Deux concepts pour le prix d’un. D’un côté, l’un des groupes suédois les plus appréciés et célébrés, THE POODLES, qui depuis la sortie de Metal Will Stand Tall il y a plus de douze ans occupe une place importante dans le cœur des fans de Hard mélodique et exotique, et qui nous avait laissés sur une excellente impression en 2015 avec son imparable Devil in the Details. Il faut quand même avouer que le gang de Stockholm n’a jamais vraiment déçu, et que depuis ses débuts il a aligné les sorties impeccables, transcendant la mélodie via l’énergie, et sublimant l’harmonie de son envie, ce qui en fait aujourd’hui l’un des groupes les plus respectés de son pays. De l’autre côté, un exercice de style légèrement biaisé, et dangereusement calibré, celui de l’album de reprises, qui en a laissé plus d’un sur le carreau. Je ne vais certainement pas recenser en ces lignes tous les artistes s’étant essayé au petit jeu de l’appropriation, ni ranger à gauche de la ligne ceux qui se sont bien ramassés, pour comptabiliser les rares à droite ayant transformé l’essai. Souvent, ce défi est plutôt une façon de relâcher la pression, et d’abandonner la composition pour s’intéresser à celles des autres, en optant soit pour un panaché de classiques bien tassés, soit pour d’obscures relectures d’obscurs morceaux que seule une frange d’initiés connaît. Quelle fut donc l’approche du quatuor (Christian "Kicken" Lundqvist - batterie, Jakob Samuel - chant, Henrik Bergqvist - guitare et Germain Leth - basse), qui avec Prisma nous propose donc sa propre version de l’histoire musicale, ou plutôt, « d’une » histoire musicale ? Un truc plutôt intéressant sur le papier, puisque la seule contrainte imposée était d’opter pour des artistes et chansons très éloignés de leurs préoccupations métallisés, et sous cet aspect-là, l’entreprise est une vraie réussite, puisque les suédois ont tapé large sans pour autant jouer la facilité. Et m’est d’avis que certaines appropriations surprendront même les plus ouverts, qui n’auraient jamais envisagé leur groupe fétiche s’essayer à l’élargissement intégral…
Qui dit album de covers, dit fatalement tracklisting, et celui de Prisma permet justement d’apprécier un prisme aux multiples reflets, effectivement assez différents de l’image usuelle des POODLES. En regardant par les facettes brillantes, on y voit quelques « presque » morceaux connus, d’autres plus incongrus, et une poignée de classiques qui méritaient en effet une relecture moins figée. Connaissant les inclinaisons des suédois à ne jamais rien faire comme tout le monde, il n’est donc pas surprenant de retrouver accrochées à leur musette des photos d’artistes comme DEPECHE MODE (dont l’œuvre globale semble être beaucoup mieux acceptée par les rockeurs d’aujourd’hui que par ceux du passé, qui n’avaient de cesse de les mépriser), SWEDISH HOUSE MAFIA (clin d’œil national oblige) ou même les FLEETWOOD MAC, mais on ressent un plus grand étonnement à les savoir proches d’Adèle, des OSMONDS, tout en admettant qu’ils ont un peu triché avec leur principe en s’accordant un instant interne, via le « Soldiers Of Fortune » de DEEP PURPLE, alors même qu’ils réfutaient toute accointance avec leur univers à la base. Mais pardonnons-leur cette allégeance à Stormbringer, puisqu’elle passe admirablement bien la rampe, comme la majeure partie du répertoire rafraîchi. Ces choix divers refusent évidemment tout intimisme, puisque même les références les plus nuancées se retrouvent transfigurées Rock entre leurs mains passionnées, transcendant même les inflexions Soul de la belle Adèle en reliftant son « Set Fire To The Rain » façon AOR à la suédoise, tout en emphase dramatique et harmonies fédératrices. Et cet album permet de donc de vérifier l’adage qui affirme qu’une bonne chanson le reste même reprise par des artistes pas vraiment délicats, puisque la plupart des presque standards appropriés ont gardé leur magie initiale, tout en restant parfois très proche de leur version originale. C’est le cas de l’imputrescible « Go Your Own Way » des MAC, qui à la sauce POODLES n’offre que peu d’inédit, à part une surcharge de production qui démultiplie la force des guitares au point de faire glisser le tube d’un ciselage californien à une tuerie scandinave. Mais s’en plaindrait-on pour autant ? Non, puisque le principe était connu à l’avance et qu’il vaut mieux l’accepter pour ce qu’il est.
