Le lundi matin, il faut une décharge sévère pour se réveiller et affronter une nouvelle semaine aussi pénible que les précédentes. Surtout lorsque le dit lundi n’est pas au soleil comme le chantait Claude François, mais nimbé de brume, froid comme le cœur d’un assureur, et déjà trop long avant d’avoir commencé. De là, plusieurs possibilités. Se replonger sous la couette, faire comme si de rien n’était, et éteindre son téléphone. Ou prendre son courage à deux mains, son café d’une seule, et ajouter à la caféine une bonne dose de sévère dans les oreilles, faisant souffrir un autoradio déjà bien fatigué par les assauts soniques.
Avec CATACOMB ABSCESS, pas de soucis. Une fois le machin inséré dans une fente quelconque, la magie opère, la joie de vivre se démultiplie et vous voilà prêt à renverser n’importe quel cycliste ou piéton empiétant un peu trop sur la chaussée. Ces russes, fondus de Death ignoble nous offrent avec leur premier album une alarme bien plus efficace que celles vendues par Verisure, qui vous permettra de rallier votre lieu de travail la mine décidée et le palpitant malmené.
Tout est dit par cette pochette immonde probablement dessinée par un enfant de cinq ans torturé dans une cave moite. Un trait grossier, un message à faire passer, un œil qui sort de son orbite, la surprise est quasi nulle, mais l’attrait fascinant. Et une fois la musique associée à cet artwork, le puzzle est complet, et vous pouvez sans retenue vous adonner à votre sport préféré, le headbanging roulant.
CATACOMB ABSCESS fait partie de la frange la plus putride de la vague Death/Grind. D’abord, parce que son Death est poisseux, laisse des cheveux sur le marteau, et résonne comme le cri de ralliement d’une tribu de néandertaliens coincés dans une caverne quelconque. Enrobé dans un son aussi gras que les cheveux des musiciens, Primeval Mutilation nous offre un joli panorama de violence sourde et rétrograde, entre les assauts les plus abjects de la scène américaine, et la saleté nordique la plus côtière. Des riffs qui sonnent, une guitare dowtunée pour notre plus grand plaisir, un chant sous-mixé à la limite de l’inaudible, et une section rythmique partagée entre l’aplatissement sous une presse hydraulique et la vitesse de pointe d’un lapin éclairé par des phares de bagnole.
Vingt-deux minutes de brutalité sourde, et des murs qui suintent, une victime attachée sur une croix de Saint André, des sévices qui rendent service, et une atmosphère de cave moisie, pour un plaisir masochiste amplifié. Très capables lorsqu’il s’agit de baver sur des plaies purulentes, les trois originaires de Saint-Pétersbourg s’en donnent donc à cœur joie dans l’hommage conjoint à CARCASS et ABCESS, et nous vrillent les neurones de leur méchanceté de cartoon macabre aux dessins graveleux.
De là, pas grand-chose de plus à dire. Les russes cartonnent, se bidonnent, signent une bande-dessinée pour les oreilles, et nous cajolent de leur cruauté instrumentale. On ne perdra évidemment pas de temps à souligner les individualités notables, les morceaux se ressemblant tous, comme la tradition l’exige. Mais ingurgité en entier avec le sourire, ce premier long plutôt court laisse dans une sorte d’euphorie morbide, cauchemar diurne régenté par l’imagination de labels comme Sentient Ruin ou Memento Mori, et des créatures aux muscles saillants, mais au visage verdâtre dégoulinant.
Chasse au zombi de début de semaine, Primeval Mutilation ne fait pas de détail, et confronte la raideur du Death underground à la joie d’un Grind plutôt guilleret. Et avec ce genre de truc dans les oreilles, pas de quoi craindre la réaction du patron qui vous notifie votre retard injustifié. Une bonne bouffe dans sa tronche suffira à lui apprendre la politesse, et le caractère déplacé d’une crise d’autorité d’un lundi déjà haï jusqu’à la moelle.
Si d’aventure, la visite des catacombes parisiennes officielle vous a déçu au point de vous faire songer à revendre votre collection de crânes, plongez-vous dans cette séance d’urbex qui pue la mort, et revenez-en avec des souvenirs horribles plein la tête.
Ou n’en revenez pas d’ailleurs. Pourquoi faire ?
Titres de l’album:
01. Mutation Of Vomit Mass
02. Primeval Mutilation
03. Painful Visualization
04. Putrefactive Substance
05. The Pulsating Feast
06. Paralized Face
07. Cavernous Violence
08. Worm-Man
09. Gas From Ass
10. Torso In The Void
Mince, la caisse claire ça passe pas. Dommage, le reste me plaît bien !
Terrible !
@ Bill : il faut persévérer la caisse claire ne sonne pas pareil sur tout l'album (véridique!).
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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11/11/2024, 10:09