« (Les chansons) ont des frères et sœurs et relations entre elles, et elles ne sont pas forcément sur le même album. Ça donne de l’espace pour respirer, ce qui, pour des compositeurs, est vraiment bien. C’est un peu comme ranger dans une boite les dix chansons, genre : ‘Ok, Nous avons dix chansons, comment se corrèlent-elles entre elles ?’ Car, comme l’a dit James, nous voulons que vous écoutiez, que ce soit en streaming ou sur vinyle, peu importe comment vous écoutez la musique, j’aime l’idée que vous écoutiez l’album en entier. »
Beaucoup de groupes nous ont déjà fait le coup de l’œuvre divisée pour mieux régner, encore que la plupart ne se gênaient pas pour balancer deux pavés simultanés, voire un triple ou quadruple album difficile à digérer dans l’instant.
Pour se débarrasser de leur contrat avec EMI plus vite, les BEATLES avaient balancé trente chanson en rentrant d’Inde sur un même album, mais comptez sur Nikki Sixx pour être un peu plus malin que la moyenne, et surtout, conscient de la fatuité de l’entreprise, et du caractère volatile d’auditeurs qui avec la vitesse de transmission des données ont tendance à devenir un peu feignants sur les bords.
Alors deux volets différents, pour un concept global, et un disque pensé comme un tout. Mais comme James l’affirme, chaque chanson du premier tome trouve un écho indéniable sur une intervention du second. Comme un jeu de ping-pong thématique qui renvoie la balle d’une inspiration à l’autre pour bien que l’on voit le fil qui tient en équilibre entre les deux rives. Et surtout, une jolie complicité avec la fanbase du groupe qui aime tant chercher des éléments clés dans un livre d’histoire musical qui commence à prendre des airs de quête du graal…
Nous, fans de Nikki, et donc de sa créature collégiale SIXX A.M avions célébré le premier volet de ce conte pour fans de Rock Metal sans artifices, mais débordant de passion. Prayers For The Damned avait soulevé un joli enthousiasme au sein de la horde d’aficionados du bassiste aux yeux sombres, enthousiasme complètement justifié par un choix de chansons accrocheuses et intelligemment pensées, qui aujourd’hui, voit sa conclusion s’étaler sous nos oreilles médusées, qui n’en pouvaient plus d’attendre. Mais cette suite allait-elle se révéler aussi tendue et créative que son initiation, il y a quelques mois ? L’affirmative était encore une option, même si quelques indices avaient filtré, dont ce premier single « We Will Not Go Quietly », au tempo, lourd et à la syncope agile, au phrasé presque Rap pour un formidable hit de la trempe des meilleures réalisations du groupe.
On savait aussi que les mecs allaient se réapproprier le tube signé Nilsson, « Without You », composé pour BADFINGER, et lacrymalisé par Mariah Carey, qui se voit ici électrifié et offert une nouvelle lumière, moins intimiste sans doute, mais métallisé avec soin et qui finalement, se voit élevé au rang de ballade pour fin de journée, de celles qu’on passe sur la route et qui trouvent leur apogée sur scène…Un nouvel « Home Sweet Home » pour le Sixx, sans sa signature ? On peut le voir comme ça…On le sait, l’homme ne peut vivre sans la route ni son public, alors les paroles prennent vraiment tout leur sens…
« Barbarians (Prayers for the Blessed) », l’ouverture tonitruante de ce Prayers For The Blessed avait largement de quoi nous rassurer aussi, avec son intro digne d’une harangue de stade, et son uptempo débordant de testostérone. Avec un James Michael qui groove sombre et vibre au soleil comme un leader de combo Néo, et un DJ Ashba qui étale toute la panoplie de sa collection de riffs et autres cocottes d’accords retenus, ce morceau d’ouverture vous explose à la face comme un leitmotiv de Hard Rock moderne qui n’ose pas plonger de plein pied dans un jeunisme déplacé, mais qui assume ses tendances d’adolescent toujours rebelle, coincé dans un corps d’adulte.
Tous les morceaux du projet furent enregistrés en même temps, et ça se sent à l’écoute de ce second volume. La cohérence est évidente et saute aux yeux, même si les avis divergent concernant la qualité des deux chapitres. Certains trouvent que Prayers For The Damned est largement supérieur, et que Prayers For The Blessed a des airs d’assemblage de leftovers n’ayant pas passé les tests de qualité il y a quelques mois, d’autres pensent qu’au contraire, cette seconde entrée surpasse la première.
