Durant la seconde moitié des années 80, BLACK SABBATH déprimait. Critique assassine, albums décriés, le géant et maître du Heavy Metal historique se morfondait dans les injustices, et réclamait un peu plus de respect. Pourtant, en cherchant bien, Tony et les siens auraient pu trouver matière à consolation en examinant de plus près les fondements d’une scène en devenir, menée par des musiciens peu intéressés par la mode californienne en vogue.
Le Grunge. Un sale nom pour une musique viscérale, emportée par la hype comme le Punk quelques années auparavant. On peut ne pas adhérer au propos chemise de bucheron et riffs simplistes, mais on ne peut nier que ce style musical était sans doute l’héritier le plus direct d’une lourdeur seventies, justement prônée par des groupes comme BLACK SABBATH, BLUE CHEER ou même MOTORHEAD ou HAWKWIND.
Aujourd’hui, des décennies après son émergence, la scène de Seattle et alentours connaît une seconde jeunesse, entre les mains de musiciens passionnés. Et la boucle se boucle. Puisque les SOUNDGARDEN, et ALICE IN CHAINS recyclaient à n’en plus finir les gros riffs de ce bon vieux Iommi, autant se mettre dans la peau d’un BLACK SABBATH des nineties, adaptant son approche lourde et grondante à des principes Rock moins connotés, et surtout, plus terre-à-terre.
En 2023, un groupe s’évertue à replacer dans le contexte toute l’importance de la scène de Birmingham auprès des artistes de Washington, et nous propose une relecture des dogmes puristes des années 90 via un album épais, solide, conséquent, nostalgique et puissant comme un buffle à qui on vient de coller une biffle.
VIVA LA WOLFE ne vient pas des Etats-Unis, mais bien d’Europe, le berceau des idées les plus folles en termes d’emprunts au GUN CLUB, SONIC YOUTH, UNSANE et MC5. Cinq mecs au look improbable, entre la soirée danoise type autour du feu et l’entretien d’embauche dans une start-up de l’époque .com. Cinq mecs qui retrouvent le frisson désespéré d’un Rock épuré de tout artifice, et qui se concentre sur le mal-être d’une jeunesse qui est depuis longtemps devenue adulte. Et quel constat tirent-t-ils de ces trois décennies passées à espérer mieux ?
Le même que celui jeté en pâture à l’époque. La société pue, comme le capitalisme, l’environnement n’intéresse les géants que par symbolisme, et l’espoir est devenu une denrée si rare qu’elle se négocie sur le Darknet à des prix prohibitifs.
Comme leurs aînés maintenant morts ou quinquagénaires, les VIVA LA WOLFE s’intéressent à tout et à rien en même temps. Les thèmes qu’ils abordent peuvent être d’importance ou au contraire totalement incongrus, et c’est pour cette raison que Prosperity fait preuve d’ironie de son titre en provocation. La religion, l’ostracisme politique, la paralysie du sommeil et même le cycle de vie du saumon, voilà de quoi se poser quelques questions, sur fond de Rock joué dur, mais amer, mélodique, acoustique, et réminiscent des années de dérive.
Ce disque est une pure merveille qui nous ramène quelques décennies en arrière. Lorsque les STONE TEMPLE PILOTS, SOUNDGARDEN et ALICE IN CHAINS dominaient le marché par l’entremise de disques fondamentaux et de singles fulgurants. On y trouve la chaleur, la délicatesse, mais aussi cette envie de tout casser pour reconstruire sur des bases saines, de l’ironie maligne, et un flair imparable pour composer des pièces qui touchent en plein cœur, à la manière d’un CCR amplifié et délocalisé dans l’état de Washington entre 1987 et 1994.
« Long Gone » est le type même de chanson que Layne Staley aurait chantée en y mettant toute son âme, et toute sa puissance vocale. Cette basse ronde qui sinue, cette guitare cristalline et discrète, cette acoustique ciselée contribuent à recréer un contexte, un réveil des années Reagan qui a été le pire depuis de longues années. Fini les golden boys, finis les yuppies plein de morgue, et bonjour les adolescents se demandant comment ne PAS s’intégrer à ce monde qui veut les forcer à rentrer dans le moule.
Alors oui, VIVA LA WOLFE joue méchamment lourd et compact, comme si les MELVINS et Ozzy leur tenaient la main, pour entonner de concert un « Justice » qu’on aurait pu retrouver sur un album hommage. Oui, VIVA LA WOLFE envoie aussi la sauce, à la manière d’un LED ZEP provoquant le SAB’ sur son propre terrain (« LAX »). Oui, VIVA LA WOLFE admire Geezer, Bill, qui furent en leur temps les deux pivots les plus essentiels d’une rythmique pulsée et renfrognée (« Despot », METALLICA qui reprend HOLOCAUST pour refiler le tuyau à Jerry Cantrell), et oui VIVA LA WOLFE est capable de tenir la distance d’un album complet sans trop se répéter ni perdre notre attention.
Boogie, ternaire en folie (« Leech »), et épilogue évolutif aussi beau qu’une aube automnale striée de teintes chaudes (« Druids Trail », doomy en diable et apothéose d’un voyage vers le passé), Prosperity est un témoignage crucial de l’admiration que portent encore les musiciens d’aujourd’hui à cette fameuse génération X qui aura fait bien des émules.
Mais l’époque est effectivement à la contemplation sans illusions, et aux utopies sacrifiées. Alors si la prospérité est encore le seul objectif des grands patrons, quelque part gronde la révolution.
Titres de l’album:
01. In The Fields
02. Lax
03. Paralysis
04. Long Gone
05. Justice
06. Breathe Out
07. Despot
08. Leech
09. Druids Trail
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21/11/2024, 08:46
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