Passons enfin maintenant aux choses les plus sérieuses. Avec leur quatrième album, les VENOMOUS CONCEPT qui n’en sont plus un abstrait depuis longtemps, envoient un message fort à l’Amérique de Trump. En parodiant à leur compte le graphisme culte de MAD et le personnage d’Alfred E. Neuman, le collectif bruitiste s’offre deux possibilités : renvoyer aux américains l’image caricaturale qu’ils projettent depuis l’élection improbable de Donald Trump, ou admettre que la situation actuelle a tout d’une face burlesque dont il vaut mieux rire que pleurer. Après tout, la devise du célèbre personnage n’était-elle pas « Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? » ? Mais nous justement, nous en avons à foutre puisque VENOMOUS CONCEPT est sans doute la blague musicale la plus drôle et crédible depuis le premier BRUJERIA, et il n’est pas si étonnant de retrouver dans les deux rôles l’incontournable et infatigable garant de la légende Grind Shane Embury. D’ailleurs, Shane va plutôt bien si l’on en croit les pistes de ce nouvel LP, qui tient facilement la dragée haute à Kick Me Silly - VC III, paru il y a déjà quatre ans. Il se rapprocherait même du génie absolu de Poisoned Apple qui lâchait les bombes comme les amerloques le napalm sur le Vietnam, et réduit à l’état de quatuor, le groupe n’en est que plus solide et compétitif. Posons les bases une fois encore, et admettons que le supergroupe est l’un des plus doués et pourtant dilettantes de sa génération. En admettant ce casting magique une bonne fois pour toutes (Shane Embury - basse, Danny Herrera - batterie, Kevin Sharp - chant et John Cooke - guitare), et en constatant que l’ombre de NAPALM DEATH plane de plus en plus bas sur la réputation du quatuor, on se prend quand même à halluciner de la qualité d’un disque qui enterre la concurrence sans jouer la carte du sérieux, ou si peu. Parce que finalement, cette bande de furieux nous offre encore une fois l’album de Crust/Grind de l’année, sans forcer, mais en relativisant les choses : ils ne font rien de plus que jouer aux punks, et le rôle leur va comme un gant.
Rien de neuf sous les blasts, mais une bordée de morceaux qui vont encore une fois faire la joie des amateurs de Hardcore joué comme des hyènes rieuses. Production nickel, pochette admirable, son énorme mais sec comme un coup de trique sur la nuque, Politics Versus the Erection joue l’ironie et la distanciation protectrice à fond les ballons. Toujours aussi pertinents dans l’attaque, les VENOMOUS CONCEPT suivent la ligne de leur propre parti(e), et suggèrent que l’approche radicale mais Rock des POISON IDEA a encore cours de nos jours. Car les lascars sont Grind (évidemment, avec ND et BRUTAL TRUTH derrière-eux, ils auraient du mal à nier), mais ils ne sont pas que ça, surtout après tant d’années. Et ce projet leur permet de montrer un autre visage, plus détendu, même si un morceau comme « Carrion » rappelle le NAPALM Indus des années 90 et le BRUTAL TRUTH d’Endtime. On sent que la liberté d’une autre identité leur permet de s’extirper de leur condition de légende, et même le jeu d’ordinaire si figé de Danny prend une autre dimension, plus ludique et hystérique. Convaincant dans le mid tempo, on avait presque oublié que Herrera était capable de fluidifier sa frappe et de revenir aux fondamentaux du D-Beat et de l’Anarcho-Punk, même si ses blasts ont toujours cette précision terrible. De son côté, Kevin assure la caution Punk, et braille comme jamais, ce qui nous amène à des interventions aussi bordéliques qu’un tweet du Donald (« Broken Teeth », et son final aussi acrobatique qu’un calembour de Poutine), mais le tout est solide, et se rapproche des meilleures (ou pires selon le point de vue) exactions suédoises en la matière. Comme d’habitude, Shane est roublard, se souvient de son passé dans UNSEEN TERROR et LOCK UP, et confirme que ses projets annexes sont aussi importants que son groupe majeur. Certes, VENOMOUS CONCEPT n’est pas et n’a jamais été NAPALM DEATH, mais Politics Versus the Erection a quelque chose de grave dans sa légèreté de surface, ce que confirme un morceau dur et dark comme « Shadows ».
Sinon, la ligne de conduite n’a pas changé. Aborder tout le spectre de l’extrême en professionnels, assumer son passé et présent Hardcore, métalliser le tout et nous livrer un LP imparable qui va foutre à feu et à sang cette rentrée débile avec masques et distanciation réglable à volonté. Période électorale oblige, les mecs ont clairement choisi leur camp, et dénoncent, vitupèrent, même si les textes sont aussi compréhensibles qu’un rot de Lee Dorian époque From Enslavement. Mais ne vous y trompez pas, le fond est aussi important que la forme, et il serait inconvenant de considérer ça comme une blague de potaches qui dessinent la tronche du président sur un mur blême. Ok, « Mantis Toboggan » est rigolo comme un interlude cocasse, mais « Politics Versus The Erection » n’est pas super gai et laisse la basse du bon Shane rouler comme un orage qui s’annonce, et qui risque de déclencher la foudre d’une réélection qui serait perçue comme une vraie catastrophe. Alors, de Trump ou Biden, qui est le plus à même d’apprécier son faciès sur un futur album de tristesse dans l’absurde, je n’en sais rien et j’attendrai que les urnes rendent leur verdict. Moi, je ne suis là que pour juger la musique, qui dès « Simian Flu » est extraordinaire. Trois minutes de Crust, de D-beat et de Grind bien tassées, pour un rythme catchy qui prend à la gorge immédiatement, avec en cadeau les braillements de Sharp qui n’a rien perdu de sa précision dans l’abomination. En un seul titre d’introduction, VENOMOUS CONCEPT renvoie la concurrence brutale dans les cordes de sa normalité trop pensée, et nous fait plaisir d’un moment de violence partagée que les NAPALM auraient d’ailleurs pu placer sur leur dernier LP.
Cooke lâche des riffs totalement jubilatoires, que Danny se fait une joie de transcender d’une vitesse hallucinante (« Hole In The Ground »). Et si les textes ne sont pas DU TOUT amusants, la musique est quant à elle euphorique, sans perte de régime, atteignant les cimes de l’ultraviolence joviale (« Eliminate »). Loin de la private joke qui n’aurait fait rire que leurs fans, les frappés de VENOMOUS CONCEPT signent avec Politics Versus the Erection la meilleure campagne de propagande musicale de l’année, et donnent leur vision d’un monde qui part à la dérive. Mais je veux bien fournir le radeau pour contempler le triste spectacle à venir si la musique est aussi bonne, et qu’elle se donne.
Titres de l’album:
01. Simian Flu
02. Hole In The Ground
03. Eliminate
04. Lemonade
05. Colossal Failure
06. Promise
07. Septic Mind
08. Dementia Degeneration
09. Carrion
10. Broken Teeth
11. Shadows
12. Mantis Toboggan
13. Politics Versus The Erection
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