Pride

The Unity

13/03/2020

Steamhammer Spv

Avec un Kai Hansen aux abonnés absents pour cause de tournée de la citrouille recomposée, il fallait bien s’occuper, et c’est sans doute ce qu’on dû penser Henjo Richter et Michael Ehré, respectivement guitariste et batteur de GAMMA RAY. Alors, en 2016, pour boucher les trous et pousser les meubles, les deux hommes ont décidé de collaborer sur un projet annexe, sans vraiment savoir ce que leur association allait donner en termes de répercussions. Gageons qu’en 2020, les deux musiciens ont de quoi être rassurés : leur idée s’est avérée viable et a su séduire un public large, qui attend de leurs nouvelles comme celles d’un nouveau meilleur ami qui a toujours tenu ses promesses. C’est ainsi qu’après un premier long éponyme publié en 2017 et un Rise lâché l’année suivante, intervient le moment critique du troisième album, celui qui confirme, infirme, renvoie dans les cordes ou à l’infirmerie, propulse au sommet ou fait sombrer dans l’oubli. Et sans jouer le suspense qui n’a pas lieu d’être, Pride est exactement le mouvement qu’il fallait à la troupe pour taper le checkmate et s’imposer comme l’un des meilleurs groupes de Power Metal actuel. Mais la question qui se pose à l’écoute de cette nouvelle œuvre est assez évidente : THE UNITY est-il encore un groupe de Power Metal ? Les fans éluderont la problématique d’un mépris d’ouverture assez évident, et les plus pointilleux utiliseront certains titres pour démontrer le contraire. Et finalement, la seule option restant viable est celle qui consiste à affirmer que THE UNITY est devenu l’un des meilleurs groupes de Metal européen, grâce à une ouverture d’esprit qui se manifeste sur chaque intervention, conséquence directe du talent incroyable des participants impliqués. La tâche d’amélioration était toutefois rude. Les deux premiers album du combo étant de véritables mètres-étalon du Hard-Rock moderne, il semblait difficile voire impossible de les surpasser, mais impossible n’étant pas plus allemand que français, Henjo et Michael se sont arrachés pour nous offrir douze nouveaux morceaux aussi solides que variés, et ainsi conforter leur position dans le classement des meilleurs concepts actuels. Et de fait, Pride mérite non seulement son nom, mais aussi sa future réputation.

Troisième LP, mais un line-up toujours inchangé. Autour des deux leaders, nous retrouvons toujours le même quatuor, avec Jogi Sweers à la basse, Stefan Ellerhorst à la seconde guitare, Sascha Onnen aux claviers, et surtout Jan Manenti au chant, qui a du faire preuve de qualités de caméléon pour s’adapter à la nouvelle orientation prononcée de son groupe d’adoption. En écoutant ce troisième chapitre, je ne peux m’empêcher de songer à THE UNITY comme le fils prodigue d’HELLOWEEN, HAREM SCAREM et PRETTY MAIDS. Avec une tendance à la puissance héritée des premiers (on ne joue pas avec Kai Hansen par hasard), un souci du détail mélodique typique de l’école canadienne des seconds, et une propension à s’adapter à l’air du temps sans renier ses bases des danois, l’équipée folle germaine parvient à synthétiser les meilleurs aspects du Heavy traditionnel, tout en y insufflant sa patte folle de talent. Plus accessible que ses deux aînés, Pride n’en est pas moins solide et puissant, malgré de sérieuses concessions harmoniques. La tâche était rude, et il convenait d’assurer un sans-faute pour conforter son statut, ce que les principaux compositeurs ont réussi. Le défi était complexe, mais dès l’écoute de l’ouverture « Hands Of Time », le ton est donné. Le Power Metal domine les débats, avec des clins d’œil à JUDAS PRIEST, ICED EARTH, GAMMA RAY bien sûr, mais aussi des références au HAREM SCAREM lourd et compact des années 90, le tout sous couvert d’une production mélodique typique des dernières années de PRETTY MAIDS. Le son est évidemment là, gros, compact mais aéré, les guitares rugissent tandis que la rythmique tempête, et une fois encore, c’est le chant varié et lyrique de Manenti qui permet au morceau de décoller vers les paradis Power, avec cette pureté de grain et cette patine qui le rapproche toujours plus de Harry Hess. Mais placer un hit en début de parcours et se dégonfler comme une baudruche est chose facile et courante, et l’inquiétude toujours de mise. Mais en se lâchant sur l’exubérant « Line And Sinker », THE UNITY assure ses arrières, et joue le jeu d’un Hard Rock plus fluide, catchy mais profond, avec des guitares en mode wah-wah, une basse simple mais ronde à l’allemande, et des synthés en appui, pour mieux reproduire les recettes 80’s en 2020. Tout est très classique, mais on sent en arrière-plan un véritable enthousiasme, à tel point qu’on serait tenté d’accoler au groupe l’étiquette de Power AOR, sorte de non-sens total sur le papier qui devient pourtant très concret sur portée.

