Un homme au rictus inquiétant assis sur un trône de pierre (ou de bois d’ailleurs), tenant dans sa main un joystick ressemblant à s’y méprendre au fameux bouton rouge déclenchant une guerre nucléaire, des enfants portant des masques à gaz et jouant avec des armes, un arrière-plan ténébreux qui file les chocottes, et une silhouette immense qui semble échappée d’une BD glauque, voici donc le décor planté par la formation francilienne de DEAD TREE SEEDS pour son deuxième album. Une pochette fort à propos eu égard au climat mondial qui rappelle un peu la crise de Cuba des années 60, et qui aurait tout à fait eu sa place dans l’ambiance de peur nucléaire des eighties qui justement, semblent être les années qui ont le plus inspiré nos amis du jour. Formé sur les cendres de TRIAKANTHOS en 2009 par le batteur Alexandre Prudent, DEAD TREE SEEDS est le prototype même de groupe à géométrie variable qui semble avoir beaucoup de mal à conserver un line-up durable. D’ailleurs, il n’est pas étonnant de constater que le sieur Prudent est le seul membre d’origine encore en poste en 2020, mais il est plus surprenant de s’apercevoir qu’aucun des intervenants du précédent LP ne soit encore à l’affiche. C’est donc avec une formation entièrement renouvelée que le quintet parisien se présente à nous, sept ans après le probant Seeds of Thrash qui avait mis le feu aux poudres en 2013. Durant ce long hiatus, Alexandre a donc cherché à garder son projet en terre parisienne, et s’est entouré de nouveaux complices, avec à ses côtés Aurélien Gonzalez à la guitare depuis 2014, Sidi Assila à la basse depuis 2015, Frank Vortex au chant depuis 2018 et le petit dernier Francois Odonnet, guitariste depuis l’année dernière. Cette nouvelle configuration a toutefois eu largement le temps de peaufiner son osmose, et c’est exactement ce qu’on ressent à l’écoute de Push the Button, qui n’hésite pas à déclarer la guerre au Thrash timoré et aux Crossover tiède et faisandé.
Conscient qu’après une si longue absence, son groupe ne pouvait pas revenir par la petite porte, Alexandre Prudent a très judicieusement agencé son deuxième album en s’en remettant à la créativité d’une paire de guitaristes très capables, d’une section rythmique puissante et d’un chanteur volubile. Parsemé d’interventions mélodiques instrumentales à la TESTAMENT/METALLICA, Push the Button se pose en résumé presque parfait d’une décennie de Thrash, lorsque le genre désirait s’extirper d’un carcan sans renier ses dogmes d’origine. Mais loin d’être une simple assemblée passéiste tablant sur la nostalgie de thrasheurs toujours en mal de souvenirs francs, DEAD TREE SEEDS se présente comme une machine de guerre aux rouages bien lubrifiés, et surtout, une mécanique profitant des techniques plus modernes pour se montrer encore plus efficiente. C’est ainsi qu’en sus des références habituelles (SLAYER, KREATOR, DARK ANGEL), le quintet parisien a insufflé à sa musique des sonorités plus typiques de la nouvelle génération (WARBRINGER, POWER TRIP) pour que ses chansons ne nous fassent pas éternuer de la couche de poussière venant du passé. On s’en rend rapidement compte après l’intro très délicate de « Thrash Tales », lorsque l’affûté « Fangs of the White Wolf » nous plante ses crocs dans la gorge d’une intro très METALLICA dégénérant en massacre Thrash pur jus. Le son ample et profond permet d’apprécier le travail d’une rythmique performante et classique, mais aussi le timbre d’un chanteur à l’aise avec sa dualité mélodico/thrashisante. Frank Vortex se montre donc vocaliste de premier ordre pour ce comeback inopiné, et éructe, hurle, vitupère sans s’époumoner dans le vide, conférant parfois un parfum Hardcore aux compositions. Il n’hésite pas non plus à la manière d’un Chuck Billy contemporain à flirter avec les accents Death, ce qui ne fait qu’augmenter la pression globale, et lorsque les deux guitaristes partent en solo, les notes vrillent comme à la grande époque de Skolnick ou Lee Altus.
Classique, presque formel, mais haut en énergie, ce second LP est une aventure qui nous replonge dans le plaisir de la découverte de l’extrême maîtrisé des années 80, alternant les séquences entre vélocité raisonnable et concentrés de puissance effectifs, et « Thru God for Vengeance » de nous matraquer de son riff redondant à la MORTAL SIN pour mieux aligner les cassures et les breaks. Les titres, souvent courts et percutant savent aussi laisser place à des évolutions plus travaillées et ambitieuses, à l’image de l’impeccable « No Time to Complain » qui en effet ne tolère aucune plainte. Généreux en termes de riffs, les franciliens déroulent sans encombre, enchaînant les cavalcades et les passages plus pressants, laissant parfois des interstices pour qu’un Heavy vraiment groovy nous fasse bouger la tignasse à vitesse grand V. Aucun reproche à formuler à l’égard d’un album qui a profité de l’expérience des musiciens pour ne tirer que le meilleur d’une cuvée traditionnelle, et autant le dire sans tourner autour du pot, DEAD TREE SEEDS n’a absolument rien à envier aux cadors de la vague old-school actuelle. Largement capable de signer des hymnes intemporels, le groupe recentre son propos, se montre diablement convaincant sur les hits les plus fatals et immédiats (« Push the Button »), mais aère aussi son propos d’interludes plus délicats et mélodieux. Ainsi, « The Way to Eternity » offre une bouffée d’air frais dans la moiteur ambiante, nous préparant à l’aplatissement en règle de « Abjection » qui reprend les débats avec la même énergie. Ce line-up est donc vraiment ce dont le groupe avait besoin pour revenir au premier plan, et si certaines idées semblent encore un peu systématiques, Push the Button dame le pion à bien des formations plus établies engoncées dans leur certitudes et leur son générique (DESTRUCTION, OVERKILL, TESTAMENT), prouvant qu’il est toujours possible de jouer un Thrash classique sans sonner anonyme.
En fin de parcours, le groupe nous offre des morceaux plus évolutifs, mais toujours aussi prenants, et entre « Enemies of Rome » et son tempo à la MOTORHEAD/TANK, et le final « Shotdead », qui pendant plus de sept minutes reprend à sa sauce les éléments les plus symptomatiques de la démarche, Push the Button frise le sans faute dans le traditionalisme, et replace les parisiens à une place fort enviable. Un album qui transpire la sincérité dans la violence, qui se montre aussi intelligent que spontané, et qui finalement s’avère l’un des plus efficaces de cette année 2020.
Titres de l’album :
01. Thrash Tales
02. Fangs of the White Wolf
03. Thru God for Vengeance
04. No Time to Complain
05. Push the Button
06. The Way to Eternity
07. Abjection
08. Enemies of Rome
09. Wailing Wall
10. Shotdead
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