Non, rassurez-vous, les allemands de POPOL VUH n’ont pas repris du service en changeant de nom. Ces musiciens-là ne sont pas allemands mais bien portugais, et Popol Vuh est bien leur premier album, sans compter que les styles des groupes ne partagent pas beaucoup de points communs. Mais n’oublions pas à la base que le Popul Vuh est un texte mythologique maya rédigé en quiché à l'époque coloniale, et qu’il a donc servi à beaucoup d’artistes pour construire leur concept, et qu’il reste à ce jour le document le plus important sur les mythes de cette civilisation. C’est ainsi que les SOTZ', originaires d’Oporto ont décidé de lui consacrer leur œuvre, et de donner à cette civilisation un éclairage nouveau à base de brutalité et de puissance. Si les mayas avaient faussement prédit la fin de notre ère en 2012, SOTZ’ en fournit la bande son idoine avec quelques années de retard, et ce premier album, d’une solidité indéniable aurait parfaitement accompagné les crises de panique des peuples confrontés à l’issue de leur existence. Fondé en 2008, ce collectif lusophone a pris son temps pour construire son répertoire, ne nous gratifiant que d’un EP neuf ans après sa naissance (Tzak' Sotz'), et d’un single il y a deux ans, ce qui en dit long sur le soin qu’ils insufflent à leur art. Leur art justement, est assez complexe, et si les sites généralistes les classent volontiers dans la case vague du Death Metal, je préfère parler de Metal extrême les concernant, puisque leur musique tient tout autant du Black que du Death, voire même du Heavy Metal parfois. Mais loin des querelles de sous-genres, Popol Vuh n’est rien de moins qu’un monstre de puissance, un colosse aux pieds de béton, qui saura satisfaire tous les fans de musique violente mais ciselée, et qui ne crache jamais sur un brin de mélodie pour aérer ses attaques brutales.
Le quintet (Emanuel Ribeiro - basse, Dan Vesca - chant, João Rocha et Pedro Magalhães - guitares et Tiago Silva - batterie) nous propose même quelques guitares acoustiques ibères en guise d’intro subtile (« Tree of Knowledge »), mais en se contente pas de gimmicks pour varier ses approches, et joue constamment avec le tempo, permettant à son jeune batteur (dans le groupe depuis 2016) de faire montre de ses talents de cogneur modulant sa frappe pour s’adapter aux ambiances des morceaux. Ces mêmes ambiances sont la plupart du temps compactes et sombre, mais ce qu’on remarque au prime abord en découvrant ce premier album, c’est que sa thématique de base se limite aux lyrics, et ne cherche pas forcément à intégrer le côté folklorique aux titres. Loin d’un NILE ou d’un CEMICAN, SOTZ’ se satisfait la plupart du temps d’un Metal féroce, certes très proche d’un Death de la fin des années 90, et ne cherche aucunement le crossover pour se rapprocher des racines de sa passion. Bien évidemment, quelques breaks plus calmes permettent d’apprécier la singularité du groupe, et certaines entames nous laissent apprécier le calme d’une instrumentation plus classique, qui débouche parfois sur des structures plus évolutives et ouvertes (« Ixchel »). Nous sommes donc assez loin d’un MYRATH qui n’hésite jamais à mélanger ses influences orientales à une base européenne, mais que cela ne vous empêche pas d’apprécier les portugais pour ce qu’ils proposent, à savoir un Death vraiment puissant, mais plus mélodique que la moyenne, sans tomber dans les travers niais du Death mélodique, souvent lénifiant.
Ici, seule la brutalité intelligente à droit de cité, ce qu’on réalise dès l’ouverture tonitruante de « Oracles ». Après une courte intro d’une minute et quelques, ce premier véritable morceau pose les jalons, offre une entrée en matière toute en percussions tribales, avec instruments à vent en arrière-plan, avant de nous écraser d’un énorme Metal sans pitié, qui peut rappeler les charges les plus virulentes de SAMAEL. La voix de Dan Vesca, très monolithique, profite d’un background progressif pour ne pas trop lasser de ses interventions linéaires, et c’est avant tout le travail des deux guitaristes qu’on remarque, deux guitaristes qui sont loin de se contenter de riffs prémâchés et déjà entendus mille fois. Avec ses morceaux d’une durée raisonnable, ce premier album sait rester entre des balises, et si les BPM s’affolent de temps à autres, le chaos n’est jamais le but, même si l’écrasant « The Return of Kukulkan » étouffe l’oxygène pour altérer nos sens. Beaucoup de variations donc, pour un résultat global qui sait rester homogène, quelques allusions bien senties à la scène scandinave (« Siege of Tikal »), une production exemplaire, malgré une dynamique un peu compressée sur la rythmique, et une basse quasiment inexistante, et SOTZ' de se présenter sous un jour plus que flatteur.
Exemple même de cette jeune génération qui n’hésite pas à s’inspirer de l’arrière-garde sans perdre sa propre identité, ces cinq musiciens osent donc une présentation solide, qui reflète bien leurs obsessions, au travers d’une flute perdue dans le magma ambiant (« Popol Vuh »), ou de cassures plus harmonieuses. Avec seulement trente-huit minutes de timing, Popol Vuh ne lasse jamais, d’autant qu’en fin de parcours, les portugais osent les dissonances à la GORGUTS (« Eye of Baalam »), avant de nous laisser sur un épilogue emphatique au possible qui évoque à merveille la grandeur de la civilisation Maya, et les siècles d’avance qu’elle avait sur les autres peuples.
On espère seulement que le prochain chapitre sera moins réticent à incorporer des sonorités plus folkloriques, et que l’équilibre entre violence et exotisme sera mieux géré. En gardant cette ligne de conduite, les SOTZ' risquent de n’attirer dans leur sillage que les fans de Death brutal et épais, et il serait dommage que leur philosophie tombe aux oubliettes pour cause d’implication trop timorée.
Titres de l’album:
01. Cenote
02. Oracles
03. The Return of Kukulkan
04. Tree of Knowledge
05. Sahkil
06. Ixchel
07. Siege of Tikal
08. Popol Vuh
09. Eye of Baalam
10. Prospects of Pakal
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