Alors que beaucoup regrettent le niveau de qualité du Thrash allemand de légende, reprochant à KREATOR de faire du surplace mélodique, à DESTRUCTION d’être en pilotage automatique, et au reste des vaillantes troupes 80’s de faire ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles, s’agite dans l’underground une nouvelle génération de musiciens sevrés aux géants de la violence. Ce style qui était la chasse gardée des Etats-Unis et de l’Allemagne il y a quarante ans est aujourd’hui une immense réserve de talents mondiale, et les deux pays têtes d’affiche doivent se maintenir à niveau pour ne pas sombrer dans le ridicule de lauriers trop longtemps surestimés.
L’excellent Thrash aujourd’hui vient d’Espagne, d’Italie, de Grèce, de Lettonie, de Russie, de Suède et du Mexique, et tout le monde veut sa part du gâteau. Alors, pour défendre sa place à table, on colle au service des hommes de main capables, enragés, et propres à propager cette flamme qui ne s’est jamais éteinte. Et à ce petit jeu de livrée sur-mesure, l’Allemagne joue une carte très intéressante avec TEMPEST.
Formé en 2013 à Aachen, ce quatuor (Philipe Piris - chant/guitare, Gabor Franyo - batterie, Simon Humpohl - guitare et Daniel Gerth - basse) a connu quelques ajustements de line-up, mais nous a déjà offert un excellent longue-durée en 2018. Adepte d’un Thrash rapide et précis, TEMPEST a dévoilé ses intentions belliqueuses via When Hate Has Dominion il y a quatre ans, avant de se murer dans un silence inquiétant. Ce silence ne pouvant durer une éternité, la bande revient donc remontée comme une braguette après l’acte avec une nouvelle tranche de vie conséquente, à base de rythmiques féroces et de riffs qui rossent.
Le meilleur de l’école allemande, et la fluidité de la fac US. Voici peu ou prou le résumé de la démarche artistique développée sur ce conséquent Point Of No Return. Une sorte de pont tendu entre le Thrash traditionnel, le Crossover lourd et emphatique, et le Heavy puissant mais dramatique. A la limite, il est même possible de croire entendre les ACROPHET partager des faces avec ASSASSIN, ce que « Fire Will Judge » suggère subtilement de son affrontement entre licks purement Bay-Area et voix méchamment Hardcore.
Loin du simple produit nostalgique tiré à la chaîne d’un vieux fût oublié, Point Of No Return, sans être point de non-retour est un aller-simple vers les enfers torrides du Thrash mondial, entre BPM affolés et mid tempo martelé. On apprécie donc tout autant le radicalisme de « Unbroken », et la force évolutive Heavy de l’épique « Through The Pain ». Un groupe capable de se montrer allusif à toutes les formes de violence raisonnable est toujours une découverte intéressante, et les TEMPEST se placent d’eux-mêmes en haut du panier de leurs plans agressifs et de leurs breaks incisifs.
Impeccablement produit, ce deuxième longue-durée est d’une haute teneur en férocité et en vice, et fait montre d’ambitions indéniables. Conçu par des musiciens jouissant d’une technique certaine, cet album est une véritable ode à la jeunesse perdue entre un short trop sale et des baskets délacées, le t-shirt EXUMER mal repassé, et la tignasse ébouriffée. On se croirait même dans la salle de répète du groupe tant le son est vif et dynamique, et cette sensation accentue la sincérité de ces compositions longues et riches.
Loin du gimmick « emballé et pesé en trente minutes, modèle SLAYER inclus en figurine », TEMPEST est un groupe très intelligent, qui sait pertinemment qu’un album de Thrash se conçoit avec précision et se joue avec passion. Et si les réminiscences sont inévitables, si parfois les emprunts témoignent d’une culture classique, les titres sont suffisamment personnels pour ne pas pâtir d’un parrainage trop évident.
Un peu ACCUSER en grande forme (« The Divide »), un peu EXODUS pro sur les bords, TEMPEST synthétise le meilleur des majors de promo et des prix d’excellence, et nous offre donc un récital old-school tout à fait digeste, qui ne joue pas le mimétisme. Certes, j’en conviens, les saccades en mi, les soli mélodiques, les breaks Heavy et les accélérations fulgurantes sont des composantes inévitables, bien sûr, certains morceaux se montrent un peu convenus, mais lorsqu’on est capable d’accoucher d’un « UltraNation », venimeux à souhait, et d’un final aussi gargantuesque que le title-track « Point Of No Return », on peut avoir la satisfaction du travail bien fait, et regarder devant soi avec fierté.
Point Of No Return nous rappelle donc que l’Allemagne a toujours évolué aux avant-postes du Thrash, et que ses représentants savent encore frapper avec hargne et volonté. Et lorsqu’on a tendu ses esgourdes vers le dernier KREATOR, on apprécie d’autant plus les efforts nostalgiques de TEMPEST qui valent mieux que cette sauce mélodique réchauffée des dizaines de fois.
Titres de l’album :
01. The Verdict (Intro)
02. Fire Will Judge
03. Unbroken
04. Collateral Murder
05. Through The Pain
06. The Divide
07. The Backwater Gospel
08. UltraNation
09. Protector, Pretender
10. Point Of No Return
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