Là est le véritable secret de la salsa. En variant les atmosphères sans sacrifier la puissance et…l’unité, le sextet nous offre son travail le plus hétéroclite et complet, et relève la gageure de composer douze hymnes pour transformer cet album en best-of déguisé. Avec un mixage parfait digne d’Alessandro DelVecchio sans ses réflexes « bombastic » les plus irritants, des instrumentistes au sommet de leur talent, et surtout, des hits comme s’il en pleuvait, Pride fait assurément la fierté du groupe qui n’a pas hésité à se jouer des limites, osant la tradition d’un Hard-Rock sévèrement burné aux paroles engagées (« We Don´t Need Them Here »), pour mieux la contredire d’une douceur inopinée qui nous ramène aux plus grandes heures d’UNISONIC, HAREM SCAREM et ECLIPSE (« Destination Unknown »). Cet équilibre permanent entre deux mondes, loin de représenter un handicap, permet d’apprécier des musiciens sortant de leur zone de confort un peu trop bien dessinée, et représente en quelque sorte le mi-chemin parfait entre les productions allemandes et italiennes, comme si Frontiers et SPV avaient créé un nouveau département « musiques hybrides » en commun. Il est toujours ardu après deux albums remarqués de continuer à innover sans perdre son identité, et c’est pourtant la gageure relevée par THE UNITY qui ose tous les climats, tous les arrangements, pour produire une sorte de Proto Heavy mélodique piquant au ZEP de quoi payer son tribut à HELLOWEEN (« Angel Of Dawn »). Le métier est là, c’est certain, et si le parcours des instrumentistes est pavé de participations à des institutions comme PRIMAL FEAR, UNISONIC, METALIUM, Uli Jon ROTH, AVANTASIA ou LOVE.MIGHT.KILL, ça n’est pas par hasard…Les titres passent, et la peur de voir le groupe glisser du mauvais côté trépasse, puisque chaque morceau est un hit en puissance, qu’il mette la technique en avant pour mieux nous écraser d’une rythmique véloce ( « Damn Nation »), ou qu’il privilégie la simplicité d’un classique Hard dopé Heavy aux synthés souples et racés (« Guess How I Hate This », le plus PRETTY MAIDS du lot).

Et comme en plus le groupe assume son côté fun sans hésiter (« Rusty Cadillac », boogie survitaminé en diable avec une petite touche MR BIG en sus), et qu’il termine la route sur un ultime salut au Heavy mélodique le plus accrocheur (« You Don´t Walk Alone »), la conclusion est lénifiante d’évidence. THE UNITY signe avec Pride son meilleur album, et de loin, confirmant l’idée qu’un side-project est parfois beaucoup plus viable que le groupe principal des musiciens impliqués.                

                                        

Titres de l’album :

                           01. The New Pandora

                           02. Hands Of Time

                           03. Line And Sinker

                           04. We Don´t Need Them Here

                           05. Destination Unknown

                           06. Angel Of Dawn

                           07. Damn Nation

                           08. Wave Of Fear

                           09. Guess How I Hate This

                           10. Scenery Of Hate

                           11. Rusty Cadillac

                           12. You Don´t Walk Alone

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par mortne2001 le 11/04/2020 à 18:33
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Ça tovrne en rond tovt ça.

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