J’ai toujours aimé l’humour allemand. Les saucisses au petit déjeuner, le schnaps avec le doliprane, l’opération Barbarossa, KRAFTWERK et son Funk torride, Helmut KOHL, HEINO et sa maman, j’en passe et des plus Louis de Funès. Mais le duo MANTAR a poussé le bouchon de l’hilarité encore plus loin. Ils ont en effet décidé de sortir leur nouvel album intitulé Post Apocalyptic Depression…le jour de la Saint-Valentin. Drôle. Très drôle. En plus, l’apocalypse n’est pas encore arrivée, alors, soyez patients messieurs et pensez aux amoureux. Vous croyez vraiment qu’ils vont danser sur votre Metal sombre et vénéneux ? Vous n’êtes pas sérieux…si ?
Ce qui l’est au contraire, c’est la carrière menée de front par Hanno Klänhardt (guitare/chant) et Erinc Sakarya (batterie). Douze ans de bons et loyaux service pour six longue-durée d’importance indéniable. Les bonhommes sont prolifiques, et reviennent plus ou moins tous les deux ans, en faisant à chaque fois évoluer leur style. A tel point qu’on s’y perd, et qu’on laisse tomber les catégorisations. Parce que bon, Sludge, Black Sludge, Blackened Sludge, Sludge Metal, Blackened Heavy Metal, au bout d’un moment on s‘y perd et mes chroniques ne sont pas des résumés de catalogue de VPC.
2025 sera donc l’année MANTAR, avec ces douze nouveaux morceaux que Metal Blade gardera jalousement jusqu’à la date fatidique. Celle de la Saint-Valentin donc. Alors oubliez le resto, oubliez les roses achetées à un demi-clodo, restez bien au chaud, et passez ce disque sur votre stéréo. Si votre compagne a un minimum d’éducation musicale, elle appréciera plus qu’un gaspacho dans un bouiboui bobo. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, laissons la parole aux principaux intéressés, pour savoir comment ils envisagent cette nouvelle étape, et quel sens lui donnent-ils.
Post Apocalyptic Depression est le sentiment qu’on éprouve après une hystérie collective. Le sentiment que vous éprouvez une fois que vous avez investi toute votre énergie dans une hypnose de masse et que vous réalisez soudainement qu’il n’y aura pas de salut. Ça fait également référence à un sentiment humain unidimensionnel et fondamental que nous connaissons tous. Être carbonisé après une période très fastidieuse et épuisante. La dépression post-apocalyptique peut aussi être considérée comme une idée que les gens refusent d’accepter. En plus, c’est un nom super accrocheur et cool pour un album qui sonne exactement comme ces mots.
Un peu abstrait certes comme description, mais qui colle quand même parfaitement aux contours d’un album qui une fois encore refuse la facilité. En confrontant le Metal agressif des années 90 à l’extrême le plus rêche, MANTAR joue sur l’ambivalence d’une brutalité séduisante, mise en lumière par l’utilisation de riffs traditionnels et toujours emprunts de Sludge du sud des Etats-Unis. Comme si DOWN ou ACID BATH se tapaient un voyage à Berlin pour swinguer sur les chefs d’œuvres locaux. ACCEPT vs CORROSION OF CONFORMITY. CROWBAR avec RUNNING WILD. Ou plus simple.
MANTAR.
Le groove est là, et se dandine comme un pervers face à une école primaire. La patte allemande dans la rigueur rythmique assure une assise inamovible, et le chant délicatement râpeux sublime cette guitare qui pompe allègrement le gasoil pour incendier la piste. Lorsqu’on se rend compte qu’on peut groover sur un disque aussi malmené, c’est qu’il a réussi son pari : sonner aussi accrocheur que boudeur. Et les titres s’enfilent comme des statues grecques esseulées dans leur musée, passant d‘un mid tempo à un autre en prenant toujours soin de rester sous la barre Pop des trois minutes et trente secondes. Enfin, la plupart du temps.
Il y a du dédain là-dedans, comme si Josh Homme se découvrait une passion pour le Glam des années 70. Il y a de la passion aussi, pour retranscrire le Black n’Roll de DARKTHRONE dans un idiome plus populaire et accessible. Les loustics ont même laissé le feedback tel quel. Ce sont des esthètes, et les éléments noisy ne leur font pas peur.
On pourrait même traiter le truc comme un vinyle Indie nostalgique d’une ère trépassée durant laquelle l’électronique mettait en relief les thématiques horrifiques. Un peu de WHITE ZOMBIE mais sans les samples et les machines, pour un réservoir de tubes inépuisables. Un peu MANSON dans la démarche, mais beaucoup de singularité dans la marche, MANTAR a l’air goguenard des truands de grande lignée, et nous soigne aux petits oignons cet énième résumé. D’un talent sans faille qui parvient toujours à trouver l’astuce fluide et syncopée qui permettra d’accrocher les tympans des moins décidés.
Je refuse absolument de mettre un morceau en avant. Ils ont tous ce parfum garage un peu Punk sur les bords, mais la base elle, reste Rock n’Black, et pas l’inverse. De temps à autres, le duo se permet quelques ambitions, et nous sort un « Halsgericht » typique de l’énergie allemande mise au service d’un Hard-Rock tirant sur le Heavy Metal. Tempo accéléré, chant englué dans un écho et une réverb’ persistants, multiplicité des thèmes et regard torve sur le côté. Pas dupes, mais pas p*tes non plus.
Et que le temps passe vite en compagnie de Hanno et Erinc. On en vient même à pardonner ce bob grotesque et cette ceinture que même Bowie aurait foutue à la poubelle. Qu’importe le look du moment que ça sente le bouc, et « Pit of Guilt » assume sans arrière-pensée une volonté de faire bouger et de se déguiser en croque-mort pour rigoler.
« Rex Perverso » est un hit. « Dogma Down » est un tube. Le son est énorme. Quoi de plus ?
Nous voulions TOUT faire pour nous éloigner du dernier album. Le dernier album a été très produit. Un disque au son énorme, avec une production clean. Un jeu de pouvoir. C’est ce que nous voulions et ce que nous ressentions à l’époque. Maintenant, nous essayons de détruire ce que nous avons construit avec cet album. Il y a une certaine beauté à ne pas répondre aux attentes des gens.
C’est gagné les gars. Mais vous savez quoi ? Les gens vous aimeront quand même, comme on aime ce p*tain d’humour allemand.
Titres de l’album:
01. Absolute Ghost
02. Rex Perverso
03. Principle of Command
04. Dogma Down
05. Morbid Vocation
06. Halsgericht
07. Pit of Guilt
08. Church of Suck
09. Two Choices of Eternity
10. Face of Torture
11. Axe Death Scenario
12. Cosmic Abortion
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11