On ne va pas se le cacher. Si vous étiez déjà fan de Hard Rock dans les années 80, vous aviez trois fantasmes féminins. Le premier, la belle et germaine Dorothée Pesch, égérie du Heavy à l’Allemande, blonde comme une gretchen de film des années 60. La seconde, la multicolore mais plutôt blonde aussi Lita Ford, ex-RUNAWAYS, que les photos promo de la période Lita mettaient parfaitement en valeur. Et la troisième évidemment, et la moins avare de poses et moues sexy, la canadienne Lee AARON, sortie de nulle part, mais ayant conquis notre cœur de midinette avec ses trois premiers albums, empreints d’un Hard Rock assez formel, mais pas désagréable à entendre. Je crois que mon plus vieux souvenir de Lee est cette double page pleine de classe parue dans Hard Rock magazine, qui ne laissait planer aucun mystère sur les détails de l’anatomie intime de la belle. Pensant sans doute qu’avec son passif de modèle léger, la belle n’allait voir aucun inconvénient à voir son entrejambes en close-up, le magazine avait payé cher son inélégance, et s’était attiré les foudres de la musicienne qui n’appréciait pas plus que ça qu’on la considère comme un objet sexuel. Je condamne évidemment ce genre de procédé (d’autant plus que la photo était d’une vulgarité sans nom), mais je comprends plus ou moins le fond de la pensée. En étant honnête, AARON en tant que chanteuse et malgré une voix puissante ne tenait pas la comparaison avec les deux autres artistes précitées, et son Metal générique laissait à penser qu’elle n’avait construit sa carrière que sur son physique. Et l’histoire d’amour qui lie le Metal à Lee a toujours été chaotique, et constellé d’épisodes d’adultère, la canadienne s’éloignant souvent de la puissance pour tenter des choses plus Pop, voire Jazz. Mais depuis quelques années, quatre ou cinq, elle a décidé de revenir à ses premiers amours et de se rapprocher d’un Rock dur, à la plus grande joie de ses fans les plus virils. J’ai d’ailleurs chroniqué lors de sa sortie l’excellent Fire and Gasoline, qui montrait le visage souriant d’une musicienne enfin heureuse de renouer avec la puissance et la distorsion. Séduit par ce comeback inopiné, j’en avais dit le plus grand bien après avoir tapé du pied sur l’accrocheur « Tom Boy » et son clip rigolo, et c’est donc avec curiosité que je me suis penché sur ce Power, Soul, Rock N' Roll – Live in Germany, bien que les albums en concert les plus récents ne soient pas ma tasse de thé.
Il faut dire qu’en ayant fait mon éducation live avec des LP historiques de la trempe du mortel Live at The Star Club de Jerry Lee LEWIS, Live Bullet de Bob SEGER, Made in Japan, Live After Death, et autres Decade of Agression, je ne suis que peu enclin à supporter des divagations approximatives, ou des performances erratiques et anecdotiques. Et comme je n’ai jamais été assez amoureux de la canadienne pour m’enfiler toute sa discographie ou vénérer la moindre de ses sorties, je restais plutôt dubitatif sur le côté crucial de ce LP. Certes, c’est le premier du genre dans sa carrière, et il couvre évidemment une période assez étendue, mais n’ayant pas posé mes oreilles sur Metal Queen, Call of the Wild ou Lee Aaron depuis des lustres, je n’éprouvais pas forcément le besoin d’y revenir dans des conditions de concert. Mais Metalville, label allemand, a usé d’assez d’arguments convaincants pour me forcer la main, et autant jouer la franchise, je n’ai pas forcément été déçu de l’expérience. La maison de disque et l’artiste n’ont d’ailleurs pas lésiné sur les points de détail susceptibles de nous persuader de l’intérêt de la chose. « Garanti sans overdub, sans retouches, et suintant d’une sueur Rock N’Roll pure et sincère », Power, Soul, Rock N' Roll fait tout ce qu’il peut pour honorer son nom de baptême, et nous présente une chanteuse au sommet de son art, à l’aise dans tous les registres, qu’ils soient