Le Post Metal n’est pas à la base le genre le plus facile à appréhender et à digérer. Ses longues dérivations repoussent souvent les plus concis, qui ne jurent que par le sempiternel couplet/couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain, et les autres, qui ne sont pas contre un brin de fantaisie contemplative n’y trouvent pas forcément leur compte non plus. Il faut que le dosage entre la puissance et la mélodie soit presque parfait, et que quelques trouvailles viennent égayer les structures les plus conventionnelles.
Alors, lorsqu’on parle de Post Metal instrumental, le même postulat vaut. En pire.
La musique instrumentale a ceci de magnifique que les notes et les harmonies remplacent le discours oral. On pense évidemment aux pièces classiques les plus célébrées, mais aussi à ces artistes qui ont dès le départ choisi de se dispenser de chanteur. On peut aussi évoquer la clique Progressive, qui depuis les années 70 n’aime rien tant que les longues plages évolutives, allant parfois jusqu’à imposer de longues minutes avant intervention du micro. Dans le Metal, la réflexion est la même. Le chant n’est pas forcément un atout, et les ruptures rythmiques, les longues codas, l’introspection harmonique et les progressions en crescendo le remplacent aisément.
Constat valable pour le premier album de MAUDITS, qui ne le sont pas tant que ça.
Signé sur Source Atone et promu par l’agence Singularités, MAUDITS est un trio béni qui pour son premier album célèbre la liberté de ton et l’absence de règle précise. Trio soudé avec Olivier Dubuc (guitares et effets), Erwan Lombard (basse et effets) et Christophe Hiegel (batterie et samples), MAUDITS s’entend très bien avec les musiciens externes venus apporter leur talent à ce monolithe du savoir. Ainsi, Emmanuel Rousseau (piano, mellotron, mini-moog et claviers), Nicolas Zivkovich (rhodes et claviers sur « Seizure ») et Raphael Verguin (violoncelle) ont joyeusement accepté de faire partie de cette aventure unique, qui nous confronte à nos propres démons, et à cette dépression qui porte un nouveau nom.
Le Précipice.
Le groupe dit ceci :
Ce nouvel album se structure comme une bande originale parcourue de thèmes repères érigés tels des points d’équilibre de cet art si personnel. Précipice traite de ces blessures accumulées depuis notre naissance, ces mêmes cicatrices qui nous empêchent d’avancer et nous poussent vers cette inexorable chute dans ce « précipice » qui nous guette et nous aspire si nous n’y prenons pas garde.
Au menu, connaissance de soi, de ses limites, résilience, et risque grandissant de glisser sur la pente du désespoir. Nous sommes tous confrontés à cette problématique dès notre plus jeune âge parfois, et lorsque les années défilent, le trauma s’aggrave, et les démons en profitent pour s’insinuer dans notre âme blessée. MAUDITS a donc opté pour une tenue de circonstance, et délivre sept titres aussi forts qu’ambitieux, en occultant complètement toute raison, pour se rapprocher d’une version light de TOOL, moins démonstrative, mais plus expressive, et surtout, plus humaine.
Produit par Frédéric Gervais et flanqué d’un artwork réalisé par Dehn Sora, Précipice est un abime de mélancolie, un vide de sentiment, un ailleurs que l’on n’a guère envie d’explorer, et une petite mort avant la grande. Le son clair des guitares, cristallin, les patterns rythmiques, à la lisière de l’électronique pure, les soudaines montées en puissance qui donnent la chair de poule, tout est étudié pour coller de près au concept sans mot dire. Maudire, la vie, le futur, l’absence de perspectives, et finalement, cette plénitude qui nous envahit lorsque nous avons enfin compris que la vie n’est que la somme des actes que nous commettons chaque jour.
Inutile d’attendre un titre fort ou un pic d’intensité, et fiez-vous plutôt à la magnificence des deux premiers morceaux, qui à eux deux dépassent les vingt minutes d’explication musicale. Moins traumatisé qu’HYPNO5E, plus aéré que la clique des Acteurs de l’Ombre, Précipice est une petite merveille de sensibilité, combinant la force du classique et la fougue du Post Hardcore, pour aboutir à un entre-deux à peine perturbé par quelques éléments Folk.
L’utilisation de cordes, les foulées en terre Rock, et cette capacité à digresser sans gloser ni se répéter, Précipice a quelque chose de magique. De miraculeux même. De par l’utilisation très pertinente des effets sonores, MAUDITS offre des teintes et des couleurs à sa musique, sans oublier parfois de tout éteindre pour laisser les fantômes du passé s’exprimer (« Pretium Doloris »). Mais n’allez pas pour autant croire que les morceaux les plus concis ne servent que de passerelles entre les longues suites. « Séquelles » le prouve avec une énergie et une agressivité palpables, avec encore en exergue ces plans millimétrés qui gardent une raison d’être analogique.
Il faut accepter ce premier long comme un voyage aux confins de nous-mêmes. « Précipice part II », qui avec son grand frère « Précipice Part I » incarne l’acmé d’un disque très ambitieux, se pose déjà en affirmation d’une identité qui s‘avèrera complexe avec le temps. Mais si vous êtes sincère, et si vous êtes en adéquation avec vos sentiments, alors vous pourrez facilement nouer des liens avec ce groupe qui parlera pour vous, mais sans rien dire.
Bande-son d’une vie de cauchemars, de joies, de peines, de pertes, de deuil et d’espoirs, Précipice cite sans le vouloir Nietzsche, mais détourne son aphorisme.
Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi.
Nous sommes tous des monstres en puissance. Mais on peut choisir de faire le bien, en laissant sa part d’ombre dans ce Précipice qui peut bien attendre encore quelques années.
Titres de l’album :
01. Précipice Part I
02. Seizure
03. Pretium Doloris
04. Séquelles
05. Précipice part II
06. Lights end
07. Vielä Siellä
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