Predatory

Scars

07/08/2020

Brutal Records

Avant même de commencer la chronique de cet album, c’est déjà le foutoir. Je me perds entre le line-up indiqué sur le site The Metal Archives et sur celui mentionné par les sites s’occupant du cas du groupe. Alors, une seule chose à faire, faire abstraction de ce détail pour parler musique et rester suffisamment vague sur les détails qui ne sont pas si importants que ça. SCARS nous vient de Sao-Paulo, ville historique dans l’histoire de l’extrême Metal, et les brésiliens font partie des plus anciens représentants Thrash du pays encore en activité, malgré un parcours erratique et plusieurs périodes de hiatus. Fondé en 1991, le groupe dans sa première incarnation n’aura eu le temps de ne publier qu’une démo, Ultimate Encore et son titre prophétique en 1994. S’ensuivirent quatre années de silence radio, avant une première séparation de six ans, un couvert remis sur une période indéterminée avec la publication d’un premier et unique LP, Devilgod Alliance, puis une nouvelle planque dans les bunkers de l’underground jusqu’à une reformation il y a deux ans, fêtée comme il se doit avec un live, deux simples et un EP (The V8 Sessions (Vol. 01)) cette même année 2020. 2020 est aussi la bonne année pour sortir un second longue-durée, qui justement en est un, et qui a trouvé le soutien d’un label américain (Brutal Records), pas peu fier de compter dans son écurie un si vieux et crédible poulain de l’histoire du Thrash. Car c’est bien de ça dont il s’agit, même si la musique des brésiliens s’accroche aux branches d’un groove Metal plus moderne pas totalement assumé, mais qui garantit une fluidité relative à un ensemble compact, et non exempt de nombreux défauts.

Comme le soulignait justement un estimable confère d’un webzine concurrent respecté, un LP de Thrash doit-il vraiment s’éterniser et proposer une heure d’assaut ininterrompu ? Doit-on se fader des compositions ambitieuses de plus de six ou sept minutes alors que justement le style réclame de l’immédiateté, et de la méchanceté compacte et efficace ? Telle est la question à laquelle répond sans le vouloir Predatory, qui en cinquante-cinq minutes répète peu ou prou les mêmes recettes sans vraiment changer l’accompagnement, et qui recycle des idées sur quasiment une heure, sans en vérifier la pertinence originale. Rien de grave dans le fond, alors que les références majeures du genre ont justement tendance à s’éterniser pour lâcher des disques à la durée déraisonnable mettant à mal leur inspiration éparse, et si les chansons des SCARS savent se montrer puissantes à l’occasion, la redondance condamne le projet à des itérations irritantes, qui parfois nous donnent le sentiment d’écouter la même piste ad nauseam. Premier problème, les riffs. Loin d’être mémorisables, ils donnent le sentiment de servir de prétexte à la débauche ambiante, et de gimmicks qui n’accrochent pas l’oreille. Or, on sait depuis « Strike of the Beast » ou « Angel of Death » qu’un riff mortel est l’essence même du Thrash et non une simple composante, ce qui a tendance à handicaper ce projet dès les premières secondes. Evidemment, tout n’est pas à rejeter en bloc sur Predatory, et un titre comme « Ancient Power » pourra satisfaire de sa méchanceté et de son tempo relevé tous les amateurs de nostalgie remise au goût du jour. Mais en enchaînant deux chapitres atteignant les treize minutes, le quintet a pris des risques inconsidérés, d’autant que les chansons en question n’ont pas la patine progressive indispensable pour fasciner les esthètes les plus portés sur la technique. Celle des brésiliens est simple, ruer dans les brancards, jouer la lourdeur, et parfois parvenir à trouver LA syncope qui fonctionne, comme celle qui introduit « Sad Darkness Of The Soul ».

