaux les plus nerveux du quatuor l’éloigne de la Californie pour le rapprocher de Stockholm, et le talent incomparable des suédois pur trouver l’équilibre parfait entre Hard Rock puissant et Melodic Rock insistant. L’ouverture « Stop The Madness » en est un témoignage particulièrement valide, avec son up-tempo bondissant et son refrain irrésistible. Le meilleur des deux ou trois mondes, même si le projet porte parois le sceau Frontiers, sceau qu’il ; est impossible de briser, spécialement lorsqu’on s’appelle Flores ou Del Vecchio.
Mais justement, en s’associant à Henrik Hedström, Daniel a trouvé le moyen de contourner ses obligations contractuelles, pour oser s’aventurer en terre harmonique, sans avoir à recycler encore une fois ses idées les plus symptomatiques. Nous avons donc droit à un véritable duel de talents entre les deux instigateurs du projet, qui nous transportent dans les années 80, lorsque le Billboard était encore crédible et les radios passionnées. « Forever My Love » tube qui aurait gravi les marches jusqu’au podium, « Never Be The Same », qu’on aurait adoré retrouver sur la BO d’un film à la mode, « Doors Of Love » qui justement ouvre les portes de ces génériques de sitcoms, généreux, mélodiques à souhait et ensoleillés d’une joie irradiante.
De tout, du précieux, de l’inestimable, et quarante-six minutes de bonheur entre la Suède, les Etats-Unis, l’Italie, pour un trip immersif loin de la visite guidée. Entre fugue d’amoureux et journal intime truffé de références, Point Break est le point de rupture entre Hard Rock et Pop, et certainement le meilleur album proposé par le label transalpin depuis quelques mois. On se prend d’amour pour ces chœurs veloutés, pour ces arrangements en néon bleus et roses, et pour ces lignes de chant de velours, posées sur le satin d‘un instrumental smooth.
Des erreurs, quelques accrocs ? Non, du tout, au contraire, une perfection qui laisse pantois et bouche bée, et un final très sentimental, avec le MOR de « Suspicious » et les au-revoir de « To Say Goodbye » qui laisse l’œil humide et le cœur battant la chamade.
Superbe premier album pour un projet qu’on espère pérenne, tant ses possibilités semblent infinies. Un nouveau TOTO des années 2020 ? Sans aller jusque-là, mais un sosie très crédible qui a su garder sa personnalité derrière l’admiration pas si aveugle que ça.
Titres de l’album :
1. Stop The Madness
2. Bringing Down The Moon
3. No Lullaby
4. Stay A While
5. Angela
6. Forever My Love
7. Never Be The Same
8. Doors Of Love
9. The Most Wanted
10. Suspicious
11. To Say Goodbye
Thanks a lot! The best review ever!! Henrik/Hydra
On dirait un générique de séries 80s US en boucle
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