A force de se gargariser de notre scène nationale extrême (et toutes ses déviances inhumaines, BM, Noise, Sludge, Grind, affiliations purement personnelles), on en avait presque oublié qu’on savait encore jouer le Hardcore de façon classique par chez nous. Et pourtant si, et pas qu’un peu, ce que démontrent avec une énergie de tous les diables les parisiens de MIND AWAKE. Si vous ne les connaissez pas encore, laissez-moi donc vous présenter Soufiène (chant), Dominique (batterie), Ryan et Guillaume (guitares) et Norman (basse), qui l’année dernière nous ont proposé un putain de 12’’ via les services germains de Backbite Records, à la pochette aussi énigmatique que son contenu n’était franc et fier. Et l’est toujours d’ailleurs, puisque les onze pistes de ce jet ultime sont autant de claques dans la tronche des illusionnistes, qui croient encore que le monde va aller mieux en le regardant crever. Car loin d’être de simples braillards en short, les parisiens ont l’âme pure et le propos sur, et se réclament d’une double idéologie straight-edge et vedgy, ce qui les place donc dans la plus droite lignée d’un Ian MacKaye, sans que leur musique n’évoque plus que ça FUGAZI ou MINOR THREAT. On pourrait pourtant facilement les assimiler à la vague Youth Crew des eighties glorieuses de New-York, de par ce penchant pour les thèmes simples et percutants, et pour cette fausse simplicité qui cache bien des ambitions. Mais finalement, au moment d’appréhender ce Pressure, soyez conscients d’une chose. Que les mecs vont vous malmener, vous faire pogoter, slammer, danser, gigoter, tout vous triturant un peu les neurones en vous forçant à réfléchir sur votre sort et celui de la planète que vous foulez.
Un Hardcore straight donc, mais loin d’être bas du front. Pourtant, en optant pour des formats plus que brefs, les MIND AWAKE ont fait le bon choix, celui de la concision, et de la précision. Toutefois, inutile de compter sur une lapidation immédiate via une thématique unique et limpide, puisque le quintette parisien a plus d’un break dans son sac. Si leurs riffs se veulent aussi francs qu’une attaque Thrash de bon matin (« Mockeries »), ils savent aussi marquer le pas d’un mid tempo qui affilie directement le groupe aux plus grandes légendes du genre. Refusant une trop grande complexité, mais affichant fièrement un niveau instrumental et créatif élevé, les parisiens se permettent donc de mener le bal grand train, tout en incrustant dans notre inconscient quelques idées de parité et d’égalité. Un cocktail explosif, qui pendant un tout petit quart d’heure nous offre une démonstration de style, et surtout, une captation aussi professionnelle qu’instinctive. Doté d’une énorme production qui claque, cet EP se veut extrapolation studio de l’attitude frondeuse en live du quintette, et fouette, maltraite, mais sans laisser les oreilles dans les affres d’acouphènes éternels. Ne refusant pas non plus un brin d’humour dans les arrangements (la dualité vocale cartoonesque de « The Crook » entonné avec xDAVYx, véritable régal), le groupe sait aussi se concentrer sur quelques motifs bien empesés (« Two Songs Left » à la basse aussi ronflante que celle d’Harvey Flanagan), tout en aménageant des espaces de furie mid de la trempe d’hymnes instantanés (« Not Enough » et sa mélodie faussement guillerette, allégeant un riff pas vraiment d’opérette). De la lucidité donc, mais aussi beaucoup de clins d’œil plus légers, pour un équilibre bien trouvé qui permet à Pressure de nous la mettre, sans appuyer sur nos tempes. On sent que le groupe adore en découdre, et qu’il assume ses concepts, qui lui permettent de tremper un orteil n’roll dans un océan de marasme Core (« Frustration », avec ça, elle est soulagée).
Et entre des injonctions qui mettent dans le ton (« Move Faster !», et ses guitares d’entrée qui métallisent d’emblée), des crises de colère bien speed qui nous ramènent à la glorieuse époque charnière 80/90 de la scène US (« The Message », franchement, on s’y croirait, à Boston, New-York ou Chicago, but this is Paris man !), quelques galipettes rythmiques bien senties qui suggèrent une mémoire bloquée sur AGNOSTIC FRONT, sans Roger, mais avec des soli bien cramés (« T.I.T.D. » ou comment laisser exulter des guitares enflammées), on se ne sait plus de quel côté dodeliner de la tête. Mais c’est la fête, et c’est justement le propos d’un groupe qui cherche à diffuser les siens sans les imposer, mais en les agrémentant d’une bande-son irrésistible, propice à ramener vers eux quelques brebis égarées. Seul reproche à faire, et pas des moindres, Pressure est du coup beaucoup trop court, et nous laisse le cœur emballé, mais le cœur accroché, réclamant en vain un peu de rab’ histoire de finir la nuit un peu plus tard. On se prend déjà à espérer un album bien torché, tant les MIND AWAKE nous persuadent du bien fondé de leurs théories secouées. Pas étonnant dès lors qu’une écurie allemande les ait saisis au vol, tant ils incarnent le renouveau d’un Hardcore formel, qui refuse de rester cantonné au simple rôle de figurant éternel. De la folie (oui), de l’énergie, une attitude, un son, mais surtout, des compos aussi épiques que ludiques, qui frappent aussi fort qu’une réalité nous rattrapant de plein fouet, et nous montrant l’inéluctabilité d’une apocalypse humaine programmée. En tout cas, personne ne pourra pointer les parisiens du doigt, qui font ce qu’ils peuvent pour changer les mentalités, tout en nous offrant un cocktail Hardcore bien frappé. Un EP qu’on déguste chauffé, et qui laisse la gorge et les oreilles en feu de forêt.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09