Pour un peu, nous fêtions un anniversaire, et pas des moindres. En effet à un an près, les américains de WOLVES IN THE THRONE ROOM célébraient leurs vingt ans d’existence avec Primordial Arcana. Ils auraient pu mieux calculer leur coup, ce septième album étant un évènement qui aurait pu être encore plus grand, pour une célébration qu’ils auraient amplement méritée. Mais le long silence imposé à la suite de la publication de Thrice Woven devait être rompu, quatre ans étant un laps de temps suffisamment raisonnable pour revenir dans le giron des fans. C’est ce qu’ont dû se dire les frangins Weaver, ou pas, puisque ces deux-là ne fonctionnent qu’à l’instinct, et laissent leur inspiration guider leurs pas. Cette même inspiration qui les guide depuis Diadem of 12 Stars sur les chemins de traverse de l’expérimentation, sans vraiment le savoir, de façon tout à fait naturelle. Evacuons immédiatement le côté « précurseur » du groupe, qui en termes de BM atmosphérique s’est toujours rapproché de ses collègues d’AGALLOCH ou PANOPTICON, et a toujours incarné l’avant-garde de la première ligne US de violence harmonique. Car WOLVES IN THE THRONE ROOM est bien plus qu’un simple nom sur une légende ou l’inverse, et autre chose qu’un simple gimmick qui en son temps a fait le sien.
Quasiment vingt ans après son démarrage tonitruant et plus de dix après la fin de son triptyque encore incroyable Diadem of 12 Stars/Two Hunters/Black Cascade, WOLVES IN THE THRONE ROOM est apaisé car débarrassé de ses oripeaux de héros de l’underground, l’un des rares capables de rehausser le niveau du BM sans le distordre dans tous les sens. Son nom a toujours été évoqué pour incarner la relève de la grandeur scandinave en mode américain, et aujourd’hui, en 2021, le groupe profite enfin d’un statut chèrement acquis pour faire ce qui lui semble le plus juste : simplement jouer la musique qu’il ressent, célébrer la nature, l’union entre les différentes perceptions de l’art et l’environnement, sans chercher à défricher de terrain supplémentaire.
Enregistré comme il se doit dans cette fameuse « cabane en bois » faisant office de studio, construite pour l’occasion, Primordial Arcana est sans aucun doute possible l’album le plus personnel du trio. Premier à se dispenser totalement d’un regard extérieur, refus d’engager un producteur pour garder la mainmise sur le résultat final, c’est un album qui marque une pause, et qui synthétise tout ce que le groupe a pu proposer jusqu’à lors. D’aucuns diront à juste titre que cette dispense de quatrième homme entraîne une certaine complaisance dans la composition et l’agencement des idées, et l’opinion est assez juste. Ceci entraînera donc une certaine charge de déception chez les fans les plus accros à l’expérimentation, mais comblera de bonheur tous ceux ayant compris la finalité d’un tel concept : confronter la violence d’un monde sans pitié à la beauté de la nature environnante, la seule chose qui vaille encore le coup de se battre.
De fait, musicalement, cette septième épitre reste en terrain très balisé. Si le son est parfait, clair et puissant, et laissant la place à des nuances de taille, la globalité créative n’avance pas d’un pouce, et nous ramène presque en arrière, aux débuts du groupe, lorsqu’il se cherchait encore, alors même qu’il s’est trouvé depuis longtemps. La dualité conceptuelle n’est pas inintéressante en soi, et finalement, sans surprendre, Primordial Arcana surprend de sa perfection. Le fil rouge en clapotis d’eau sur fond venteux permet de se croire perdu en pleine forêt, avec cette eau fraîche et pure coulant entre vos doigts, et ces feuilles s’agitant sous un vent vous caressant les tempes. Loin des turpitudes blasphématoires ou des obsessions Viking de ses homologues de terrain, le trio américain préfère se focaliser sur les espèces vivantes, sur une échappatoire possible à cette folie ambiante. Avec ces claviers omniprésents en contrepoint, cette voix enterrée dans me mix comme un grondement lointain, la gravité de certains riffs qui témoignent de débuts en fanfare, ces huit morceaux sont un instantané fidèle du groupe en 2021, qui accuse une longue carrière consacrée à l’expérimentation. Mais cette expérimentation était tout sauf gratuite, et on en constate les résultats aujourd’hui : la musique est arrivée à maturation, et il y a fort à parier que le groupe n’ira pas plus loin ni plus haut.
D’ailleurs, « Mountain Magick » donne le ton de son intro Ambient et presque Post-Rock. Quelques notes éparses, le vent, les bruits des oiseaux et de la nature, pour un accueil sous la pluie. Presque chamanique, ce premier morceau indique que les frères Weaver ont atteint leur nirvana personnel, et qu’ils comptent bien nous y accueillir.
Sans connaître le nom de WOLVES IN THE THRONE ROOM, Primordial Arcana serait immédiatement considéré comme une œuvre majeure du Black Metal atmosphérique. Seul ce nom célèbre empêche l’album d’accéder à ce statut, problème récurrent rencontré par les vrais leaders qui ont déjà donné naissance à des travaux pharaoniques et responsables d’avancées majeures. Il est certain que le mysticisme des premiers albums en est presque absent, une certaine quiétude animant l‘ensemble. La lenteur et la lancinance de « Spirit of Lightning » et ses arrangements, célébrant le BATHORY le plus impérial, la grandiloquence de « Underworld Aurora » et ses percussions apocalyptiques, les ambitions claires et gigantesques de « Masters of Rain and Storm » et ses dix minutes de riffs accrocheurs sur tapis de synthés discrets mais bien présents, les ingrédients sont donc dosés avec un soin particulier, et la perfection n’est pas si éloignée qu’elle n’en avait l’air aux premières minutes de prise de contact.
WOLVES IN THE THRONE ROOM se met donc à nu avec cet album et restreint son champ d’action à sa zone de confort. Rien ne viendra vous déstabiliser ni vous effrayer sur ce disque, pas même sa pochette en nature morte. Car la nature est bien vivante dans l’esprit de ces trois musiciens qui depuis longtemps, ont compris l’essentiel : la terre, le feu, l’eau, l’air, et tout ce qui nous permet de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure. Presque apaisé dans sa colère, Primordial Arcana est bien un arcane primal, et le signe que les américains ont gagné leurs galons sans avoir à mériter encore plus d’épreuves à relever.
Les loups sont lâchés sous la pleine lune, mais dorment su sommeil des justes. La salle du trône n’est plus menacée depuis longtemps.
Titres de l’album:
01. Mountain Magick
02. Spirit of Lightning
03. Through Eternal Fields
04. Primal Chasm (Gift of Fire)
05. Underworld Aurora
06. Masters of Rain and Storm
07. Eostre
08. Skyclad Passage
Des loups dans les chiottes. Très fin comme nom de groupe...
La musique est à l'avenant: bien chiasseuse.
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