Voici un exemple parfait de truc déniché dans les abysses du Net, obscur produit d’une détermination individuelle, loin de prétendre à une quelconque perfection, assez troublant dans son approche uniforme, et qui dégage pourtant un joli parfum d’incongruité métallique. Assertion certes un peu péremptoire eut égard à l’implication des musiciens en présence, et pourtant, dans les faits ce second LP des américains d’INFINITY FACTOR est pour le moins troublant d’amateurisme boosté d’une énergie professionnelle. Presque un cas d’école dans sa volonté d’échapper à toutes les étiquettes, autres que celles que les sites généralistes lui collent (Heavy Metal, Power Metal, vague et pratique), cette musique étrange, évoluant en lisière du proto-Metal des années 2000 et de la tradition en vogue dans les nineties, choque, titille l’imagination, ne bride pas la lucidité qui voit en elle une tentative maladroite de proposer autre chose, et finit par laisser plus de question en suspens que de réponses fermes sur la table des négociations. Visiblement formé en 2017/2018, sous l’impulsion de Brian Waymire le poly-instrumentiste (chant, guitare, programmation, basse et production), INFINITY FACTOR ressemble en tout point à une tentative solo dans son coin de défier les cadors du Metal moderne, et une envie de mélanger des influences pour aboutir à un résultat hétéroclite et inclassable. Ayant parfois des airs de LINKIN PARK perdu dans un univers cyber à la STRAPPING YOUNG LAD, ce Metal iconoclaste et mélodique autant qu’il n’est bricolé et surpuissant n’est pas de ceux qu’on labellise facilement, et semble montrer des signes d’essoufflement dans la créativité assez rapidement. Ce qui ne l’empêche guère de faire preuve de culot, en imposant des breaks incongrus et des reprises assez précises, sans véritablement passer pour une œuvre indispensable et encore moins référentielle.
On sent en quelque sorte un genre de survol des tendances du Metal moderne à chaque arrangement, et si le son global encore un peu tendre et fouillis ne permet pas d’apprécier toutes les nuances, certains passages à plusieurs couches de voix et terriblement Power sont parfaitement délicieux, avec cette petite touche futuriste qui rappelle les FEAR FACTORY mais aussi un Devin Townsend en plein apprentissage du studio (« Phoenix »). Ce qui gêne et empêche encore d’être un peu trop optimiste envers ce projet est cette uniformisation du son et des fréquences un peu trop compressées qui rendent le tout un peu trop linéaire et bordélique pour que l’on puisse séparer le grain de l’ivraie (« Maelstrom », qui mérite bien son nom et qui colle les pistes les unes sur les autres pour créer une exagération pas vraiment probante), mais avec un peu de discipline et d’ouverture d’esprit, tous les espoirs sont possibles, et il pourra émaner de ces morceaux un parfum presque Indus dans le formalisme, comme si Richard Patrick laissait son FILTER flirter avec les NEVERMORE. Les riffs sont touffus, un peu trop d’ailleurs, les séquences en son clair pâtissent d’une production encore trop tendre (même si la programmation niveau rythmique fait ce qu’elle peut pour ne pas sonner comme telle), mais on perçoit une imagination qui pourrait emmener le groupe loin de sa fragilité de surface (« Sleeping Knights », joli intermède en acoustique qui témoigne d’une technique assez intrigante), imagination encore un peu trop bridée par des moyens limités.
Mais ce mélange de Néo-Metal des nineties et de Cyber Metal de la même époque traité comme un Heavy Metal que l’on souhaite voir se renouveler n’est pas méprisable, loin de là, même si les titres s’enchaînent avec en filigrane les mêmes orientations thématiques. Les riffs, assez interchangeables ne marquent pas les esprits, et c’est plutôt la globalité qui fascine, cette manière d’agencer les sons en voulant créer un vortex centrifuge, sans vraiment y parvenir, mais en laissant de temps à autres le culot pallier au manque d’épaisseur (« It Has Fallen Apart » et ses breaks en respirations harmoniques). Second effort de ce collectif (avec en renfort Zach Leffler et Evan Smith à la basse et Robert Hill à la guitare/programmation), Praise the Juggernaut illustre donc bien la réalité crue d’un underground qui grâce aux techniques d’enregistrement modernes permet aux musiciens de sortir des albums sans avoir à passer par la case studio et/ou label, méthodes qui empêchent tout filtre de qualité de s’appliquer, mais qui autorise un public avide de différence d’avoir un choix plus conséquent. Il faudra encore se discipliner, apprendre à gérer les fréquences et travailler la production, faire le tri dans les idées les moins pertinentes, mais avec un peu de patience et d’application, il y a fort à parier qu’INFINITY FACTOR puisse faire parler de lui dans un futur plus ou moins proche, de la même façon que VITNE est devenu une sorte de héros d’en dessous à force de persévérance et de travail. Et bien que leurs deux styles ne soient pas comparables, je ne peux m’empêcher de voir certaines corrélations entres les deux entités. Mais laissons le temps faire son affaire avant de rendre un jugement définitif.
Titres de l’album :
1.Undeserving
2.Praise the Juggernaut
3.Save Us
4.Fade Away
5.Phoenix
6.Maelstrom
7.Sleeping Knights
8.It Has Fallen Apart
9.Hindrance
10.Sometimes You Have to Walk Away
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