En arborant en guise de pochette une œuvre du grand Paolo Girardi, les grecs de PLAGUE nous avertissent implicitement : « nous ne sommes pas là pour faire de la figuration ». Pourtant, en 2020, qu’attendre d’un premier album de Death Metal old-school qui ne nous ait déjà été prodigué par des dizaines d’autres artistes ? De la crédibilité bien sûr, un minimum d’audace, et surtout, de bons morceaux synthétisant dix ans ou plus de cette musique extrême qui depuis longtemps a révélé tous ses secrets. La Grèce depuis des années rattrape son retard accumulé depuis les années 80. On ne compte plus les références Black ou Thrash hellènes qui inondent le marché de leur qualité, mais le Death reste encore une musique minoritaire dans ce pays rongé par la crise économique. Pourtant, ce premier album d’une formation accusant presque le coup d’une décennie d’existence est un coup de tonnerre dans la production actuelle. Fondé en 2011, le collectif PLAGUE est de ces groupes qui sortent presque de nulle part et s’imposent avec leur moyens limités, mais leur énergie inépuisable. Avec un seul titre à leur actif lâché en 2014 (« Abyssdiver »), ces originaires d’Athènes et Galatsi n’avaient pas de quoi flamber, même en exhibant une signature sur le référentiel Redifining Darkness. Mais à l’écoute des sept morceaux de cette première œuvre, on comprend vite que les musiciens manient le vocable old-school comme personne, y ajoutant leur touche personnelle, presque technique, mais foncièrement brutale dans les faits. Et les faits justement, ce sont ces riffs au débit ininterrompu, cette batterie qui écrase tout sur son passage, et ce chant émanant des abysses de l’enfer pour nous obliger au repentir. Et avouer ses péchés sur fond de Death antique et glauque n’est pas le moindre des plaisirs, mieux : c’est un délice réservé aux initiés.
Quatuor (Nikos Konstas - guitare/chant, Apostolis Kyriazis - guitare, George Katsanos - basse et George Katsanos - batterie), PLAGUE est en quelque sorte la grosse surprise de cette année, sans jouer la surprise, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. A l’écoute de leurs morceaux, on pense à MORGOTH, DYING FETUS, MORBID ANGEL, et la production de l’album exhale d’un parfum floridien tout à fait délicieux. Sans défier les démons sur leur propre terrain ni se moquer des médecins légistes les plus Gore, les grecs taillent leur route dans une forêt de guitares inextricables, de changements de rythme classiques, et de lignes vocales sourdes et grondantes. Et avec une entame de la franchise putride de « Intersperse », autant dire qu’ils jouent l’honnêteté, et qu’ils nous cueillent à froid. Avec une intro courte et sobre, mais bien glauque d’un piano frappé lourdement, PLAGUE situe l’ambiance dans une vieille propriété abandonnée depuis des années, et impose la lourdeur comme porte d’entrée à passer à vos risques et périls. Le tempo écrasant, la basse roulante, tout semble indiquer un Death insistant et pesant, avant que la rythmique ne s’affole et que les riffs ne commencent à tournoyer comme des spectres au-dessus de vos têtes. La technique est probante, mais l’efficacité l’est encore plus. Le tout sent très mauvais, bouche les narines, affole les sens, et nous replonge dans cette époque de brutalité bénie qui avait désigné la Floride comme l’épicentre d’un séisme mondial. Proposant de nombreuses cassures et breaks, le Death des grecs est morbide, sourd, diffus, mais terriblement efficace, et n’admet aucun complexe au regard de son caractère éminemment passéiste. On joue dans le passé, on ignore le présent et l’avenir, mais on s’en moque, et on se permet même d’intégrer au tableau des soli très dignes, et proches d’un PESTILENCE des meilleures années.
Furieux mais intelligent, le groupe passe en revue le catalogue d’exposition des sévices traditionnels du style, et nous écrase de sa superbe morgue via l’impitoyable « Portal Into Reality », litanie caverneuse mais dense qui se replonge dans l’efficacité américaine mâtinée de froideur scandinave. Les prémices du genre nous éclaboussent le visage, et celui de ces musiciens se dessine avec plus d’acuité, situant son inspiration entre 1989 et 1992, dans un ballet outrancier qui ne supporte ni les pauses ni les concessions. Osmose tangible, méchanceté éclatante, le résultat est au-delà de toutes les espérances, et chaque titre est le prétexte à une succession d’idées toutes plus pertinentes les unes que les autres. Cédant parfois à la facilité d’un mid tempo rageur subtilement émaillé de détails plus techniques que la moyenne (« Pandemic », ballet d’outrance brillant mais démoniaque), le quatuor ose aussi les plus longues digressions qui peuvent toujours s’appuyer sur la créativité d’un batteur qui n’a pas oublié que pour cogner efficacement, il faut aussi déstabiliser et provoquer. La frappe de George Katsanos, franche quand il le faut, mais roublarde au bon moment permet aux guitares de continuer leur festival, qui prend des airs de démonstration sur l’implacable « Deranged Madness » qui illustre bien son titre. On reste fasciné par cette façon de détourner le classicisme pour épouser les ambitions, et celles de Portraits of Mind sont grandes. La seconde moitié de l’album les étale d’ailleurs au grand jour, avec des titres plus alambiqués et longs, toujours composés d’un nombre conséquent de plans qui se succèdent en toute logique, sans nuire à la dynamique globale. On pense aussi parfois à une forme très poussée de Death néerlandais, avec ASPHYX en tête de liste, transformé en machine infernale aux rouages très bien huilés. « Cave of Vectors » continue de fait le travail de sape et s’enfonce dans les traumas d’une humanité rongée par la gangrène de l’âme, mais c’est bien « Mind Control » qui illustre le mieux la philosophie des grecs.
En plus de sept minutes, cette conclusion morbide pave la voie d’un avenir brillant pour les PLAGUE qui risquent fort de contaminer la planète de leur gravité. Longue intro monolithique mais mélodique, entame lourde et moite, chant toujours légèrement sous-mixé pour impressionner, soli propres, la tuerie est massive, mais ses détails travaillés. Un premier album qui sans vraiment dénoter dans la production vintage actuelle en représente la quintessence, comme un vieux mauvais souvenir remontant à la surface.
Titres de l’album :
01. Intersperse
02. Portal Into Reality
03. Pandemic
04. Deranged Madness
05. Cave of Vectors
06. Shattering The Illusion
07. Mind Control
Excellente découverte, d'un mid-tempo lourd qui fait penser aux vieux Death, à Morgoth, à Massacre et à toute la vieille Floride en général et à toutes références de Death Metal un peu lent mais inexorable. Un début de ce niveau fait augurer un futur canon du genre, un peu décalé mais compatible avec la vague de tendance plus Suédoise actuellement en vogue.
La Grèce était connue d'abord pour sa scène Black avec Rotting Christ, Necromantia, Naer Mataron et j'en oublie... mais un style de Death original existait depuis les années 90 avec Nightfall et surtout Septic Flesh (lancés par le label Français Holy Records). Et plus récemment Dead Congregation et Mass Infection, ou encore Suicidal Angels en matière de Thrash, ont rappelé que ce petit pays méditerranéen peut en remontrer à ceux du nord de l'Europe.
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20