Ah ben pris comme ça…Des spores qui viennent de l’espace pour tous nous bouffer, une pochette aux tons roses et verdâtres avec un gros monstre squelettique pas beau vilain, tout ça sent l’arnaque bruitiste à plein nez, le Death putride, le Doom au salpêtre, et la production à la louche dans un studio installé dans une chambre d’hôtel borgne à la faune interlope et…intergalactique.
Le recyclage old-school commence à ressembler à une usine de retraitement des déchets, ou à une station d’épuration tournant à plein régime, et les effluves qui nous parviennent aux naseaux ont un parfum décidément un peu trop conforme à l’odeur de mort des égouts floridiens des années 90. Quiconque attend encore un sursaut d’orgueil de la nouvelle génération Xerox est condamné à une déception constante, et les produits s’amoncèlent sur les étagères comme de mauvaises copies taïwanaises ou russes vendues à bas-prix. Heureusement, certains copieurs de grand talent parviennent encore à s’approprier le travail d’autrui avec intelligence, proposant un monde certes classique, mais aux aventures plus personnelles, sans avoir recours à des gimmicks intempestifs ou des astuces éprouvées par la rouille.
WHARFLURCH par exemple, a commencé sa jeune carrière comme un duo, avec Myk Colby à l’instrumentation globale, et John Mamo, batteur, au chant. Une façon comme une autre de s’échapper de ses obligations contractuelles D-Beat au sein de HOT GRAVES, et de proposer aux maniaques et autres psychotiques une version plus universelle d’un Death moisi, suintant de stupre, et dégoulinant dans l’ossuaire le plus décati du cimetière de Miami. Dans les cimetières de Miami, on trouve des tombes de dealer, mais aussi des sépultures de consommateurs, ceux qui n’ont pas pu éviter le piège des paradis artificiels qui les ont menés en enfer. Mais finalement, heureux soient ces macchabés, puisqu’ils ont échappé à l’invasion de ces champignons venus d’ailleurs, qui ont réduit la race humaine çà l’état d’esclavage, avant de tout faire fondre dans un dégueulis rose et vert à rendre gerbif Jim Muro lui-même.
Alors, après un sacré catalogue d’exactions en splits, EP et compilations diverses (culotté comme principe pour un concept accusant deux ans d’existence à peine), WHARFLURCH s’est enfin trouvé une formation de concert stable avec l’adjonction de Cary Smith à la basse et Kur à la batterie, et propose enfin ses divagations morbides en longue-durée, nous racontant la plus vieille histoire jamais contée : celle de l’envahissement de notre planète agonisante par une intelligence biologique extraterrestre. On pouvait craindre le pire au jugé de cette histoire à manger des cèpes debout, mais le résultat, roublard à souhait, vous fauchera en plein vol, et vous donnera l’envie d’une omelette aux psilocybes, histoire de voir la mort en rose et vert.
Le Death joué par ces brutes est diablement méchant, mauvais, empeste les intentions néfastes, et se montre donc le plus jouissif d’un étal qui se gargarise de la variété de ses reproductions, celles qu’on trouvait déjà dans les cageots il y a trente ans ou plus. Mais en provoquant une rencontre fortuite entre deux bottes de poireaux entre HAWKWIND, NOCTURNUS, GRAVE, SUFFOCATION, diSEMBOWELMENT et GNAW THEIR TONGUES, les floridiens de WHARFLURCH nous offrent la légende intergalactique de cette rentrée, de celle qui vous fera considérer vos moutards comme de petits ennemis pâles aux intentions néfastes pour votre train de vie.
En mélangeant les structures classiques du Death/Doom des années 90, comme il a été conçu dans les marais les moins recommandables, et des couches de synthés très ludiques évoquant les space-opera italiens des années 70/80, mais aussi les GOBLIN, Psychedelic Realms Ov Hell justifie son titre à chaque riff, et à chaque intervention dégueulée de John Mamo. Petit précis à l’usage des nerds zombifiés qui attendent l’apocalypse comme un chien sa pâtée, ce premier album du duo Myk Colby/John Mamo est une petite merveille, une bouée dans les eaux boueuses du plagiat le plus glauque, et une façon de détourner les codes pour proposer une relecture fascinante des épisodes les plus morbides et nauséeux du Death floridien.
Aussi catchy qu’il n’est pesant, aussi brillant qu’il n’est maculé de poussière de spores, aussi catchy qu’il n’est embourbé dans la merde la plus immonde, Psychedelic Realms Ov Hell dit tout ou presque dès son titre d’entame, le bien-nommé « Celestial Mycelium ». Ce champignon céleste qui atterrit sur terre pour la bouffer menue et sans épices est une entrée en matière comme on en entend peu ces années-ci, plaçant des synthés à l’italienne en traquenard pour mieux nous écraser les burnes d’un énorme riff crade et récupéré d’un vieux cercueil éventré.
Du début à la fin, le duo créatif reste collé à son concept, et nous livre une œuvre passionnante, certes légèrement faisandée sur les bords du Tupperware, mais qui s’avale d’un tait, et qui laisse l’estomac plombé. WHARFLURCH prouve avec ce premier jet qu’on peut encore recycler avec intelligence, et ne pas se contenter de passer les détritus d’un bac à un autre en loucedé pour faire croire à du neuf. Le règne des champignons arrive, mais ils ne vous entraîneront pas sur la piste des bouses de vache : VOUS deviendrez une bouse de vache.
Titres de l’album:
01. Celestial Mycelium
02. Stoned Ape Apocalypse
03. Abandoning Reality
04. Phantasmagorical Fumes
05. Bog Body Boletus
06. Psychedelic Realms ov Hell
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