Jouer du Thrash primitif teinté de Black incisif, n’est pas chose difficile. En gros, n’importe quel groupe aux références affirmées est capable de se répandre dans la bestialité d’un Blackened Thrash sans aucune difficulté. Ce qui devient plus compliqué, c’est de transcender le genre pour y apporter sa patte, ce que bon nombre de combos n’ont pas encore pigé, pensant que singer les HELLHAMMER, POSSESSED et autres SARCOFAGO suffit à faire d’eux de bons disciples de Lucifer, mettant la planète Metal à feu et à sang sans avoir à verser le leur (quoique…).
A force de me noyer dans cette déferlante de groupes baignant dans les eaux saumâtres du Thrash à connotation BM, je finissais par me demander si j’allais un jour tomber sur un représentant un peu plus valeureux que la moyenne, sinon audacieux, mais au moins assez efficace pour que sa musique m’inspire un laïus un peu moins complaisant qu’à l’habitude.
L’aurais-je trouvé en ce joli mois de mai ?
Peut-être, mais il m’aura fallu remonter jusqu’au mois de février pour ça. Mais loin d’être déçu de ma quête à postériori, je m’enchante en ce mercredi d’être tombé sur une bande de barbares qui n’ont ni les riffs dans leur poche, ni leurs cartouchières pendant des partoches.
Quoi que je ne sois pas sûr qu’ils en comprennent les lignes et les croches.
Direction la chaude Colombie, pour y faire la connaissance d’un concept aussi cruel qu’officiel. Quatuor né à l’orée des années 2010, LUCIFERA au nom prédestiné a eu un peu de mal à se stabiliser, puisqu’après trois années à ramer, le groupe a finalement rendu les armes en 2013, pour mieux redémarrer après un repos forcé. 2014 fut donc l’année de la renaissance, et depuis, les musiciens possédés n’ont pas chômé, puisqu’ils ont sorti la bagatelle de trois longues durée en à peine deux ans.
Despues de la Muerte fut le premier en 2015, vite suivi par un Sed de Venganza & Legiones de Metal en 2016 immédiatement enchaîné à ce Preludio Del Mal en février, ce qui en dit long sur la productivité de ces méchants satanistes cloutés.
Longtemps concentré sur une formule duo dont les responsabilités étaient partagées par l’impressionnante Alejandra Blasfemia (basse/chant, mais aussi manager et parolière) et David HellRazor (guitare, compositions et dépositaire du nom), LUCIFERA a fini par accueillir en son sein deux nouveaux musiciens, Acid Witch à la guitare et C. Commander à la batterie, histoire de compléter le line-up pour le solidifier.
Mais comparses additionnels ou pas, les fondations étaient déjà bien solides, et le duo formé par Alejandra et David mène le bal sans ambages, l’une usant de sa voix rauque et possédée, l’autre troussant des hymnes à l’immoralité de sa guitare acide et empoisonnée. Le résultat ? Un Thrash bestial qui se nourrit des essences putrides de SODOM et consorts pour densifier le tout d’une approche Black assez opaque, mais toujours festive et expressive.
Comme je le disais, jouer un Blackened Thrash est chose facile, mais en jouer un bon n’est pas tâche aisée. L’essentiel étant de trouver l’équilibre entre des riffs simples et catchy et une atmosphère délicieusement paillarde et déliquescente, sans tomber dans les excès ou le pêché de timidité.
Cette gageure a été relevée avec brio par LUCIFERA qui fait tomber les barrières entre les époques et les styles de son optique résolument atomique, qui combine le radicalisme d’un Thrash mid 80’s et d’un BM purement sud-américain des 90’s (« Alianzas de Acero y Metal », SARCOFAGO meets POSSESSED, le tout chanté par une admiratrice de Dawn Crosby et d’Abbath).
Pourtant, les quatre colombiens n’ont pas choisi la facilité de mise en place, et osent proposer des titres à la longueur inhabituelle dans le créneau.
Il est en effet très rare de tomber sur des compositions dépassant toutes les quatre minutes, pour parfois piétiner les cinq ou les six, comme à l’occasion de l’entame dantesque offerte par « Esclavos de Dios », qui prend son temps pour opacifier l’ambiance.
Intro grondante qui use sans abuser d’échos de voix possédées, pour une attaque directe qui ne ménage ni les BPM, ni les blasts histoire de mettre les choses au point. On pense à ce moment-là à une forme très rudimentaire de BM maculée de Thrash rancunier, et le chant en idiome local d’Alejandra accentue le malaise de ses harangues diaboliques.
Mais si la grande majorité des titres se focalisent sur une brutalité de fond et une véhémence de ton, le long final processionnel « Blasfemias » vient à point final nommé pour prouver que les Colombiens sont tout sauf des bêtes sauvages déchaînées tout juste bonnes à grogner et mordre pour le plaisir de faire saigner.
Et d’un Doom long et tendu, ils démontrent qu’ils maitrisent tous les aspects de la question, traduisant dans un langage local le vocable du BATHORY le plus impérial, ou du HELLHAMMER le plus mis à mal, grâce à des riffs circulaires ingénieux et une rythmique qui crève les yeux.
Chœurs en possession riant au nez de l’exorciste trop confiant, breaks simples mais efficients, c’est une clôture au propos impressionnant qui en dit long sur la culture musical des déments.
Mais c’est évidemment dans la vitesse et la violence instrumentale que les LUCIFERA s’épanouissent le plus, même si le mid tempo surprenant de « Preludio Del Mal » dégénérant en Thrash fatal démontre qu’ils manient la plume acide et le verbe limpide pour parvenir à leurs fins.
Nuançant parfois les harmonies pour séduire (« A Traves de la Muerte »), travestissant le Speed rapide en Thrash cupide pour ne pas dénaturer la violence ou l’atténuer (« Leyendas Mortuorias », au refrain à la DEICIDE assez flippant), ou se mouvant dans la poisse d’un Heavy occulte redondant (« Culto Ancestral », sorte de digression sur le KREATOR des premières années de brutalité), toutes les options sont bonnes pour peu qu’elles restent sur le terrain de la noirceur paillarde et assumée.
Instrumentistes capables, cherchant le plan efficace et non la démonstration salace, compositions légèrement alambiquées pour ne pas lasser, et surtout, parfaite homogénéité entre Thrash dégoulinant de cruauté et Black suintant de méchanceté, Preludio Del Mal est donc une visite aux Enfers rondement organisée, qui confirme que l’Amérique du Sud est bien la terre des excès métalliques.
Un album cornu aux morceaux fourchus, qui réhabilite un peu le genre qui semblait se perdre dans le labyrinthe de la redite, sans parvenir à trouver une porte de sortie.
Guitares charnues, chant pointu, démonstration de puissance tendue, ce troisième effort des LUCIFERA leur fait passer un degré supplémentaire dans la hiérarchie des démons terrestres, les transformant de petits lutins diaboliques en gros diablotins lubriques.
Rappelons pour la forme que l’album est disponible en format CD chez les salvadoriens de Morbid Skull Records, édité à 666 exemplaires évidemment.
On n’est pas à un symbole près…
Titres de l'album:
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