Une fois de plus, je vais jouer le chien dans le jeu de dupes, et affirmer que le niveau entre les deux albums est constant, et que chacun a sa propre raison d’être, ses défauts, et ses qualités. Après tout, un double album, même divisé en deux simples, ne peut pas maintenir une vitesse de croisière constante sans connaître quelques turbulences…
Certes, le répertoire a nouveau rassemblé de SIXX A.M leur permettra de ne pas se sentir outsiders sur la tournée à venir avec les PAPA ROACH et FIVE FINGER DEATH PUNCH…mais peut-on en vouloir à un musicien comme Nikki de vouloir rester en prise avec son époque, comme le démontre sans honte ni opportunisme «Wolf At Your Door », qui finalement de son mid tempo et de son texte définit à merveille le présent d’un bassiste de légende ? Certes, on reprochera les refrains faciles, qu’on trouve encore un peu partout ici, les bidouillages électroniques nouvelle vague qui parfois en font un peu trop, mais…c’est le show non ?
Oui, il est possible que l’emphase d’un « Maybe It’s Time » soit un peu trop poussée dans les roses de l’amour blessé, mais peut-on cracher sur une ballade qui ose la jonction entre MÖTLEY, ALICE IN CHAINS et PAPA ROACH sous prétexte qu’elle ne sonne pas comme « Sad-Eyed Lady of The Lowlands » ?
Peut-on pointer du doigt la double grosse caisse de « The Devil’s Coming » en l’accusant de modernisme déplacé alors même que le morceau en lui-même rappelle autant les appropriations eighties des LOCAL BAND que l’actualité d’un LINKIN PARK qui assumerait enfin ses refrains de stade sans avoir à baisser les yeux ? Non, et ceux qui ne sont pas d’accord et crient au remplissage facile aillent se faire mettre. C’est du SIXX A.M pur jus, un tube que l’on va tous reprendre en chœur si jamais la tournée passe par ici, et nous serons heureux, des étoiles plein les yeux, les même que nous avions lorsque les CRÜE reprenaient « Kickstart My Heart » il y a presque trente ans.
Le « Kickstart My Heart » d’aujourd’hui, c’est « That’s Gonna Leave a Scar », malin comme un singe avec son entrée en matière tonitruante qui s’écrase sur un couplet gonflé comme un moteur chromé, qui lui-même ronfle vers un refrain une fois de plus taillé dans le Rock le plus accessible. Et en écoutant au fur et à mesure les pistes de ce Prayers For The Blessed, je comprends que les reproches formulés par ses détracteurs soient les qualités soulignés par ses admirateurs. Des refrains faciles s’enchaînant à des couplets modernes, le tout lié par une efficacité redoutable. Et certes, parfois, les tours baissent dans le régime, mais pour quelques instants seulement, et lorsque James se lâche sur la ballade « Riot In My Heart » sur un tapis de cordes synthétiques un peu trop lisse, on se prend encore dans les filets d’une émotion palpable, prolongée sur le final « Helicopters » qui accélère doucement dans les virages pour nous rappeler les SKIDROW de Bach sans trahir l’âme de Sixx, Michael et Ashba.
Finalement, c’est bien nous qui sommes bénis dans cette affaire. Bénis de pouvoir apprécier à quelques mois d’intervalle deux albums de nos héros sans avoir à craindre une absence d’inspiration. Deux tomes d’égale créativité, qui certes, usent parfois de tics un peu systématiques, mais qui finalement, s’affirment comme l’explosion d’un talent qui n’a eu de cesse de se maintenir. Alors que les esprits chagrins se mouchent, Nikki et sa bande nous touchent, en plein cœur ou dans nos veines, et nous continuerons à prier pour que jamais le bassiste zébré ne nous abandonne au tournant d’un été.
«Chaque album a été écrit en ayant conscience de l’autre album »
Je dirai même plus. Chaque album a été écrit en ayant conscience des exigences de fans à qui on ne la fait pas non plus. Mais surtout, en jouant une musique sincère, certes larger than life, mais Nikki a toujours été plus grand que la vie elle-même.
Puisque sa vie est comme un roman dont nous sommes quelque part les héros.
Titres de l'album:
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