Si vous n’avez pas la mémoire courte, vous devez sans doute vous rappeler le dithyrambe que j’avais composé en honneur à cette chanteuse/rockeuse incroyable qu’est CHEZ KANE, lorsque j’avais découvert son premier album éponyme en mars 2021. J’avais cru y voir un renouveau pour le Hard-Rock mélodique européen, loin des facilités US du cru, avec ce petit supplément d’âme d’amplis poussés plus loin que la concurrence, le tout sous couvert d’une voix extraordinaire, et d’un flair imparable au moment de choisir les compositions. L’album avait même terminé sa course dans mon Top de fin d’année, et autant dire que j’attendais la suite des évènements avec une impatience non feinte. Et comme tonton Serafino m’aime bien, il me l’a livrée sur un coussin de velours.
Un an et demi plus tard, la chanteuse anglaise n’a pas changé son fusil d’épaule, et n’a pas sacrifié la fraicheur à l’assurance d’un répertoire mature. Soutenue par Danny Rexon, chargé non seulement de l’instrumentation mais aussi de la production, de l’enregistrement et du mixage, CHEZ KANE enfonce un peu plus le clou avec ce Powerzone, zone de puissance sans turbulences dans l’espace d’un Melodic Rock hargneux mais séduisant. Et dès « I Just Want You », aveu indirect à son public, CHEZ KANE bat le rappel de ses troupes, et achève de convaincre ceux qui avaient vu en elle une interprète hors pair et une musicienne sincère.
Si Powerzone ne peut plus jouer l’effet de surprise en tant que second album, il lui incombait de transformer l’essai qui n’aurait pu être qu’un coup de chance. Et entre Suzi QUATRO, VIXEN, mais aussi les ROCK GODDESS et la scène Metal italienne, CHEZ KANE démontre que son panel d’influences est élargi, passant sans transition d’un Hard-Rock teigneux à une roucoulade romantique sur fond de chœurs énamourés.
Mais n’ayez pas le moindre doute quant à ses ambitions : la chanteuse souhaite qu’on retienne sa personnalité Rock. Elle affiche ses intentions sur la pochette de ce second long, et autant la prendre au sérieux, puisqu’elle est capable de transcender un Hard-Rock formel de ses seules intonations. Evidemment, elle n’est pas seule responsable du succès artistique de ce nouveau chapitre de sa carrière. En arrière-plan, Danny Rexon sort l’artillerie lourde, les riffs velus mais mixés pile là où il faut, les arrangements de voix en cascade de chœurs, pour donner à cet album des allures de fête du Hard mélodique noble et passionné.
J’en prends pour témoin ce lumineux « Rock You Up », aussi harmonieux qu’hargneux, et si les claviers se taillent encore un chemin entre les riffs, ils ont la politesse de rester discrets et de se contenter d’un appoint plus souple. Mais lorsque le tempo démarre sur les chapeaux de roue et que la vocaliste se sort les tripes, le Hard devient fumant et pétaradant, comme le prouve sans ambages « Love Gone Wild », compromis trouvé entre la puissance d’un SKID ROW et la fluidité d’un WIG WAM.
Frontiers se montre plus qu’enthousiaste quant au destin de cet album charmeur, convaincant et plein de vigueur. Le label italien n’hésite pas à affirmer qu’il sera incontestablement l’album de Rock mélodique de 2022, ce qui en dit long sur la confiance placée en la chanteuse. Chanteuse qui ose parfois affronter un saxo, défier une rythmique pourtant sauvage, ou au contraire, se montrer plus sensible sur les intermèdes presque Pop, à la manière d’une Lita FORD sur le tendre « Children Of Tomorrow Gone ».
En reprenant la formule développée sur Chez Kane l’année dernière, Powerzone joue évidemment la sécurité, mais se met aussi en danger lorsque les BPM s’affolent sur le survolté « Powerzone », que Doro PESCH aurait pu interpréter en duo avec Pat « The Queen » BENATAR. Comme vous le constatez, la variété a encore une fois été de mise sur cette suite au succès annoncé, et même les mid-tempi les plus formels restent accrocheurs entre les mains de cette équipe de ligue A (« I’m Ready (For Your Love) ».
Evidemment, je ne chercherai à pas à vous vendre un produit sous de faux prétextes, et Powerzone rentre peut-être un peu dans le rang. Le traditionalisme affiché est de circonstance au vu du créneau occupé, certains automatismes débouchent sur des titres euphoriques mais prévisibles (« Nationwide »), mais dans sa globalité, Powerzone envoute autant que son grand-frère né l’année dernière. Une fois encore, la voix de CHEZ fait des miracles, comme galvanisée par un écrin mérité, et lorsque la fin d’album se rapproche, on se prend à vouloir prolonger le rêve en compagnie d’une des musiciennes les plus douées de sa génération.
D’ailleurs, le long final épique de « Guilty Of Love » est là pour offrir LE point final que cet album nécessitait. Avec plus de huit minutes d’un TOTO revu et corrigé Hard-Rock, des soli enchanteurs et une tendresse de surface, cet épilogue est la conclusion rêvée à un album pensé et réalisé dans le seul but de satisfaire les fans d’un Rock mélodique tirant souvent sur un Hard-Rock échevelé, tout en trempant sa plume délicate dans l’encre d’un AOR puissant.
CHEZ KANE transforme donc l’essai, et nous offre avec Powerzone l’album qu’on attendait d’elle. En se rapprochant d’une optique fondamentalement eighties la chanteuse sonne peut-être un poil plus conformiste, mais toujours aussi douée et sincère. L’album de Rock mélodique de cette année 2022 ?
Attendons le top de fin d’année pour le savoir.
Titres de l’album :
01. I Just Want You
02. (The Things We Do) When We’re Young In Love
03. Rock You Up
04. Love Gone Wild
05. Children Of Tomorrow Gone
06. Powerzone
07. I’m Ready (For Your Love)
08. Nationwide
09. Streets Of Gold
10. Guilty Of Love
Hâte de découvrir ça. Le premier manquait un peu de personnalité mais était très fun.
Toujours content de pouvoir lire quelques chroniques d'AOR par ici (et merci pour la découverte Nestor au passage !).
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