Sauf que. Sauf que d’une, le chant très Hardcore et linéaire est vite insupportable. Avec ses inflexions monocordes, il peine à nous maintenir en éveil, comme si un brailleur NYHC se tapait le bœuf avec le SEPULTURA période post-Max, ce qui ne manque pas de créer un décalage plutôt gênant dans les faits. Sauf que d’autre part, les interventions sont trop longues, la plupart dépassant les cinq minutes, sans vraiment proposer assez de plans pour justifier le chronomètre. Alors, je le concède, parfois, le headbanging est provoqué de façon assez futée, sur « Ghostly Shadows » qui donne quand même méchamment la pèche, mais alourdi par une production standard qui ne permet pas au groupe de mettre son identité en valeur, Predatory sonne si générique qu’il ressemble à un bréviaire à l’usage des débutants Thrash désireux d’apprendre les rudiments du genre. On sent que le combo à les moyens de s’extirper de sa condition (« The 72 Faces Of God » est quand même bien velu et l’un des rares à s’accommoder de ce chant si particulier), mais en choisissant de multiplier les actes de violence dilués dans la durée, les SCARS se noient dans leur propre formalisme, malgré quelques soli bien troussés, des breaks classiques qui tombent pile, et quelques licks qui restent accrochés aux tympans. En résulte un album qu’on interrompt à plusieurs reprises pour ne pas rester en apnée, et dans lequel on n’a pas forcément envie de se replonger après avoir séché. En synthétisant leurs idées et en modérant leur enthousiasme lié à leur retour en force, les cinq brésiliens auraient gagné en cohérence, plutôt que de proposer un disque qu’on oublie assez rapidement pour cause de lassitude accentuée.

On peut être un vétéran de la scène et commettre des erreurs, essayer de faire du GRIP INC ou du WARBRINGER avec maladresse, et rater la cible pour cause d’ambitions un peu trop grandes par rapport à ses moyens. Mais ne tirons pas sur l’ambulance, et en expurgeant Predatory de ses nombreuses scories, on peut le ramener à un timing raisonnable de vingt-huit minutes acceptables. Soit la durée idéale pour un album de Thrash qui se respecte.                                                                        

                                                                                

Titres de l’album:

01. Predatory

02. These Bloody Days

03. Ancient Power

04. Sad Darkness Of The Soul

05. The Unsung Requiem

06. Ghostly Shadows

07. The 72 Faces Of God

08. Beyond The Valley Of Despair

09. Violent Show

10. Armageddon

11. Silent Force


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 10/06/2022 à 14:29
68 %    607
Derniers articles

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Barabbas + Black Pyramid 21/04 : Le Klub, Paris (75)
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Saddam Mustaine

J'y étais ! C'était cool

21/04/2025, 01:42

Buck Dancer

Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)

20/04/2025, 18:02

David

Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.

20/04/2025, 14:08

Buck Dancer

Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir). 

20/04/2025, 12:45

RBD

Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)

19/04/2025, 14:36

DPD

J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)

19/04/2025, 09:13

Humungus

J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?

19/04/2025, 08:38

Nubowsky

Je suis fasciné.

19/04/2025, 06:37

DPD

Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)

19/04/2025, 05:07

Kamel

I am now officially ON THE JOB MARKET (is my career over ?

18/04/2025, 12:53

Kamel

@Deathcotheque : Il y a eu confusion entre Aborted et Benighted au moment de poster la nouvelle, ellle a été éditée, mais pas complètement.Bonne nouvelle pour Kevin, après s'être fait éconduire par Archspire, il cherchait justemen(...)

18/04/2025, 12:13

Deathcotheque

"les prochaines dates de la tournée européenne serait assurée par l'ancien batteur du groupe, parti en 2024, Kevin Paradis." Vérifiez ce que vous écrivez, Kevin n'a jamais été dans Aborted.

18/04/2025, 10:35

Simony

Ah merde !

18/04/2025, 08:58

Deathcotheque

?!?! Entre Blabbermouth qui ne relaie pas la news et Metalnews qui en invente une...

18/04/2025, 08:18

Arioch91

J'ai longtemps boudé ce groupe en estimant que c'était un bête doppelgänger de Death et pas mal de riffs de leur deuxième album font trop copié/collé avec ceux de Spiritual Healing.Mais n'empêche que ça a un petit go(...)

18/04/2025, 07:47

Kamel

Il était dans Benighted le Ken???

18/04/2025, 07:27

pet fécal

C'est Aborted qui se sépare de machin

18/04/2025, 05:03

RBD

Youpi ! Vous remarquerez la présence récurrente des vers, et les vieux fans savent bien pourquoi. Au moins ils n'auront pas traîné. Je suis juste intrigué qu'ils aient déjà changé de label, mais au moins ils sont restés chez (...)

17/04/2025, 16:25

Styx

Il est vrai que depuis leur retour en 2020 (eh oui, ils se sont absentés 18 piges) avec un nouveau line-up (& aussi des membres fondateurs) dont le chanteur Mathias Lillmans, les pochettes sont bien foutues ainsi que les albums. Le nouvel album sera disponible en stock chez nos disquai(...)

16/04/2025, 22:21

LeMoustre

J'irai peut-être un jour mais comme toi... Pas encore. 

16/04/2025, 18:38