Aujourd’hui c’est mon anniversaire. Oui je sais tout le monde s’en tape, et je n’attends aucun cadeau de votre part, j’ai donc décidé de m’en offrir un en rédigeant ma huitième chronique du week-end (comme d’habitude, pour ne pas perdre la main), qui sera donc consacrée à l’un des groupes les plus joyeux et harmonieux que j’ai pu écouter ces derniers temps. Avec une date de parution communiquée par le label fixée au 31 décembre, voilà de quoi passer un joli réveillon, à condition que vous ayez une conception de la Saint-Sylvestre assez particulière. Et disons-le, portée sur la souffrance, la mort, les tripes, et toutes ces vilaines choses démoniaques qui perturbent votre esprit malade, puisque vous êtes sans doute un psychopathe. Et comme je ne fais jamais les choses à moitié, je vous offre la bande son de votre passage en 2018 de la Thaïlande, à Bangkok plus précisément, en l’incarnation d’un groupe au passif assez chargé, et au parcours plutôt diversifié. Ainsi, les SHAMBLES ont traversé les années en s’adaptant artistiquement parlant, puisque de débuts placés sous l’égide d’un Death brutal et teigneux, ils ont fini par se crasher sur un Death Doom tout aussi nauséeux, en passant par de multiples cases extrêmes, tâtant même du Grind et du Black avant de stabiliser leur optique, qui semble trouver sa plénitude depuis quelques années. Au moins une dirons-nous, celle qui sépare leur premier véritable LP de cet EP offert en cadeau de nouvelle année, qui s’annonce plus ou moins sombre si l’on se fie au contenu de la galette en question. Il faut dire que leur label n’a pas fait les choses à moitié, puisque vous pourrez dénicher Primitive Death Trance en vinyle et CD, outre la version dématérialisée déjà disponible sur le Bandcamp de Blood Harvest Records.
Je ne vais pas le cacher, rarement œuvre aura aussi bien portée son nom. Ici, la transe est en effet morbide, l’ambiance crasseuse, les murs recouverts de salpêtre dégoulinant, et les espoirs s’amenuisant au fur et à mesure des pistes. Le groupe (Chainarong Meeprasert – chant, Thinnarat Poungmanee – batterie, Issara Panyang et Thotsaphon Ayusuk – guitares et Kairudin – basse) a donc fait le choix de continuer le travail de sape des fondations de l’humanité entrepris sur Realm of Darkness Shrine paru l’année dernière, sans changer d’un iota leur philosophie extrémiste d’un Death vraiment crade et épais, mais en restant suffisamment imaginatifs pour ne pas trop verser dans la redite. Il faut dire que ces joyeux drilles ont quand même mis presque vingt ans pour enregistrer leur premier LP, ils devaient donc être suffisamment fixés sur leurs idées pour le graver à la postérité. Cette absence de publication officielle ne les a pas empêchés de sortir un maximum de démos et de splits depuis leur formation en 1997, dont quatre maquettes à la suite, aux directions diverses (Carnival of Bloodshed en 1998, Perish of God en 2003, Blasphemous Vengeance la même année, et Black Candles Magnetic Doom en 2014, soit un joli silence de plus de dix ans), ainsi que des faces partagées avec SAVAGE DEITY/EXHUMATION/BLASPHMACHINE et TRIANGLE OF FLAMES, et même un premier EP, Rise of Ill Omen en 2016, année décidément très fertile pour les maniaques de l’offense démoniaque. Mais au-delà de cette présentation se voulant exhaustive, que représentent donc les SHAMBLES en 2017 en termes d’extrême sauvage et impénitent ? Une forme très primitive et agressive de Death, maculée de tâches de Doom traumatiques, comme un anti Saint-Suaire retrouvé dans une vieille tombe abandonnée dans un cimetière de Bangkok. Plus d’explication, des métaphores, des comparaisons ? Soit.
Pour être plus explicite, je dirais que si votre rêve tordu le plus intime a toujours été de savoir ce que pourrait engendrer un coït fugace et post-mortem entre ENCOFFINATION et AUTOPSY comme créature immonde et immorale, vous serez ravi d’apprendre que vous avez été exaucé par les thaïlandais. Ils sont en effet parvenus à synthétiser la sauvagerie rauque du combo de Chris Reifert, et la douloureuse tendance suicidaire et funèbre du groupe de Ghoat et Elektrokutioner, en empruntant les guitares graves et lancinantes des seconds, et la simplicité barbare du premier. Le mélange est donc euphorisant pour tous les détraqués de la planète, mais se matérialise bizarrement par une efficacité indéniable, doublée d’un flair incontestable pour trousser des atmosphères vraiment mortifères. En substance, le pire du meilleur et le meilleur pour le pire, et surtout, beaucoup de douleur, mais de la pertinence, et une implication totale dans l’excès qui les rend quasiment irrésistibles. Impossible en effet de rester de marbre (quoique…) face à cette débauche de froideur ultime, qui ne semble concevoir le Death et le Doom que sous leurs aspects les plus violents et rebutants, un peu comme le témoignage live d’un embaumement suivi d’une mise en terre, agrémenté d’explications médico-légales énoncées d’une voix atonale. Le groupe se permet même de toiser les sommets autrefois conquis par GRAVE sur un morceau aussi définitif que « Hating Life », tout en rendant hommage à l’AUTOPSY de Mental Funeral, sans plagier ni l’un, ni l’autre (« Daemon »). Le parallèle avec ENCOFFINATION trouve sa validation au travers des passages les plus écrasants, qui pilonnent le Death pour le faire entrer dans un cercueil Doom aux boiseries pourries (« Illusion Of The Void », qui ridiculise en termes de puissance tous les combos Sludge de la création), et le tout fleure bon la putréfaction des corps qui nourrissent enfin des asticots qui commençaient à avoir faim.
Evidemment, tout ceci ne plaira pas à tout le monde, loin de là. Il faut vraiment se ranger dans la frange la plus puriste des esthètes du Death primitif, et dans la rangée la plus déprimée des admirateurs du Doom le plus renfermé pour trouver des qualités à Primitive Death Trance, mais si vous faites partie d’une de ces catégories, voire des deux, cet EP agira comme un mantra néfaste vous entraînant aux portes de la démence, ce qui je n’en doute pas, vous réjouira au plus haut point. Mais en optant pour un son gigantesque et glacial comme un vent de décembre, en multipliant les plans sans casser les ambiances, et en versant dans une outrance sans retenue, n’excluant pas une musicalité ténue, les thaïlandais hypnotisent de leurs rythmiques en marteau pilon et de leurs riffs processionnels, sans jamais tomber dans le grotesque, ce qui n’est pas un mince exploit. Là ou ENCOFFINATION lasse au bout de quelques morceaux, les SHAMBLES maintiennent l’intérêt, et achèvent de nous convaincre du bien-fondé de leur démarche biaisée. Alors oui, aujourd’hui c’était mon anniversaire, et je me suis fait plaisir en partageant le pire. Je vais maintenant souffler sur les bougies de mon gâteau, duquel dépasse un doigt ensanglanté. J’aime bien ma famille de dégénérés. Après toutes ces années, je ne parviens même plus à les choquer.
Titres de l'album:
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