En 1999, BEANSIDHE se forme à Bellinzone, dans le Tessin, en Suisse. Cinq ans plus tard, le groupe publie sa première démo. Six ans plus tard, son premier EP (De Mortis Eloquentia). Cinq ans plus tard, son premier longue-durée (Mónt), et six ans plus tard, son second album, Processionaria dont nous allons parler aujourd’hui. Courte introduction pour souligner que les suisses ne sont pas du genre pressé, et qu’ils prennent leur temps pour peaufiner leurs apparitions, au grand dam de leur fans les plus hardcore. Mais ces longues périodes de silence et de frustration sont toujours comblées par des instants de satisfaction intense, lorsque le quintet daigne enfin donner la becquée à son public via une musique toujours aussi brutale et complexe à définir. Si la toile et les sites abordant leur cas aiment à parler d’un Death Thrash vraiment touffu, d’autres évoquent un Black Death avec bases Thrash, qui convient en effet mieux à leur approche franche. Et si le combo aime à déclarer - argument promotionnel oblige - que leur petit dernier est le plus intelligent est pertinent de la famille, autant dire que cette fois-ci, ils ont totalement raison, tant ce Processionaria développe de belles ambiances violentes et de jolies atmosphères décadentes et acides.
Entièrement chanté en dialecte local du Tessin, ce second long des suisses est donc une jolie affaire extrême. Proposant un bestiaire folklorique assez fascinant, où les créatures se succèdent les unes aux autres dans la narration, Processionaria vient donc combler les vides avec beaucoup de pertinence, et ne laisse aucune place à l’approximation. Doté d’un son gigantesque, d’une rythmique abrupte et de textures de guitares empruntes du formalisme en vogue dans les années 90 du côté de la Suède et de la Norvège, il continue le voyage entrepris dès De Mortis Eloquentia et brillamment poursuivi à grandes enjambées par Mónt. Enregistré et mixé en 2020 au Stairway Studio, en Suisse, il explose dès le titre d’entame pour ne laisser l’incendie s’éteindre qu’à son terme, et provoque, bouscule, intrigue, et laisse parfois perplexe. Si « Processionaria » sonne comme du pur BM des nineties remis au goût du jour nostalgique des années 2010, les choses se compliquent avec « Föi », qui s’éloigne d’un schéma que l’on pensait bien établi pour ouvrir des pistes différentes.
Aussi brutal qu’il n’est mélodique, ce second longue-durée scelle l’unité d’un line up définitif depuis 2014, et centré autour des deux membres d’origine que sont Eli (batterie) et Piter (guitare). Entourés de Paride à la basse et de Cez au chant, depuis sept ans, les deux leaders font donc perdurer l’héritage, et nous offrent une belle démonstration de sauvagerie maîtrisée, qui se situe en convergence de tous les styles extrêmes actuels. Un peu de Death donc sur les passages les plus graves, du Black lorsque la machine s’emballe, mais aussi un peu de Heavy Metal épique qui colle si bien à l’utilisation de ce dialecte local, et en seulement six morceaux pour trente-cinq minutes de musique, BEANSIDHE parvient à s’excuser facilement de ses longues absences. On est pris de passion pour des intros aussi aplatissantes que celle de « Föi », qui nous replonge dans les ténèbres des années 90 d’Holy Records et d’Adipocere, alors que le décidément très brutal « Viandant » trempe sa plume dans le vice BM de la seconde génération nordique.
Avec de nombreux breaks, de nombreuses digressions, et un sens de l’à-propos mélodique toujours très affuté, BEANSIDHE prouve que l’âge ne fait qu’accroitre sa lucidité, et son sens de la concision. Pas une seconde n’est perdue à développer un argument stérile, et malgré l’agression permanente de cette rythmique qui ne se repose jamais, on ne se retrouve pas étouffé sous la haine viscérale, mais bien captivé par ces légendes qu’on ne comprend pas, mais que la musique met en relief avec beaucoup de passion. Alternance de riffs impitoyables et distordus à l’extrême et arpèges électriques plus posés, jeu de percussion très intelligent, arrangements fouillés et omniprésents, tout est fait pour nous immerger dans l’histoire d’une région, et on se laisse entraîner dans ce voyage dans le passé sans opposer de résistance. Certes, parfois, les idées semblent réutilisées, certes parfois le chant est un peu redondant et manque de nuances, mais l’instrumental est ciselé, suffisamment brut pour convaincre les réfractaires à la sophistication, mais largement assez élaboré pour persuader les esthètes du caractère fondamental de l’œuvre.
Je concède un petit coup de cœur pour le long et éprouvant « Nocc » et son rythme bancal soutenu par des arpèges vraiment acides, mais l’ensemble de l’œuvre est un travail d’importance, et si « Fin » ose enfin des choses plus délicates, elle laisse traîner derrière elle un parfum de nostalgie violente qui donne envie de reprendre la lecture musicale au début.
Beau retour dans la lumière pour les BEANSIDHE, qui sans se réinventer ni révolutionner leur propre créneau proposent une suite tout à fait cohérente, et artistiquement ambitieuse.
Titres de l’album:
01. Processionaria
02. Föi
03. Viandant
04. Castegn
05. Nocc
06. Fin
Je tombe sur la chronique et ce visuel de groupe intrigant. Cette nouvelle offrande est franchement pas mal, à confirmer avec plus d'écoutes.
01/04/2025, 15:21
On en parle des groupes qui tournent en Israël ? (Comment ça, je trolle ?)Alors, pour moi [qui suis à 200% pro-ukrainien pour ce qui concerne le conflit actuel et 0% russophobe (je considère qu'il y a une différence entre la Russie et la Russie de Pout(...)
31/03/2025, 21:24
Bon...Je viens de me bouffer à peu près la première moitié de leur discographie là...Comme dirait le penseur, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.J'aurai essayé ma foi... ... ...
31/03/2025, 09:08
Quand je vois certains commentaires ici, on mesure à quel point la France (et pas que) est gangréné par les idiots utiles de la Russie. J'aimerais bien vous y voir si ce dégénéré de Poutine avait envahi la France : comment l'auriez-vous j(...)
31/03/2025, 08:54
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47