Post Apocalyptic Depression

Mantar

14/02/2025

Metal Blade

J’ai toujours aimé l’humour allemand. Les saucisses au petit déjeuner, le schnaps avec le doliprane, l’opération Barbarossa, KRAFTWERK et son Funk torride, Helmut KOHL, HEINO et sa maman, j’en passe et des plus Louis de Funès. Mais le duo MANTAR a poussé le bouchon de l’hilarité encore plus loin. Ils ont en effet décidé de sortir leur nouvel album intitulé Post Apocalyptic Depression…le jour de la Saint-Valentin. Drôle. Très drôle. En plus, l’apocalypse n’est pas encore arrivée, alors, soyez patients messieurs et pensez aux amoureux. Vous croyez vraiment qu’ils vont danser sur votre Metal sombre et vénéneux ? Vous n’êtes pas sérieux…si ?

Ce qui l’est au contraire, c’est la carrière menée de front par Hanno Klänhardt (guitare/chant) et Erinc Sakarya (batterie). Douze ans de bons et loyaux service pour six longue-durée d’importance indéniable. Les bonhommes sont prolifiques, et reviennent plus ou moins tous les deux ans, en faisant à chaque fois évoluer leur style. A tel point qu’on s’y perd, et qu’on laisse tomber les catégorisations. Parce que bon, Sludge, Black Sludge, Blackened Sludge, Sludge Metal, Blackened Heavy Metal, au bout d’un moment on s‘y perd et mes chroniques ne sont pas des résumés de catalogue de VPC.

2025 sera donc l’année MANTAR, avec ces douze nouveaux morceaux que Metal Blade gardera jalousement jusqu’à la date fatidique. Celle de la Saint-Valentin donc. Alors oubliez le resto, oubliez les roses achetées à un demi-clodo, restez bien au chaud, et passez ce disque sur votre stéréo. Si votre compagne a un minimum d’éducation musicale, elle appréciera plus qu’un gaspacho dans un bouiboui bobo. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, laissons la parole aux principaux intéressés, pour savoir comment ils envisagent cette nouvelle étape, et quel sens lui donnent-ils.

Post Apocalyptic Depression  est le sentiment qu’on éprouve après une hystérie collective. Le sentiment que vous éprouvez une fois que vous avez investi toute votre énergie dans une hypnose de masse et que vous réalisez soudainement qu’il n’y aura pas de salut. Ça fait également référence à un sentiment humain unidimensionnel et fondamental que nous connaissons tous. Être carbonisé après une période très fastidieuse et épuisante. La dépression post-apocalyptique peut aussi être considérée comme une idée que les gens refusent d’accepter. En plus, c’est un nom super accrocheur et cool pour un album qui sonne exactement comme ces mots.

Un peu abstrait certes comme description, mais qui colle quand même parfaitement aux contours d’un album qui une fois encore refuse la facilité. En confrontant le Metal agressif des années 90 à l’extrême le plus rêche, MANTAR joue sur l’ambivalence d’une brutalité séduisante, mise en lumière par l’utilisation de riffs traditionnels et toujours emprunts de Sludge du sud des Etats-Unis. Comme si DOWN ou ACID BATH se tapaient un voyage à Berlin pour swinguer sur les chefs d’œuvres locaux. ACCEPT vs CORROSION OF CONFORMITY. CROWBAR avec RUNNING WILD. Ou plus simple.

MANTAR.

 

Le groove est là, et se dandine comme un pervers face à une école primaire. La patte allemande dans la rigueur rythmique assure une assise inamovible, et le chant délicatement râpeux sublime cette guitare qui pompe allègrement le gasoil pour incendier la piste. Lorsqu’on se rend compte qu’on peut groover sur un disque aussi malmené, c’est qu’il a réussi son pari : sonner aussi accrocheur que boudeur. Et les titres s’enfilent comme des statues grecques esseulées dans leur musée, passant d‘un mid tempo à un autre en prenant toujours soin de rester sous la barre Pop des trois minutes et trente secondes. Enfin, la plupart du temps.

Il y a du dédain là-dedans, comme si Josh Homme se découvrait une passion pour le Glam des années 70. Il y a de la passion aussi, pour retranscrire le Black n’Roll de DARKTHRONE dans un idiome plus populaire et accessible. Les loustics ont même laissé le feedback tel quel. Ce sont des esthètes, et les éléments noisy ne leur font pas peur.

On pourrait même traiter le truc comme un vinyle Indie nostalgique d’une ère trépassée durant laquelle l’électronique mettait en relief les thématiques horrifiques. Un peu de WHITE ZOMBIE mais sans les samples et les machines, pour un réservoir de tubes inépuisables. Un peu MANSON dans la démarche, mais beaucoup de singularité dans la marche, MANTAR a l’air goguenard des truands de grande lignée, et nous soigne aux petits oignons cet énième résumé. D’un talent sans faille qui parvient toujours à trouver l’astuce fluide et syncopée qui permettra d’accrocher les tympans des moins décidés.

Je refuse absolument de mettre un morceau en avant. Ils ont tous ce parfum garage un peu Punk sur les bords, mais la base elle, reste Rock n’Black, et pas l’inverse. De temps à autres, le duo se permet quelques ambitions, et nous sort un « Halsgericht » typique de l’énergie allemande mise au service d’un Hard-Rock tirant sur le Heavy Metal. Tempo accéléré, chant englué dans un écho et une réverb’ persistants, multiplicité des thèmes et regard torve sur le côté. Pas dupes, mais pas p*tes non plus.

Et que le temps passe vite en compagnie de Hanno et Erinc. On en vient même à pardonner ce bob grotesque et cette ceinture que même Bowie aurait foutue à la poubelle. Qu’importe le look du moment que ça sente le bouc, et « Pit of Guilt » assume sans arrière-pensée une volonté de faire bouger et de se déguiser en croque-mort pour rigoler.

« Rex Perverso » est un hit. « Dogma Down » est un tube. Le son est énorme. Quoi de plus ?

Nous voulions TOUT faire pour nous éloigner du dernier album. Le dernier album a été très produit. Un disque au son énorme, avec une production clean. Un jeu de pouvoir. C’est ce que nous voulions et ce que nous ressentions à l’époque. Maintenant, nous essayons de détruire ce que nous avons construit avec cet album. Il y a une certaine beauté à ne pas répondre aux attentes des gens.  

C’est gagné les gars. Mais vous savez quoi ? Les gens vous aimeront quand même, comme on aime ce p*tain d’humour allemand.       

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Absolute Ghost

02. Rex Perverso

03. Principle of Command

04. Dogma Down

05. Morbid Vocation

06. Halsgericht

07. Pit of Guilt

08. Church of Suck

09. Two Choices of Eternity

10. Face of Torture

11. Axe Death Scenario

12. Cosmic Abortion


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par mortne2001 le 14/02/2025 à 17:40
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