Ça ne va évidemment pas vous dire grand-chose, mais cette chronique porte le numéro 5000. 5000 chroniques depuis mes débuts dans le métier en 2006, ça nous en fait en moyenne une par jour depuis quatorze ans. Et pour fêter cet anniversaire j’aurais pu évidemment choisir l’album duquel vous parler, mais j’ai préféré faire confiance au destin, comme je l’ai toujours fait. J’aurais aimé que le destin choisisse un de mes groupes phares, j’aurais aimé qu’il me confie un redoutable album de Thrash, mon style de prédilection, ou une perle AOR, l’autre. Mais le destin est capricieux et parfois un peu chafouin, et c’est donc sur un pur LP de Swedish Death que je suis tombé, mais pas n’importe lequel, et qui va me permettre d’être encore plus versatile que d’habitude, comme la belle Mystique des X-Men. Né en 2012 dans la petite ville de Ludvika en Suède, DISRUPTED est l’archétype du groupe de Death national qui ne fait rien d’autre que reprendre les principes mêmes, tels qu’ils ont été édictés à la fin des années 80 par NIHILIST et ENTOMBED. Auteurs en 2014 d’un premier EP, Heavy Death, les scandinaves sont passés à la vitesse supérieure en 2015 avec un premier long, Morbid Death, avant de se terrer dans le silence pendant cinq ans. Heureusement pour nous, le quatuor revient en 2020 par la grande porte et un peu de soutien du label espagnol Memento Mori, qui s’est empressé de distribuer leur second long en CD, tandis que De:Nihil Records s’occupe de la version vinyle. Et si les suédois en profitent encore pour glisser le mot Death dans le titre de leur album, le hasard n’a rien à voir là-dedans pour une fois : les DISRUPTED respirent et exhalent la mort par tous les pores, et sont restés figés à l’époque où ENTOMBED sortait son séminal Left Hand Path.
Leur label espagnol ne prend même pas de gants pour nous expliquer la situation. Il n’hésite donc pas à comparer ses jeunes poulains (Thomas Liljekvist - guitare, Mikael Hanni - chant, Tommy Haglund - basse et Daniel Liljekvist - batterie) à NIHILIST/ENTOMBED, INTERMENT, GRAVE et GOD MACABRE, tout en plaçant quelques allusions à la scène récente et aux exactions plus modernes de BOMBS OF HADES ou BASTARD PRIEST. Mais ne vous embrouillez pas, c’est inutile, puisque Pure Death n’est rien d’autre que ce que son titre suggère, un LP qui empeste la mort, la putréfaction, l’horreur, la solitude d’un cimetière décati, les murs d’une morgue dans un hôpital psychiatrique squatté par des scientifiques lubriques, les entrailles qui s’échappent d’un zombi pas frais, le liquide d’embaumement, enfin tout ce qui constitue l’univers si particulier du Death suédois, fidèle à lui-même depuis ses origines. Et pour imaginer la chose avec plus d’acuité, il suffit de fondre dans un même vinyle Left Hand Path et Into The Grave et de se le jouer jusqu’à la nausée, puisque les DISRUPTED ont cette qualité de ne pas faire les choses à moitié, et de complètement pomper leurs idoles pour en reproduire les tics les plus symptomatiques. J’ai justement accusé récemment les LIK de jouer à ce petit jeu, les blâmant pour ne prendre aucun risque, alors même que je m’apprête à encenser un autre groupe qui pourrait se voir reprocher le même travers. Mais là où les LIK restent à la surface de la fosse commune, les DISRUPTED y plongent la tête la première pour en ressortir couverts de viscères et de boue humaine : en gros, ils exagèrent les choses, accentuent encore plus la distorsion, poussent des cris encore plus bestiaux, et instaurent une ambiance post-mortem plus rigide que la bite de Rocco quand il sera traîné dans sa dernière demeure.
Non, les DISRUPTED ne sont pas originaux, et pis, ils sont même une caricature en soi de toutes les figures imposées du Swedish Death tel qu’on le connaît depuis ses premiers méfaits. Mais la façon dont ces quatre jeunes suédois jouent leur va-tout est si convaincante et extrême qu’on en reste admiratif, comme si le répertoire de NIHILIST était repris à son compte par un GRAVE de début de carrière et encore plus ou moins frais. La HM-2 résonne encore plus grave et grasse, et le chant ignoble de Mikael Hanni terrorise tous les sangliers à des kilomètres à la ronde. Enregistré par Johan Hjelm aux Wellbay Studios, mixé par Christian Larsson à l’Embodiment Audio, et masterisé par Karl Daniel Lidén Produktion aux Tri-Lamb Studios, Pure Death est un monstre de Frankenstein né de l’imagination créative de musiciens au potentiel de mimétisme énorme, désirant se montrer encore plus vicieux que leurs aînés. Et avec trente-quatre minutes de sadisme au compteur, ce second long s’arrête pile là où il faut, après nous avoir endommagé les oreilles à vie. Mais il suffit d’encaisser le choc de l’ouverture dramatique de « Blood Worship » pour s’en rendre compte, et au premier riff, la blessure est mortelle, et encore plus approfondie lorsque la rythmique commence à cogner. La sensation de redécouvrir le premier ENTOMBED vous chatouille agréablement le cercueil, et d’ailleurs, les timbres de Lars Goran Petrov et Mikael Hanni sont à ce point proches qu’on pourrait les confondre. A partir de là, aucune pitié, mais un plaisir masochiste qui s’étale sur dix morceaux, dont le plus long ne dure que quatre minutes.
Alors, au menu évidemment, beaucoup de tendresse, des titres de chansons bucoliques et romantiques, et une propension à glisser des mélodies toutes les deux mesures. Plus sérieusement, si la plupart du tracklisting se concentre sur du brutal qui frappe vite, le groupe sait aussi prendre son temps pour nous donner la nausée, à l’occasion du compressé et oppressant « Headless Torso ». Il sait aussi aller à l’essentiel, et se souvenir de la portée du massacre du « But Life Goes On » de ses modèles, et nous charcler sévère d’un « Total Death », plus franc qu’un coup de pelle. En gros, la quintessence, la substantifique moelle, le Graal, et au bout du chemin, la mort, une jolie concession à perpétuité, et la certitude du travail bien fait après une vie d’ennui qui méritait un terme. C’est ainsi que se termine ma 5000ème chronique, sur ces quelques notes graves et GRAVE, en espérant que vous soyez toujours pas pour ma 10.000ème prose.
Titres de l’album:
01. Blood Worship
02. Human Stew
03. Born In A Corpse
04. Carve
05. Headless Torso
06. Total Death
07. Pestilential Vomit
08. Goat Lord
09. Chopped Into Oblivion
10. Slave From The Grave
Un de mes albums de l'année !!!
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