Après deux albums bien accueillis par la faune Thrash mondiale (ou du moins, européenne), les italiens d’URAL remportent une fois encore la mise avec un troisième longue-durée qui explose tous les compteurs. Spécialistes d’un Crossover débridé qu’ils aiment à décrire comme étant du Psycho Crossover Thrash Metal, les turinois montent encore d’un cran en termes d’intensité avec Psychoverse, qui nous balade dans un multivers psychotique et violent comme un ballon sur un terrain de foot.
Stefano Cipriano Moliner (basse), Filippo Torno (batterie), Alex Gervasoni & Luca Caci (guitares) et Andrea Calviello (chant) nous offrent en cette fin de mois d’octobre le missile dont nous avions besoin pour affronter la morosité d’un automne pluvieux, sous la forme de huit morceaux aussi évolutifs que puissants, et aussi progressifs que dissonants.
Rompu à l’exercice du radicalisme esthétique, URAL joue sa carte maîtresse, et convoque les anciens de CORONER, VOÏVOD, ATHEIST et TARGET aux fiançailles de WARFECT et VEKTOR. En résulte une cérémonie tapageuse, parfois difficile à suivre selon ses changements d’humeur, mais incroyablement festive et débridée, entre Techno-Thrash potache et Crossover maniaque.
Psychoverse fait donc la nique à Marvel et ses voyages dans le temps et l’espace. En tant que nouveaux superhéros de la scène Thrash italienne, les cinq musiciens nous proposent donc une multitude d’idées, toutes pertinentes, souvent dérangeantes, et parfois même déroutantes, entre Hardcore radicalisé Thrash et Crossover psychédélique. Pour faire simple, et pour l’amour de la formule choc, si VOÏVOD décidait de mettre en chanson le caractère exubérant d’un GAMA BOMB, le résultat se rapprocherait de cet album qui assume ses ambitions et range ses complexes au placard.
Je ne cacherai pas une fascination pour un disque qui ose enfin sortir des sentiers trop bien battus de la nostalgie. Si le propos est lié à la mouvance old-school, la forme diffère des photocopies fournies par la nouvelle génération, et la pièce d’identité fait le lien entre passé et présent, de façon plus intelligente qu’un simple discours de douane balbutié comme si les années 80 n’étaient pas impliquées.
URAL étale de nombreuses qualités. Un sens de la composition alambiquée très prononcé, une technique affolante (les parties de Filippo Torno pourraient donner le tournis à Dave Lombardo ou Tom Hunting), des riffs décadents et atonaux, des déviations permanentes, le ballet est étourdissant, mais loin de faire tourner la tête, il donne plutôt aux guiboles une sale envie de slammer par-dessus le buffet. Bien garni d‘ailleurs, et digne d’une telle cérémonie.
Psychoverse est fou, ne tergiversons pas. Comme s’il illustrait les déboires des Avengers dans les couloirs du temps tout en lâchant une blague digne des Visiteurs, il provoque les sourires les plus francs comme un headbanging dément. Strié de petites idées porteuses et soutenu par des fondations solides, il résume à merveille la carrière des italiens qui se permettent à peu près tout, et même des moments de calme inquiétants. Et lorsqu’on a la patience rongée par les duplicatas douteux et autres redondances rythmiques pesantes, un tel album est une bouée de sauvetage dans une mer de conformisme.
Groovy comme un duel entre DEATH ANGEL et MORDRED, rigide comme du DBC universel, mélodique comme du FLOTSAM radicalisé, imprévisible, équilibriste, culotté et débridé, Psychoverse ose même lâcher des hymnes Thrash comme on n’en fait plus depuis la première moitié des années 90. Tentez le coup par la face sud, et avalez d’un trait le monstrueux « Fall of the One World », hymne Thrash de l’année 2023, rien de moins. Tout le savoir-faire des italiens est concentré dans ces cinq petites minutes démonstratives, exubérantes et affolantes, qui cumulent les tempi et crises de délirium tremens, tout en provoquant l’admiration de leur inspiration.
L’album avançant, les morceaux se succédant, le bilan est plus que positif, il est dithyrambique. Cette rythmique caméléon, ce chant gouailleur qui rappelle ASSASSIN et DEATH ANGEL, cette paire de guitaristes incapables de riffer en surplace, les éléments à charge sont si nombreux que le procès ne dure que quelques minutes. URAL est donc condamné à assumer le titre de meneur de la vague rétro-Thrash italienne, loin devant la concurrence. Et il accepte cette responsabilité avec le sourire en sortant du tribunal.
« Heritage », dynamité par des coups de caisse claire propres et nets, mais agité du bocal dissonant, « Nightmare », qui oblige CRIMSON SLAUGHTER à faire une pause en compagnie de WARBRINGER, nous mènent jusqu’au gros morceau « Carousel of Hell », dernier manège à sensations qui nous expulse vers un tunnel sombre, soudainement inondé de stroboscopes, de loopings inversés, et d’accélérations fumeuses.
Il est très difficile de ne pas se prendre d’une énorme affection pour cet album enregistré avec les tripes, mais composé avec une tête bien faite et bien pleine. Lorsqu’on s’enfile en douze mois l’équivalent de la production minière de Mana en sorties Thrash anecdotiques, on accueille à bras ouverts une sortie différente, plus ambitieuse et porteuse.
Vous pouvez vous procurer le bousin pour huit euros en digital et quinze en CD. Donnez votre argent à ces marsouins, ils le méritent amplement. Ainsi, ils pourront continuer à produire des disques d’une qualité incroyable, et nous évader d’un quotidien de répliques cheap et autres ersatz sans saveur.
Titres de l’album:
01. Drag Me to the Wolves
02. Heritage
03. Nightmare
04. Blood Red Sand
05. Fall of the One World
06. Uncanny Valley
07. Carousel of Hell
08. Prelude 66.6 FM
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