Voilà une affaire plutôt intéressante. Le Thrash n’étant pas à la base un genre propice à la formation de supergroupes, à quelques exceptions près dont GRIP INC ou VOODOOCULT, il est toujours intéressant de noter que quelques musiciens au passé glorieux se rencontrent parfois pour hurler fleurette sur fond d’hommage à la Bay-Area. Nous avions plus l’habitude de groupes déjà majeurs accueillant pour l’occasion des instrumentistes fameux (SLAYER et Gary Holt, EXODUS et Lee Altus, SUICIDAL TENDENCIES ou TESTAMENT et Dave Lombardo, etc…), que de nouveaux concepts basés sur l’osmose entre des cadors du genre. Certes, l’entame de carrière de WRECK-DEFY se fit sous des auspices plus modestes, et le premier LP du groupe, paru en 2017 (Fragments of Anger), fut déposé sur le marché avec beaucoup d’humilité, à tel point que seule une poignée de fans le remarquèrent. Mais en 2019, lorsque Remnants of Pain fut lâché, l’affaire était déjà plus sérieuse, et le casting impressionnant. Pour ceux n’ayant pas suivi l’affaire, ce combo canadien/international comprend dans ses rangs outre le guitariste fondateur Matt Hanchuck, compositeur en chef, Aaron Randall au chant, ex-hurleur pour Jeff Waters dans ANNIHILATOR, Greg Christian à la basse, membre de HAND OF FIRE, TRAUMA, TRINITY FALLEN, ou VICIOUS RUMORS en live mais surtout ancien TESTAMENT, et le batteur Alex Marquez, dont le CV comprend des passages au sein de CREATE A KILL, EXCESSIVE BLEEDING, PESSIMIST, SOLSTICE, RIGHTEOUS PIGS (LIVE), MURDER SUICIDE, WRECKAGE, CEPHALIC CARNAGE, DEMOLITION HAMMER, DETHRONED, HELLWITCH, HYPGNOSTIC, MALEVOLENT CREATION, RESURRECTION, THE MORTUARY SOCIETY, THRASH OR DIE, SARGON, BRUTALITY, ANTAGONIZED, et DIVINE EMPIRE.
Sacré pedigree dont pour ces quatre instrumentistes à l’expérience conséquente, mais on le sait, les parcours individuels notables ne font pas les associations les plus redoutables, et il convient toujours de juger de la pertinence de ces all-star casts avec circonspection et esprit critique affuté. Mais avec deux LPs déjà parus, il n’était pas difficile d’anticiper la qualité de ce troisième né, qui négocie le virage le plus crucial d’une carrière. Sans changer grand-chose à leur approche, les quatre pistoléros nous proposent donc l’un des albums brutaux les plus ambitieux de cette année 2020, toujours en convergence des styles, à cheval entre Thrash furieux, Speed teigneux et Power Metal hargneux, misant sur la dextérité de ses membres et sur les capacités de composition de son leader pour éviter les fautes de goût et les lieux communs. En substance, et pour les néophytes, WRECK-DEFY ne se pose pas vraiment en somme de ses parties, et évoque plus volontiers un mélange entre HEATHEN, SCANNER, GRIP INC, ANNIHILATOR et EXODUS. Avec une attitude violente mais volontiers mélodique, le quatuor aborde le genre Thrash avec beaucoup d’intelligence, traduisant parfois le langage DESTRUCTION moderne dans un idiome plus fluide et emphatique (« Skin »). Et pour faire simple et banaliser à outrance le tout, Powers That Be incarne peu ou prou - et avec un peu d’imagination - l’album qu’on attendait d’HEATHEN en lieu et place de leur quatrième livraison tiède comme une soupe mal réchauffée. Bien sûr, WRECK-DEFY n’est pas HEATHEN, mais évoque sa philosophie avec beaucoup d’acuité, se basant sur des riffs traditionnels de la Bay-Area pour broder Heavy Metal par-dessus. A l’image de DESPAIR ou GRIP INC, on remarque immédiatement le talent du meneur de troupes Matt Hanchuck, qui non seulement riffe comme un damné, mais qui soloïse avec beaucoup de flair, décochant des interventions personnelles relançant les morceaux en toute occasion.
La basse de Greg Christian, toujours aussi ronde qu’à l’époque de Practice What You Preach cimente le lien avec la batterie incroyable de Marquez qui n’a pas laissé sa science de la frappe efficiente au placard, et la voix versatile de Randall permet au groupe de passer d’une ambiance à l’autre sans paraître décousu ou incongru. Dans un registre à la Chuck Billy/Gus Chambers, Aaron est capable de hurler, de varier mélodique, et les morceaux, dynamisés par le savoir-faire de ces quatre musiciens nous offrent un festival d’énergie qui à de faux-airs de feu d’artifices fatal. Et un segment aussi radical et flamboyant que « Drowning In Darkness » suffit à valider l’existence de ce troisième album, avec son atmosphère à la TOURNIQUET et ses fréquentes cassures harmoniques qui relancent l’écoute, sans tomber dans les travers du Heavy Thrash trop mièvre. Mais après avoir encaissé le gros choc de « Powers That Be », qui avec ses sept minutes bien tassées nous entraine sur la piste d’un Thrash évolutif de très haute qualité, on comprend que les WRECK-DEFY ne sont pas là pour jouer les doublures, mais bien nous offrir un survol du genre depuis ses origines, repris avec une recette plus moderne, mais respectueuse des traditions anciennes.
La production, certes un peu tape à l’œil et typique de son époque n’empêche pas les parties individuelles d’être bien discernables et le tout d’être suffisamment aéré. Pour certains, le timing sera un peu long, puisque quelques plans se retrouvent répercutés d’un morceau à l‘autre, et quelques idées sembleront un peu faciles, notamment dans l’exécution des mid-tempi. Mais les quatre mercenaires ont suffisamment de ressources pour faire passer les facilités pour des récréations efficaces, et une fois encore, l’association divine HEATHEN/GRIP INC fonctionne à plein régime sur un morceau aussi solide que « Scumlord », suintant de hargne et dégoulinant de sifflantes. Solide de bout en bout, assez futé pour varier les atmosphères en jouant avec la vitesse, Powers That Be reste une démonstration de force qui prouve que l’addition de quatre talents donne un résultat plus grand que la somme de ses parties, et l’osmose entre les musiciens - pourtant habitués à proposer leurs services au plus offrant - est vraiment papable, même si la fin d’album marque un peu le pas. Mais même dans cette seconde partie, WRECK-DEFY parvient encore à se distinguer, en déviant la mélodie pour lui faire épouser les contours d’un carnage Thrash en bonne et due forme (« Goodbye To Misery »), avant de nous achever d’un épilogue évolutif symptomatique d’une crise de démence d’EXODUS (« I Am The Wolf »). Beau travail donc, et un album extrêmement solide qui témoigne de la validité de ce projet, qui de supergroupe sur papier eu égard au parcours de ses membres, devient supergroupe effectif dans le rendu.
Titres de l’album:
01. Beyond H8
02. Powers That Be
03. Skin
04. Drowning In Darkness
05. Space Urchin
06. Scumlord
07. Freedomless Speech
08. Goodbye To Misery
09. I Am The Wolf
10. On The Other Side
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