Voilà un groupe éminemment sympathique qui n’hésite pas à forcer sur les détails au moment de coucher sa bio sur Facebook…Nous avons donc droit à tout le parcours du groupe depuis ses débuts en tant que cover band, en 2008, ses différentes étapes de carrière, ses concerts, ses enregistrements, mais aussi pas mal d’autres infos, que les hispanophones comprendront mieux que les autres…
Car ces cinq-là nous viennent de Santiago du Chili, terre Hardcore consacrée, qui pourtant ne rechigne pas à loucher du côté de la puissance Metal pour agrémenter ses riffs Rock’n’Core. D’ailleurs, les TESTICULOS DE JEHOVA (tout le monde aura compris, même ceux pour qui l’espagnol reste du charabia intraduisible) l’avouent eux-mêmes, les frontières de style ne sont pas leur truc, et le crossover reste leur mode d’expression préféré. Sauf qu’ils l’assaisonnent à leur façon, bien pimentée évidemment, ce qui aboutit à une mixture bien relevée, mais surtout très goûtue et addictive.
Crossover donc, un peu à la façon d’un SUICIDAL tapant le skate avec les MUNICIPAL WASTE dans la piscine abandonnée d’une faille spatio-temporelle. En plus d’une occasion, on croit reconnaître quelques plans et astuces qui constellaient les premiers efforts de la bande à Mike Muir, mais aussi l’explosion de la scène sud-américaine des années 90, lorsque la transition entre Metal et Hardcore n’avait plus lieu d’être, et laissait la place à une osmose entre les deux scènes.
Beaucoup d’énergie donc, de la bonne humeur, mais aussi des morceaux hauts en couleur qui nous ramènent à la grande époque Core des glorieuses 80’s, pour une inspiration multiple qui bouffe un peu à tous les râteliers. Mais attention, point de pillage à l’horizon, plutôt une ouverture d’esprit de bon ton, qui sert d’ailleurs de fil rouge à la discographie du groupe.
Et ainsi, après un initial Escupe los Viejos Dogmas!! format EP publié en 2012, et une suite longue durée Tarroterapia! deux ans après, les TESTICULOS DE JEHOVA nous en reviennent donc avec ce Principio de la Fuerza, qui ne déroge à aucune règle pré établie, et qui continue le combat contre la morosité à grands coups de riffs francs et massifs, et de rythmiques ne l’étant pas moins. Aux commandes de la troupe, cinq potes (Loco Toto – chant, Gato & Tronko – guitares, Pozo – basse et Pablito – batterie) qui se connaissent bien, et qui savent ce qu’ils veulent. Jouer fort, vite, mais rester mesurés et compréhensibles pour ne pas s’aliéner une frange importante du public extrême. Dès lors, et en onze morceaux, les chiliens font le tour de la question Core résolue façon Metal, mais ayant gardé ses racines Punk et son inspiration ibère. Une musique très dynamique donc, qui ne tombe jamais dans le piège fatal du chaos désorganisé, ni dans celui tout aussi dangereux de la mièvrerie mélodique. Et même si on pense parfois à une version métallisée des KORTATU, l’ambiance générale festive nous permet d’affranchir toute influence trop marquée, même si le groupe n’hésite pas à en citer.
Ainsi, les noms de LOS MUERTOS DE CRISTO, VIOLATOR, LOS CRUDOS, FISKALES ADHOK, SLAYER, DEAD KENNEDYS, PANTERA, MOTORHEAD, ou 2 MINUTOS sont relayés sur leur page Facebook, sans qu’aucun ne soit usurpé ou hors contexte. Et si les couilles de Jésus n’ont pas la puissance divine de PANTERA ou SLAYER, ils ont par contre gardé la foi de Lemmy dans leurs psaumes, dont certains auraient pu être interprétés et composés par la tête de moteur (« Presa Facil »).
Hardcore, Thrash, mais surtout Rock, ce que ne dément pas l’ouverture tonitruante de « Principio De La Fuerza », qui cavale comme un dératé, mais se fixe sur un thème de guitare mélodique appuyé. Chant clair et très Core, chœurs guerriers mais pas du genre hooligan affamé, ligne conductrice logique et sans surprise, c’est une bonne saillie qui entame les hostilités avec l’hostie frappée à la main, qu’on avale de bon cœur sans penser au lendemain.
Hésitant entre pièces conséquentes et embardées plus fugaces, les chiliens nous offrent donc un LP qui bondit et rebondit, suggérant parfois une version très légère des débuts de SLAYER (« Falta De Dinero », argent, nerf de la guerre), ou une adaptation sudiste de la colère blanche des MINOR THREAT (« Basta » et son refrain entêtant et hystérique).
Parfois, l’ambition prend le dessus sur l’instinct, et les allumés se calment pendant quelques instants pour développer un sens inné de l’ambiance empesée (« Al Vacio », ou comment réunir dans un même crédo MOTORHEAD et les CLASH), sans pour autant oublier de balancer la sauce sur les badauds assistant à la crucifixion l’air hébété (« Juventud », la jeunesse emmerde les règles et les limites de vitesse).
D’ailleurs, le trip se termine sur une reprise bien cachée des RAMONES honorés (« Sacate Una Pilsen », cover de « My Brain is Hanging Upside Down” (Bonzo goes to Bitburg) » très respectable), qui ne dénote absolument pas dans le répertoire original des chiliens.
Les RAMONES, influence de plus ? Oui, pour cette façon d’aborder le Hardcore comme une extension du Rock N’Roll, tout comme MOTORHEAD tournait le dos aux querelles de styles en amalgamant le Punk, le Hard-Rock et le Rock dans une même explosion de guitares rebelles.
Ici, pas de question à se poser inutilement, les TESTICULOS DE JEHOVA n’y répondront pas. A vous de voir ce que vous voulez entendre dans leur musique, ils se contentent de la jouer, et plutôt bien, dans une atmosphère qui sent bon les bars de Santiago, et les samedis soir de héros.
Un Crossover assez personnel qui plaira sans doute plus aux fans de Hardcore qu’aux mordus de Thrashcore, mais qui reste pertinent, joyeux et incandescent.
Il est certain que Dieu leur pardonnera ce léger blasphème envers son fils, contaminé par l’allant et la foi qu’ils injectent à leur musique de leur talent.
Titres de l'album:
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