Procul His

Drowned

26/01/2024

Sepulchral Voice Records

On peut rester actif après une bonne bière. On peut aussi rester actif sans donner de nouvelles, et ce, sur plusieurs décennies. C’est le cas du trio allemand DROWNED, présent depuis 1992 et productif dès l’année suivante par le biais de démos. Il y en a d’ailleurs sept au tableau d’horreur de ce groupe de Berlin, étalées sur plus de vingt ans, et qui témoignent de l’importance du concept dans l’underground. Après un EP en 1998, il a fallu attendre 2014 pour que le trio daigne enfin nous gratifier d’un album en bonne et due forme, Idola Specus, qui une fois sorti a initié une nouvelle pause de…dix ans.

DROWNED ne fait donc clairement pas partie du clan des adorateurs de Rogga Johansson, et refuse d’occuper le terrain comme un envahisseur en pays conquis. Non, les berlinois seraient plutôt du genre discrets, mais efficaces, car chacune de leurs frappes est précise, ciblée, et parfaitement programmée.    

Procul His, pur produit de la sidérurgie germaine, louche pourtant méchamment du côté de l’Amérique et en direction de la Suède. Une sorte de strabisme divergent, qui permet d’avoir une vue d’ensemble, et de synthétiser tout un pan d’histoire macabre, sans donner l’impression de ne pas pouvoir exister sans ses influences.

Tlmnn (guitare et membre fondateur), G.ST (basse/chant) et T.E (batterie) nous proposent donc une petite marche dans les catacombes de l’humanité, aux parois qui suintent et aux cranes qui suppurent. Le trip est vraiment intense, autant que peut l’être une visite guidée des bas-fonds du Death Metal le plus oppressant et traditionnel, et laisse une sensation de fourmis dans les jambes et de crampes à force de se baisser ou de traîner les pieds.

Aussi classique que peut l’être un crossover international, ce deuxième longue-durée est parfait pour animer vos longues soirées d’hiver monotones, passées à ressasser le passé en écoutant de vieux tubes moisis, quelque part entre INCANTATION, DISMA, ANTEDILUVIAN ou BOLZER.

Du rustre de chez rustre donc, sans aucune bonne manière, garanti décharné comme le cadavre d’un pauvre homme retrouvé dans le fossé dans la banlieue de Berlin. Excellemment produit pour sonner encore plus fané que sa musique, Procul His est un petit concentré de champignons sur un morceau de viande faisandée, et un plan dessiné par ces petits asticots qui grouillent à la surface de la bidoche. C’est donc assez traumatique, les riffs évidemment tournoient comme des rapaces, alors que la voix nous rapproche du CANCER le plus terminal de l’orée des nineties.

Une petite touche de Doom, un soupçon de Black pour corser l’affaire mais surtout, des ambitions qui se concrétisent dans des structures évolutives, presque progressives, et en tout cas suffisamment riches pour apporter à ce disque une grosse plus-value. Avec quelques intéressantes variations de rythme, des accélérations soudaines bien maitrisées et un catalogue d’idées suffisamment large pour piocher sans retenue, DROWNED évite de se noyer dans son propre verre d’eau, et parvient à réconcilier Tampa et Stockholm avec beaucoup de diplomatie.

La caution germaine se cache dans les arrangements rêches et l’attitude inflexible, malgré la présence de quelques mélodies agonisantes qui agrémentent les titres les plus intenses (« Man In Devil In Man »).

Du très bon boulot donc, qui excuse partiellement cette discrétion de publication. D’autant que sur sa longueur, ce nouveau chapitre supporte les itérations et autres répétitions, en variant les riffs et les thèmes, tout en gardant sa logique sous le coude. De fait, le long et final « Chryseos Vas » développe un résumé très probant de toute l’entreprise, excusant la décennie passée dans l’ombre à faire mourir les fans d’inquiétude.  

DROWNED revient donc dans la pénombre, en passant fugacement dans la lumière. Un Death crédible, traditionnel, mais joué par des passionnés qui étaient là en temps et en heure. On ne demandera rien de plus à un disque fondé sur une philosophie old-school, l’intérêt étant justement de retrouver des sensations morbides déjà appréciées il y a trente ans.

Oui, le temps passe bien aussi vite, et nous allons tous crever. Alors autant s’y préparer.    

   

 

Titres de l'album :

01. Star Tower

02. Phantom Stairs

03. Corpse God

04. Malachite Mirror

05. Man In Devil In Man

06. Blue Moth Vault

07. Seed Of Bones

08. Chryseos Vas


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par mortne2001 le 12/04/2024 à 17:49
78 %    384
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