Oh mais que c’est vilain tout ça ! Mais après tout, le Death old-school n’a jamais cherché à ressembler à une jolie playmate de Playboy ou à un étal de primeurs chez Lidl sous un éclairage flatteur. Et c’est tant mieux, puisque les PUTRID TOMB et leur baptême franc sont moisis, pourris jusqu’à la moelle, et dignes d’un Darwin Award de la régression inhumaine.
Fondé à San Diego il y a deux ans, ce trio infâme a d’abord pris le temps de lâcher une première démo qui en disait suffisamment long sur son pedigree teigneux, avant de prendre deux ans de recul pour baver un premier EP. Cet éponyme est donc le premier produit professionnel de la bande, distribué par l’écurie nationale confidentielle de Desert Wastelands Productions, et sonne exactement comme il doit sonner : un jet cryptique enregistré dans une caverne quelconque, et dédié à tous les morts pas encore trop rassis des environs.
Dans un registre de Metal de la mort vraiment faisandé mais guilleret de violence, PUTRID TOMB est le plus parfait exemple de OSDM qui n’a pas oublié les principes catchy du Thrash, et qui vomit sa bile avec élégance et sans tâcher les invités. En cinq bas morceaux dont une transition de lard, les américains nous montrent donc leurs capacités à reproduire les réflexes de SUFFOCATION, INCANTATION, IMMOLATION, et tout autre zombie qui a rendu la fête des nineties plus folle sans alcool mais dans un ossuaire décati par les années.
Se partageant entre vitesse respectable et lourdeur vraiment suffocante, le groupe nous offre donc un éventail nostalgique tartare mais sincère, et non dénué d’ambitions. Si « Heaven's Gate » et sa longue intro joue le classicisme véreux et la puissance brute, le reste des morceaux ose casser le moule sans nuire à la cohésion, nous offrant même un incroyablement accrocheur « Afterbirth ».
Pas de crainte donc, pour ce premier EP qui fait montre de principes d’ouverture dans la fermeture. Cloisons bouchées, persiennes collées, Putrid Tomb lacère, dépèce, lamine et fulmine, mais avec beaucoup de pertinence. Un son de guitare à faire passer la HM-2 pour une invention chicos de Bob Ezrin, un chant d’outre-tombe à la Chris Barnes pas content d’avoir été réveillé à quatorze heures, une batterie qui abat un boulot considérable, pour un résultat immédiat, et assez jouissif.
On aime ces plans qui s’enchainent sans temps mort, cette énergie qui ne se dément pas, ces accès de fièvre au vibrato qui rendent les soli encore plus hystériques, et ces accélérations fulgurantes tendance ASPHYX. Côté caverneux qui fume, les californiens ne craignent pas non plus la concurrence avec des descentes Doom assez fumasses et embrumées, sentant bon la mort dans un supermarché. Bande-son idéale d’une journée sans surprise, cet EP est efficace, joyeux, riche en protéines et en lipides, et laisse repu, malgré sa brièveté. Et si les sagouins essaient de se faire passer pour des musiciens sensibles en nous collant une mélodie romantique sur la transition « Comatose (Soul Psychosis) », on se rassurera de leurs instincts bestiaux sur le charnel « The Reanimator », et surtout, de leur misanthropie à la limite de la psychopathie sur le final dantesque et horrible « Putrid Tomb ».
Title-track dans la plus grande tradition des clôtures phares, ce dernier segment de plus de six minutes referme les portes des enfers sur un bilan largement positif. Rondes à la basse qui sont autant de coups de marteau sur les tempes, batteur en roue libre, pesanteur sèche, pour une Californie loin des cartes postales ensoleillées. PUTRID TOMB comme son nom l’indique n’est pas une petite promenade sur le Hollywwod Boulevard, mais plutôt un raid sur le Spahn Ranch de Manson, histoire de voir si les légendaires snuffs ne traînent pas encore dans le sable brûlant.
Long live the dead.
Titres de l’album:
01. Heaven's Gate
02. Afterbirth
03. The Reanimator
04. Comatose (Soul Psychosis)
05. Putrid Tomb
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