Un groupe se définit-il par son image, et par ses arguments promotionnels ? Si tel est le cas, POINT MORT est un paradoxe sur pattes, puisque le packaging promo de son premier long est pour le moins intriguant. Un album cardboard enfermé dans un joli sachet rose type bijou, rempli de pétales séchés, et une pochette pour le moins chamarrée, dans les tons roses, elle aussi. Voilà qui peut intriguer lorsqu’on connaît la musique du combo, et provoquer un questionnement tout à fait légitime. Mais une fois l’écoute de l’album achevée, on se dit que ce choix est assez pertinent, opposant la couleur réelle à celle artistique, terriblement nuancée elle aussi. Pour être clair, disons que le groupe nous avait habitués au grand écart, mais Pointless en est à un point où les adducteurs devraient vraiment se méfier.
Après deux EP’s, format peu prisé mais pratique pour présenter un répertoire partiel, POINT MORT ose enfin le grand plongeon, et nous déroule cinquante-trois minutes de musique, en colère, en affection, en espoir, en oraison. Avant même d’avoir savouré la moindre note de ce long, le discours de l’agence se veut clair : Pointless est un instantané du groupe à un instant T, et s’intéresse de près à la condition humaine, entre résignation et furie, entre noir complet et lumière aveuglante, monochrome et multitude de teintes. On sait le genre ouvert à toute possibilité, mais aussi parfois à de longues digressions stériles justifiées par l’ouverture d’esprit. Ici, chaque note semble avoir été pensée, indispensable pour l’ensemble, et chaque plan est à sa place, qu’il soit violent ou caressant.
L’humanité donc, et un premier titre qui s’attarde sur les aspects les plus sombres de la société. « In Cold Blood: A Warmer Heart » est donc présenté en ces termes :
Le thème de ce morceau est une métaphore qui met en scène un sociopathe. La figure incarnée est abjecte et n’éprouve pas de remords. Mais elle est paradoxalement tiraillée par le besoin d’appartenance, d’obtenir une âme. Elle se nourrit de cœurs purs pour devenir une meilleure personne.
Immédiatement, la musique se met au diapason, mais pas que. Car POINT MORT a beau avoir passé la vitesse de production supérieure, il n’en reste pas moins un groupe mesuré, pondéré, et sa musique s’en veut le reflet. Alors évidemment, les atmosphères et les climats se succèdent avec un brio incontestable, et surtout, avec un goût de l’enchainement illogique si cher au Post Hardcore le plus historique. Ainsi, il n’est pas rare de trouver des traces évidentes d’UNSANE et CONVERGE au détour d’un chemin de mélodies pastorales, chantées en son clair, et sublimées par une production crue, mais précise. Et à ce titre, « Olympe » en est l’incarnation la plus idéale, avec son dédale de plus de dix minutes, placé en troisième de couverture, comme pour nous faucher en plein vol. Rythmiquement inventif, artistiquement inattaquable, ce premier album se veut le reflet exact d’une existence complexe, du mélange humain des genres, de ses névroses, de ses rêves et illusions, et de ses actions/réactions et leurs conséquences immédiates ou à long terme.
Pour illustrer ce concept, il fallait évidemment dessiner une trame crédible et dense. Pointless se devait de résister à l’épreuve du temps, et à de multiples écoutes. Et justement, en variant le propos au maximum, en étirant les idées au minimum pour ne pas paraphraser, POINT MORT s’est rapproché d’HYPNO5E, autre groupe qui a porté le Post Metal à des hauteurs inconnues. Et même si les deux groupes offrent un traitement différent, leur démarche est similaire : aller chercher dans le folklore les ingrédients indispensables sans se soucier des étiquettes.
Enregistré par Amaury Sauvé en conditions live au studio The Apiary, masterisé avec soin par Thibault Chaumont au Deviant Lab, Pointless sonne vivant, précis, et chacun de ses coups portés est effectif. « Les Corps Flottants » tient la suite de « Olympe » dans son désir de violence sourde, propose un Hardcore très rythmique avec des percussions tendues, un chant en dualité, des cris viscéraux, et deux guitares qui rivalisent de dissonance, de stridences, mais aussi de décalages pour créer un déséquilibre des sens. Aurélien Sauzereau et Olivier Millot exploitent toutes les possibilités qui leur sont offertes et jouent des parties différentes qui se rejoignent dans un unisson accentué par le chant exalté de Sam Pillay, juste en chant clair, et hystérique lorsque sa gorge tourne à plein régime.
Le tandem rythmique composé de Simon Bellot (batterie) et Damien Hubert produit, tourne à plein régime, ose les ruptures, cherche l’arythmie, manipule les silences et débite les blasts, en constant éveil pour ne pas risquer la chute. Dès lors, rodé, expérimenté, le quintet nous offre une vision de l’humanité très fidèle à ce qu’elle est aujourd’hui.
Le cheminement en huit chapitres, différents mais reliés, nous mène à une fin inéluctable, que l’on connaît tous. « Ash to Ashes », la cendre aux cendres, l’issue inévitable, et encore une fois, l’épiphanie d’ouverture pour un épilogue de plus de onze minutes. Entre Metal, Hardcore, Indie, Post Hardcore, Post Metal, POINT MORT n’a pas choisi, et se contente de jouer sa musique, sans ancrage particulier, sans école de pensée, sans instinct de mode ni tendance de meute.
Pas si Pointless que ça donc ce premier album, et au contraire, très pertinent. Quand une rose fane, une autre éclot, et le cycle de la vie continue, avec ou sans nous.
Titres de l’album:
01. In Cold Blood: A Warmer Heart…
02. Every Good Song Is a Fight Song…
03. Olympe…
04. Les Corps Flottants…
05. Corners…
06. La Bienveillance des Faux…
07. Pretoria…
08. Ash to Ashes
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