La France a son groupe de Crust/Grind. Oui, dit comme ça, c’est un peu péremptoire, genre « après moi le déluge », mais ça fait quand même plaisir à remarquer et à souligner. Mais nous savons déjà que notre beau pays n’est jamais le dernier à éructer et vociférer pour le plus grand plaisir des bestiaux qui en composent la faune de fans, et l’adjonction de cette nouvelle entrée PROJECT FOR BASTARD va méchamment faire plaisir à tous les accros du Powerviolence, du Crust, du Grind, et de toutes ces extensions boucanières qui font tourner le lait des vaches et qui percent un peu plus la couche d’ozone. Nous en venant de Lille, ce quatuor de bâtards (Chris - chant, Kingsize - basse, Greg - guitare et Yuss - batterie) n’a pas l’intention de faire avancer les choses mais bien de les bousculer, genre chamboule-tout puissance mille avec à la clef une peluche de leur zob pour offrir aux enfants. Nonobstant ce trait d’esprit grivois et déplacé, autant avouer que ces quatre salopiauds n’ont pas le verbe dans leur poche et la verve dans leur braguette, puisque ce (moyennement) long est tout à fait délicieux dans son obstination à foutre le bordel, à la manière d’une récréation qui tourne mal et qui envoie trois élèves à l’infirmerie. Se réclamant ouvertement des genres les plus bruyants (Grind / Crust / Metal / Death / Harcore / Black / Thrash...et les trois petits points en disent long…), et décrivant leur barouf avec une simplicité désarmante (un mélange de blasts, de cris, de powerchords et de crunch, avec ça vous avez compris), les PROJECT FOR BASTARD se situent dans la plus droite lignée des beugleurs UK et suédois, assumant le Crust comme le legs inévitable laissé par les DISCHARGE et EXTREME NOISE TERROR, le Grind comme cadeau emballée par les ND et déballé par les ASSUCK, le Powerviolence comme de gros tarés qui transposent les RAMONES dans un vocable CLOSET WITCH, et le reste…à l’avenant.
Quatorze morceaux pour à peine plus de vingt minutes, vous imaginez déjà le tableau, et vous avez raison de le penser souillé de brutalité. Mais cette brutalité-là est plutôt bon enfant, et assez éloignée des turpitudes les plus Gore et Noise. Ici, on pratique l’artisanat local, celui du Nord de la France qui assume ses penchants les plus déviants, mais qui a le mérite de le faire avec amour et humanité. Ainsi, point de batterie en mode marteau-piqueur de studio, pas de voix traitée pour faire peur aux gorets, mais bien un Crust/Grind qui n’a pas oublié que le genre devait garder dimension humaine pour encore faire vibrer. Et pour vibrer, on vibre, un peu comme sur le lit d’un motel crasseux au fin fond du New-Jersey, avec des pièces de 50c pour mettre dans la fente et se payer un massage bien musclé. Tout ça sent évidemment très bon la soue et le poulailler, mais surtout les clubs moites, les caves transformées en locaux de répétition, et évidemment, la passion, puisque les instrumentistes impliqués savent jouer. Et comme les blagues les plus brutales sont toujours les plus préparées et affinées (école Jackass, bien sûr), ces quatorze galéjades au tempo épileptique ont bénéficié d’un soin particulier apporté au niveau des riffs et de la rythmique. Si le chant de Chris est hurlé à pleins poumons, si la batterie de Yuss semble faire de la concurrence à la moissonneuse-batteuse de Jean-Michel, éleveur ovin, les riffs qui sortent de la guitare de Greg ne font pas semblant de couper du bois comme Charles Ingalls, mais en envoient un sacré paquet, allant piocher leur inspiration dans le meilleur de la scène de Birmingham des années 80. On pense aussi à la scène japonaise des S.O.B, et à l’activisme Powerviolence US de ces dernières années, et donc au meilleur puisque les lillois sont aux abois. Et d’ailleurs, ça aboie sec, ça ventile tout autant, et on ramasse ses dents après avoir encaissé quatorze uppercuts consécutifs.
Aussi concentré qu’un suppo glacé, Project For Bastards est plus qu’un LP, c’est une ode dédiée à la bestialité maîtrisée, et surtout, à l’art consommé de faire du bruit tout en restant musical. De temps en temps, on glisse sur une flaque un peu plus Gore que la moyenne (« Jesus », un troupeau de cochons qui assistent à la résurrection, ça fait du bruit et c’est bon), mais on pense quand même à parler du troupeau, via ses boucs (« Son Of The Goat », l’Antéchrist ? SLIPKNOT ? Non, juste du Crust/Grind qui pousse dans ta culotte), à s’adonner aux joies du lapidaire qui brûle le lampadaire (« 37 Seconds Of Turbulence », pas tout à fait mais presque), à regretter la fin de l’humanité en citant le D-beat électrocuté dans le texte triphasé (« All Dead »), et même à se la jouer séduction du samedi soir en piquant un riff à Jeff Hanneman dans le noir (« Baby », très SLAYER ce plan drague quand même…). Et comme à Lille, on n’est pas des feignasses, on prend le temps de soigner le son de basse (« Talk Shit »), et de torcher des interventions un peu plus longues que la moyenne. Souvent entre la et les deux minutes, les morceaux de Project For Bastards sont appréciables sur la durée, et savent nous malmener tout en nous assurant de bonnes intentions. On compose même des hymnes à son genre préféré (« Krust », Krusty le clown qui dévaste un centre commercial avec un regard noir), des solutions à tous les problèmes de chaos en le prônant version Hardcore méchant (« Chaos Solution »), et en définitive à livrer un album qui tient largement la route, et qui va faire concurrence aux plus grands cadors de la violence. Bien joué de la part des PROJECT FOR BASTARD, qui restent frais et presque dispos, mais qui nous confortent dans l’idée que notre scène extrême n’est pas de tout repos.
Titres de l'album :
1. Prelude
2. Son Of The Goat
3. 37 Seconds Of Turbulence
4. All Dea
5. Baby
6. Talk Shit
7. We’re Pathetic
8. Krustun
9. In My Head
10. Chaos Solution
11. Nosebleed
12. Hate You
13. Cerbere
14. Jesus
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