Mais parfois, le quatuor du froid s’amuse beaucoup à déformer pour faire épouser aux chansons les formes qu’ils souhaitent leur faire adopter, ce qui nous donne de petites perles comme cette version très Hard-FM de « Maniac » de Michael Sembello, nous éloignant de fait des pistes de danse pour nous rapprocher des barrières d’un concert. Arpèges, riffs qui tombent comme la pluie hors-saison, performance vocale en nuance, pour une grosse différence, et surtout, la preuve qu’un hit peut revêtir bien des visages pour peu que ses repreneurs ne fassent pas une montagne du respect qu’il sont censés lui devoir. C’est le concept même de ce prisme mis en avant par le titre et la pochette (très réussie d’ailleurs), qui se concrétise par des allers retours entre Rock, Pop, et même électronique épileptique, puisque les POODLES osent l’improbable en s’acoquinant méchamment avec un alien dont le nom fera certainement chuter quelques cheveux sur le front, en la personne du blondinet des platines David Guetta. Jakob Samuel et sa bande n’ont pas hésité à se frotter à sa scie radiophonique « Love Is Gone », pour une transposition qui ne manque pas de charme, avec distorsion grasse sur beat up tempo presque disco. On découvre donc une autre facette de ce groupe, très ouvert et pas effrayé par des défis à relever, bien que ce titre ne constitue pas le haut fait d’un album qui contient des segments bien plus malins. Ainsi, le « Crazy Horse » des OSMONDS en ouverture constitue une surprise bien plus appréciée, avec son chant enflammé, son riff démultiplié, et son énergie mélodisée. L’autre changement de braquet nous permet de gravir la montagne DEPECHE MODE par son versant le moins éclairé, et « It’s No Good » de devenir un tube Industrialo-Groove monstrueux, liquoreux, au goût prononcé et à l’assombrissement tamisé. Mais vous le savez, une bonne chanson…enfin vous avez compris le principe.
Le « Call Me » de BLONDIE aurait de quoi incruster des fourmis dans les belles jambes de la craquante Debbie, transformant son Pop-Rock moroderisé à l’époque en monstrueux Boogie, tandis que le sublime « Goodbye Yellow Brick Road » de sir Elton JOHN ne pâtit pas trop d’une charge de taureau, et trouve même un surplus de groove sur ses couplets, tandis que le crescendo évoque volontiers une version Broadway d’une des plus belles chansons du maestro. Pardonnez à votre serviteur une passion pour cet artiste, et de considérer cette appropriation comme le sommet d’un album qui ne redescend qu’en de rares occasions, mais le mélange des voix, la tension dramatique en font la plus belle preuve qu’avec un peu d’intelligence et de passion, un classique peut connaître une seconde jeunesse sans être dénaturé de ses prouesses. Mais le final tout en tendresse de « Soldier Of Fortune » vaut aussi son pesant de reconnaissance, puisque les suédois ont respecté le modèle original, et lui ont même insufflé un peu de folklore local, le transformant en transhumance de l’âme. Une façon de nous saluer en toute intimité, et d’offrir à Prisma l’épilogue qu’il méritait, évoquant même le EUROPE de ces dernières années… Deux concepts pour le prix d’un, pour une franche réussite, dans un domaine qui ne supporte ni la gratuité, ni la facilité. Mais en choisissant de n’en faire qu’à leur tête, THE POODLES nous prouvent qu’ils sont aussi grands dans l’originalité que dans le pilotage guidé. Prisma ne se contentera donc pas du côté gauche de la ligne en compagnie de tous ceux s’étant lamentablement vautrés, et passe la rampe avec succès, par son audace, et ses choix diversifiés.
Titres de l'album:
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