Je pourrais me la faire courte et me la jouer roi Midas sans changer vos pneus, et affirmer que tout ce que chante John Bush se transforme en miel. Après tout, je suis fan de la première heure du bonhomme, même lorsqu’il arborait une armure pour se transformer en chevalier post-apocalyptique aux débuts d’ARMORED SAINT. ARMORED SAINT justement, mais aussi ANTHRAX, puisque c’est à l’arrivé du bonhomme dans les années 90 aux côtés de Scott et Charlie que le groupe est vraiment devenu conséquent, après deux albums qu’on préfère souvent oublier. Comment oublier par contre sa prestation sur « Only », le véritable premier tube de la bande Mosh, qui justement la transformait de machine à repasser les bermudas en solide groupe de Heavy Metal. Alors, John Bush, le raccourci facile, mais n’oublions pas pour autant le reste de la bande, unie depuis les origines ou presque, et le bonheur de retrouver Joey Vera, Gonzo et Pete Sandoval et Jeff Duncan pour un nouvel album qui brise cinq ans de silence. Je n’écrivais pas encore pour Metalnews lorsque j’ai rédigé le dithyrambe à propos de Win Hands Down qui m’avait redonné foi en ce Heavy Metal américain qui semblait se perdre dans les limbes du métissage, mais je me rappelle comme si c’était hier des sensations éprouvées à l’écoute de ce petit chef d’œuvre. Et il est amusant de constater que ce punch dans la face intervenait lui aussi cinq ans après l’excellent La Raza, le premier témoignage du quintet estampillé 2010. Aujourd’hui, dix ans plus tard, en plein marasme de l’année 2020 ARMORED SAINT revient avec ses épées combattre le dragon de la tragédie, et nous livre avec Punching the Sky un arc-en-ciel de puissance, couvrant toutes les nuances de talent d’un groupe trop longtemps confiné dans la case « respect, mais pas plus ». Pourtant, et sans vouloir jouer les comparaisons douteuses, le combo de Los Angeles est ce que METALLICA devrait être aujourd’hui, dans la suite logique de ses expérimentations des années 90. Mais ARMORED SAINT est bien plus qu’une simple copie du meilleur METALLICA moderne, il est ARMORED SAINT, ce groupe de chevaliers parcourant le monde pour pourfendre les dragons traîtres de ses guitares acérés. Et ce nouveau chapitre de la saga est l’un des plus passionnants de sa carrière.
A propos d’eux, j’abandonne toute mesure et toute raison, puisque les cinq musiciens font partie de ma famille de cœur, et qu’ils ne m’ont jamais déçu. A contrario d’autres ensembles devenant grabataires avec l’âge, les SAINT retrouvent leur jeunesse comme s’ils s’abreuvaient à la fontaine de jouvence. Et une fois encore, sans taper dans le sensationnalisme, sans se compromettre, sans trahir leur philosophie, les cinq californiens nous tuent avec des chansons solides, franches, mélodiques, et osons le terme, « euphoriques ». Produit par le leader naturel Vera et mixé par Jay Ruston, Punching the Sky n’est rien de moins qu’une affaire de famille qui s’aime, qui se comprend et qui sait exactement ce que l’autre attend. Une famille qui n’est certes pas toujours restée unie, qui a accepté le retour de John après son escapade grande échelle avec ANTHRAX, à deux reprises, mais dont les liens ne se sont jamais relâchés, ce que prouvent encore ces onze titres qui témoignent d’un respect et d’un amour bilatéral entre chacun des membres. Un son gonflé, mais pas trop pour ne pas impressionner mais juste fédérer, des riffs par centaines, des changements de rythme, des plans directs qui sonnent un peu rétro mais ne regardent pas trop dedans, et surtout, des chœurs, et la voix de John qui survole la copie comme un stylo qui glisse sur la copie d’une interro trop facile. ARMORED SAINT continue d’écrire le grand livre de sa vie, mais parle aussi de la nôtre, celle des fans qui suivent et adhèrent, mais pas par aveuglement fanatique, par lucidité artistique. En effet, cinq ans après l’épiphanie Win Hands Down que j’avais gratifié de la note quasi maximale, le groupe parvient encore à faire aussi bien sinon mieux avec ce panaché de morceaux qui en appellent au Heavy ricain le plus sobre et honnête. Et dès « Standing On The Shoulders Of Giants », on constate que le combo est encore dix mètres au-dessus de tout le monde, sans chercher la retape ou les effets faciles. Difficile de croire pourtant qu’un gang soit capable de composer autant de chansons sans se répéter ou montrer des signes de faiblesses. Difficile de croire aussi que les arrangements brumeux et celtiques de l’intro de « Standing On The Shoulders Of Giants » puissent mener à un lick aussi gluant et accrocheur. Mais là est la magie du SAINT, oser des choses pas forcément complexes ou culottées, mais qui sortent de l’ordinaire. Et quand la machine explose après une entame en son clair, on est immédiatement catapulté dans un monde de moins en moins fréquenté : celui de la qualité.