Pop, Rock, Metal, Jazzy, Blues…Très en voix, la belle Lee en donne pour son argent au public d’outre-Rhin, évite évidemment les allusions à la partie la plus discutable et soft de sa discographie, se concentrant sur ses efforts les plus musclés histoire de ne pas trop détonner. On retrouve donc sur ce disque quelques classiques de l’histoire de Lee, dont l’immanquable hymne « Metal Queen », le plus abordable « Barely Holdin' On », qui en concert et sublimé par un backing band digne de ce nom atteint quelques sommets d’émotion tout en évitant la mièvrerie, « Some Girls Do », et son boogie bien pilonné à la AEROSMITH, le plus dansant et chaloupé « Whatcha Do to My Body », soit la plus parfaite synthèse d’un parcours qui n’a pas toujours tenu ses promesses, mais qui a eu le mérite de prôner l’éclectisme, et de rester en adéquation avec les passions de la belle. Lee ne s’est donc jamais trahie, a essayé des choses différentes, mais a fini par revenir au Rock, son essence même, et Power, Soul, Rock N' Roll le prouve en un peu plus d’une heure, capté sur deux dates différentes. La première, à Nuremberg, dans l’intimité d’une salle, et la seconde, au Bang Your Head festival de Balingen, devant 20.000 fans déchaînés de voir leur queen ouvrir les festivités en 2017. Et comme pour mieux affirmer son allégeance et sa fidélité à un public Rock qui ne souhaite que la voir hurler, feuler, et surtout, revenir dans le giron d’un Hard Rock qu’elle n’aurait jamais dû quitter, la canadienne commence le set par une surprenante reprise du « Mistreated » de DEEP PURPLE. Certes, nous n’atteignons pas la quintessence des versions les plus poignantes de ce morceau au Blues dégoulinant, mais le fait d’avoir placé son live sous des auspices aussi puristes en dit long sur la volonté de reconquête de la musicienne.
Accompagnée sur scène par un trio de vieux briscards aguerris, soit Sean Kelly à la guitare, Dave Reimer à la basse, et John Cody à la batterie (Nelly Furtado, Bryan Adams, BTO, pour n’en citer qu’une poignée), Lee AARON se sent terriblement à l’aise, et peu lâcher ses morceaux avec confiance, profitant des soli toujours impeccables de Kelly (celui sur « Mistreated » n’est pas sans rappeler John Sykes), et d’une rythmique polyvalente qui s’adapte à chaque genre. Nous avons donc droit très tôt à l’hymne teen n’jumpy « Tom Boy » et son droit à la différence, qui finalement, gagne facilement sa place au panthéon des morceaux les plus réussis de la canadienne. D’ailleurs, son enchaînement à « Rock Candy » est tout à fait logique, et on se rend compte que le virage Rock opéré il y a quelques années est tout à fait crédible et même largement plus intéressant que ce que la musicienne a pu sortir dans les années 80. Durant cette tournée promotionnelle de 2017, on sent le groupe affûté, prêt à en découdre, et les morceaux ont tous cette aura qui les sauvent d’une interprétation stérile et consensuelle. Bon son, équipe qui y croit, chanteuse qui donne tout ce qu’elle a, Power, Soul, Rock N' Roll est donc un joli cadeau à l’adresse du public allemand, l’un des plus fidèles au Hard Rock classique d’antan. Précisons que le CD s’accompagne d’un superbe DVD live au Bang Your Head festival, qui mérite le détour, et en définitive, cette nouvelle sortie et ce premier témoignage en concert de Lee AARON est bien plus qu’une simple anecdote. C’est l’assurance de se replonger dans son adolescence, et d’en sortir toujours adulte, moins obnubilé par les jolis posters, et avec plus de recul sur la qualité de la musique. Et celle de Power, Soul, Rock N' Roll est plutôt fameuse.
Titres de l’album :
1. Mistreated
2. Tomboy
3. Rock Candy
4. Metal Queen
5. Fire And Gasoline
6. Powerline
7. I'm A Woman
8. Some Girls Do
9. Sex With Love
10. Barely Holdin' On
11. Whatcha Do to My Body
12. Diamond Baby
13. Hot To Be Rocked
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