Le lundi matin, pour attaquer la semaine, le chroniqueur a besoin d’une bonne dose de brutal qui envoie du bois. Histoire d’avoir l’énergie nécessaire pour survivre dans une jungle de manque de motivation, de fatigue et de lassitude, et de retrouver l’allant indispensable pour se noyer dans le travail, et non pas pour alimenter la cheminée au vu des températures caniculaires. Et ce matin, il me fallait du solide, du puissant et du direct, ce que j’ai trouvé en tombant sur un combo ricain à l’inspiration plurielle sortant son premier LP. Vous allez me dire, « évidemment, tu as encore pioché dans le Death Metal, ça devient une habitude ». Assertion péremptoire, quoi que partiellement vrai, et partiellement fausse aussi, puisque les EXTRACTION POINT sont un peu plus qu’un simple combo Death lambda, et qu’ils mâtinent leur inspiration morbide de quelques inflexions Hardcore du meilleur aloi. Jeune groupe par la naissance en 2018, mais constitué de vieux briscards de la scène de Chicago, les membres d’EXTRACTION POINT sont en quelque sorte une union de figures bien connues de la scène locale, et comptent en leur rang des musiciens aguerris au bagage lourd. Nous retrouvons donc au line-up Cody Zupan (chant), ancien frontman au sein de REIGN INFERNO, DEAD FOR DAYS et GOD DEMENTIA et actuel grogneur dans EPHINEPIC. Robb Serrano (batterie) a fait partie d’ODONROT et est un acteur de la Chicago Metal Alliance Promotions. Rob Roman (basse) a participé aux débuts d’ORINOCO avant de rejoindre les PRISON CITY BRIGADE. Jason Pesch (guitare) a aussi joué de la basse dans ORINOCO avant de prendre la guitare chez les SILENCE IS THE KILLER. Quant à Rick Lancaster (guitare), il fut lui aussi membre d’ODONROT avant de prendre la basse pour WHUT? Des gens qui se connaissent donc bien, et des habitués de leur coin, qui une fois réunis ont donc décidé de se livrer à une passion commune : la brutalité intelligente.
Affiliés de fait à la cause Death, EXTRACTION POINT n’est pourtant pas une assemblée de bourrins comme les autres. On sent en filigrane de leur musique des tendances à la mélodie assez prononcées, et des influences qui ne se limitent pas à la Floride ou aux accros à la HM-2. Car leur véhémence de fond est encore plus accentuée par des inclinaisons à intégrer des points de détail Hardcore, sans tomber dans le piège du Deathcore le plus insupportable et opportuniste. En choisissant une approche contemporaine, le quintet nous épargne aussi les atermoiements vintage qui encombrent la production actuelle de leurs redites, et nous livrent un premier LP très compact, évidemment brutal, mais assez nuancé pour ne pas s’apparenter à un unique parpaing dans la tronche. Revendiquant des influences multiples qui couvrent assez bien le terrain défriché (PANTERA, SEPULTURA, WHITECHAPEL, BLOOD FOR BLOOD, TERROR, HATEBREED, CROWBAR, SLAYER, HANK LLL, GOJIRA, HIGH ON FIRE, FIGHT, FEAR FACTORY, WHITE ZOMBIE, SOULFLY, MISFITS, SNOT), les instrumentistes pratiquent une sorte d’hybridation entre la rudesse crue du Death et le Groove entraînant du Thrash moderne, tout en multipliant les allusions à la scène Néo-Death scandinave, dont on retrouve des traces sur des morceaux comme « Best Served Cold », plus lents, mais aussi plus harmonieux. Un peu de AT THE GATES, SOILWORK, mais surtout beaucoup d’énergie, comme le démontre le premier déluge de plomb, ce « Skankgoat » et ses deux minutes de mise au point très claires. Rythmique à fond les ballons, qui impose un up tempo diabolique sur fond de riff qui tournoie, pour un festival de violence à cheval entre Death et Thrash, et qui colle au mur dès les premières mesures. On sait donc le groupe capable de trousser des motifs mémorisables, et de capitaliser sur son illustre passé pour fertiliser son présent. Sans jouer les innovateurs, les originaires de Chicago refusent de se laisser piéger dans un contexte particulier, et titillent la fibre des fans de Hardcore pour mieux provoquer les accros au Death brutal et matinal.
D’ailleurs, cette orientation est confirmée par les deux morceaux suivants, toujours aussi concis, mais truffés d’idées porteuses. Au premier plan, ces guitares bien sûr, qui ne refusent pas la redondance de la lourdeur, mais aussi cette basse qui ronfle et produit un effet hypnotique. Le chant très rauque est assez éloigné des canons du style de Cody Zupan, au gros grain mais aux modulations accessibles, s’accorde très bien de cette bande instrumentale versatile passant par toutes les ambiances. On pense parfois à l’intensité de STRAPPING, modulée pour rentrer dans un cadre moins figé, et les fréquentes coupures mélodiques et/ou Ambient viennent souligner cette dualité entre force brute et intelligence de modulation, ce qui a tendance à rendre chaque titre unique dans un genre qui a souvent le défaut d’uniformiser. « Trenches » d’ailleurs, se rapproche plus du Death Metal tel que nous l’avons toujours connu, avec son entame lourde et glauque, et son déroulé qui évoque le meilleur de la scène américaine de ces trente dernières années. Mais évidemment, comme précisé en amont, le long « Best Served Cold » casse une fois de plus le moule de ses harmonies prononcées, avant que le rouleau compresseur de « Embrace the Grave » n’accélère un peu les débats en imposant des accélérations brutalement rompues par des percussions tonitruantes. Aussi carré que libre, ce premier album ose donc une multitude d’idées qui se complètement à merveille, et contourne le problème de la linéarité dans l’extrême, grâce à une vraie intelligence de composition, mais aussi grâce à un son énorme, qui donne à la rythmique une profondeur notable, sans noyer les guitares dans un écho mat de bruit.
Et en synthétisant en à peine plus de trente minutes ses plans, le groupe reste efficient et terrifiant de bout en bout, assénant sans faiblir des roustes de première catégorie (« Intent to Kill », toujours cette gravité en souplesse groove qui fascine, avec cette fois-ci des allusions de guitares circulaires tout à fait suédoises), et terminant son parcours en multipliant les pistes (« Purification Through Hatred »). Sous des atours plutôt classiques, EXTRACTION POINT se montre un peu plus culotté que la moyenne, et ne se contente pas d’un simple LP de Death contemporain anonyme. Le truc parfait pour un lundi matin, qui donne la pèche et l’envie de faire très mal à son prochain.
Titres de l’album :
1.Skankgoat
2.Mindsnap
3.Trenches
4.Best Served Cold
5.Embrace the Grave
6.From the Depths
7.Intent to Kill
8.Purification Through Hatred
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