Ne cherchez pas la faute de gout ou l’erreur de facilité et d’impatience, il n’y en a pas sur ce huitième album seulement de la formation. Huit albums seulement, parce que John, Joey et les autres attendent d’avoir des choses pertinentes à dire pour revenir sur le devant de la scène. Et ces choses s’articulent en chansons qu’eux seuls savent encore composer, en utilisant ces saccades si chères au Heavy Thrash sur l’imparable « Do Wrong To None », ou en acceptant un surplus de bonafide sur la tempête/torpille « Missile To Gun ». Mais après tout, ARMORED SAINT a-t-il un jour joué autre chose qu’un Heavy Metal de compétition ? Sur Delirious Nomad peut-être, le seul LP pouvant légèrement être taxé de « commercial », et seule tentative d’adoucissement depuis les années 80. Mais ce second LP est bien loin, et la triplette La Raza/Win Hands Down/Punching the Sky a des airs de hat trick sur le terrain, avec dans le rôle du buteur John Bush qui une fois encore nous épate de sa voix pure et puissante, sur laquelle les années n’ont aucun effet. Les soli sont encore une fois bien placés et pertinents, ne cherchant jamais le déluge de note bavard, la rythmique de Joey et Gonzo est plus solide que toutes les enclumes d’ANVIL, et la cohésion dont font preuve les cinq potes a de quoi rendre jaloux tous les groupes évoluant sur le circuit depuis trente ans ou plus.
Pourtant, je vous l’assure, j’ai retourné l’album dans tous les sens et je l’ai secoué comme un cocotier pour en faire tomber les fruits pourris. Mais même en y allant comme un forcené, rien n’est tombé, si ce ne sont des fruits murs et appétissants, comme ce chaloupé « Bark, No Bite », avec cette basse gironde de Joey qui vous caresse les fesses. J’aurais bien aimé coller une calotte à « End Of The Attention Span » à l’intro évidente, mais la suite des évènements m’a encore prouvé qu’avec un ou deux riffs solides, le groupe s’en tirait toujours avec plus que les honneurs. Plus énergique qu’un mélange AC/DC - MOTORHEAD, Punching the Sky utilise le présent comme punching-ball, puisque le groupe ne pense à rien d’autre au moment de nous saluer de nouveau. Inutile d’attendre d’eux un repos du guerrier ou une projection, puisque c’est sur l’instant T qu’ils fonctionnent, et leur réussite n’a rien d’injuste contrairement à ce que semble affirmer « Unfair » et sa mélodie surprenante qui prouve s’il en était besoin que John est le plus grand chanteur de Heavy US de sa génération. La dernière fois, ARMORED SAINT gagnait haut la main, cette fois-ci, il gagne en visant le ciel, malgré la concurrence féroce de la production actuelle, confinement oblige. Un album qui laisse à croire que la liberté existe encore, et que la plus grande injustice du Metal peut encore être réparée. Réhabilitons immédiatement ARMORED SAINT au panthéon des plus grands groupes du monde. Et bien que les musiciens ne courent pas après les honneurs, c’est le minimum qu’on puisse faire pour saluer leur talent intemporel.
Titres de l’album:
01. Standing On The Shoulders Of Giants
02. End Of The Attention Span
03. Bubble
04. My Jurisdiction
05. Do Wrong To None
06. Lone Wolf
07. Missile To Gun
08. Fly In The Ointment
09. Bark, No Bite
10. Unfair
11. Never You Fret
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