C’est déjà l’heure du quatrième album pour les portoricains d’AVANDRA, qui depuis 2017 sont d’une régularité exemplaire. Suite à la parution de Tymora cette même année, le groupe de San Juan s’est attiré les faveurs d’un following fidèle et friand de Metal Progressif à tendance Rock, ce que Descender a rapidement confirmé. Le superbe Skylighting a ensuite marqué 2020 de son empreinte, et aujourd’hui, c’est son successeur Prodigal qui se soumet au jugement d’un public exigeant, et scrutant le moindre détail et le moindre arrangement.
Alors, retour du fils prodigue ? Absolument, et avec une heure et quatre minutes de musique, le bébé est bien joufflu, mais possède les qualités techniques d’un adulte en pleine maturité. Enrobé une fois encore dans une production parfaite, ce nouveau chapitre de la saga AVANDRA reste fidèle au label de qualité d’un Progressif mouvant, sinueux, mélodique et intelligent, évitant les passages obligés et les figures imposées pour louvoyer entre Rock classique et classieux, et extrême belliqueux et hargneux. Entre deux harmonies sublimes de fragilité, le quatuor (Adrián Arroyo - batterie, Christian Ayala - guitare/chant, Luis Javier Rivera Guilbot - guitare et José Miguel Vázquez - basse) impose des montées en puissance qui ne sont pas sans rappeler les débuts d’OPETH, et cette dualité fait le charme d’un disque qu’on sait magnifique dès les premières notes.
A vrai dire, c’est « The Downpour » qui a achevé de me convaincre du potentiel de magnum opus de cette quatrième réalisation. En six petites minutes, AVANDRA résume cinquante ans de Progressif, Metal, Rock, Post-Rock, mélange PINK FLOYD à OPETH, PORCUPINE TREE à CYNIC et nous laisse hébétés face à tant de beauté instrumentale. Rarement disque ne m’a emporté aussi rapidement dans son univers sans vraiment s’éloigner de sa base d’inspiration, et Prodigal, entre prodige et confirmation, met en lumière le talent de composition de Christian Ayala, créateur totalement libre qui va où le vent musical le porte.
Evoquant parfois le MARILLION des années Hogarth, AVANDRA présente une œuvre pastorale, aux mélodies automnales, tirant même sur un hiver blanc apaisant les sens. « New Beginnings » et sa subtilité peint une esquisse de nouvelle vie, entre intimité et pudeur, et le jeu de batterie incroyablement inventif d’Adrián Arroyo permet de faire glisser le tout comme un panorama dévoilé touche par touche, impression renforcée par le chant toujours aussi doux de Christian.
Chant doux qui se transforme soudainement en grognement sourd, au fur et à mesure de l’inspiration, qui passe du contemplatif à l’actif, du beau au sordide, du pastel aux teintes sombres, sans paraître bipolaire ou cyclothymique. « A Trace Of Home » joue sur cette opposition avec beaucoup de réalisme, confrontant DREAM THEATER à Neal Morse, pour obtenir un tableau truffé de nuances et de petites précisions de pinceau.
Sans vraiment prendre ses distances avec le champ d’action Progressif classique, AVANDRA parvient à exprimer ses propres idées et à mettre en avant sa personnalité, ce qui n’est que plus remarquable. Parties de claviers délicieuses et riffs musclés, harmonies vocales et breaks impromptus, régularité rythmique contre densité des textures, Prodigal use de toutes les armes possibles pour exister par lui-même, et offre donc une belle continuité pour l’œuvre du groupe.
Pas d’énorme pavé de plus de quinze minutes, mais une poignée de titres plus longs que la moyenne, et surtout, de la variété, de l’envie, de l’énergie, et une façon de traiter le Hard-Rock au prisme des mélodies Pop. Véritable moment de génie, « In Memoriam » laisse enfin les techniciens s’exprimer, par le biais de fills, de riffs inextricables, de juxtaposition de double grosse caisse et de lignes de claviers, et d’enchaînements logiques qui tombent sous le sens, mais qui n’en sont pas moins admirables.
De la poésie musicale pour un langage universel, sorte d’espéranto moderne, Prodigal parlera donc à tous les fans de Progressif, qu’ils soient réceptifs au Metal ou non. Là est le point fort de cet album, ce côté fédérateur mais pas putassier qui lui permet de rester précieux sans paraître élitiste, et susceptible d’accueillir tous les publics. Certains souligneront parfois le manque de puissance et ce réflexe de s’abriter derrière les ambiances pour exprimer ses émotions, mais la puissance justement est employée à bon escient, pour provoquer un choc sensoriel encore plus grand, ce que « Facing An Armored Dreadnaught » souligne de son entame purement Death.
Constamment sur la brèche, jouant sur plusieurs niveaux, AVANDRA confirme sa singularité sur le marché. Entre Néo-Prog, Prog traditionnel et Post-Rock mélodique, Prodigal joue à cache-cache avec les étiquettes, pour finalement n’en imposer qu’une seule, naturelle et sans fard : la musique. Oui, ça peut sembler lénifiant, mais AVANDRA ne joue pas de Progressif, mais juste une musique sublime, sensible, forte et fragile à la fois, ce qui permet de s’immerger dans un album aux contours polis et à la narration passionnante.
Plus d’une heure de voyage, plus d’une heure de passion, pour un résultat évidemment sans failles. C’est désormais une constante avec AVANDRA, qui d’album en album tisse sa toile, et prend au piège tous les amoureux d’un Rock précis et harmonieux. De quoi s’évader, de quoi supporter ce quotidien en forme d’Ouroboros qui nous avale jour après jour.
Un peu de beauté ne peut faire de mal à personne.
Titres de l’album :
01. Codename: Pharaoh
02. The Downpour
03. New Beginnings
04. A Trace Of Home
05. In Träumen
06. In Memoriam
07. Facing An Armored Dreadnaught
08. Dissembling The Artifice
09. The Earth Inside
10. Daybreak
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