L’heure est au désespoir, à l’égocentrisme dans son sens le plus littéral, au fur et à mesure que les ténèbres de l’avenir nous encerclent comme un brouillard vorace et opaque. L’heure est donc au Black Metal, la seule musique capable de retranscrire en musique ce sentiment d’étouffement et de résignation, et c’est de notre beau pays qu’émane la bande-son idéale de cette époque plus que troublée qui accentue la déprime. Deux groupes pour un seul album, un split séparé entre deux entités de l’underground, au parcours différent, mais aux sombres desseins identiques.
Black Veil Production nous propose donc trente-cinq minutes de musique inégalement réparties entre deux groupes, d’Auvergne, réunis sur ce CD en dytique digipack. D’un côté, l’Auvergne, de l’autre côté l’Auvergne/Rhône-Alpes, et deux forces actives de la scène locale, VACUUM TEHIRU et SEKTH. Deux visions complémentaires mais différentes d’une musique unique, une agression ininterrompue, et une véritable symphonie dédiée aux instincts les plus individuels et néfastes. Une sorte d’état des lieux de l’humanité qui ne dessinera aucun sourire sur votre visage, mais plutôt une grimace d’effroi quant au constat dessiné par des guitares sèches et des rythmiques abruptes.
Je parlais de parcours différents, et ils le sont. Car les VACUUM TEHIRU, avec leurs trois longue-durée (358,
Ars Diaboli et Dragons from the Other Side) ont une sacrée longueur d’avance sur leurs partenaires de SEKTH qui jusqu’à présent ne nous ont honorés que d’un seul single. Mais la quantité de travail importe peu au moment de juger de la pertinence artistique de ce split, sobrement intitulé Qliphotic Devotion, pour bien scinder ses deux parties. Publié intimement, et empreint d’un classicisme formel totalement revendiqué, Qliphotic Devotion est une petite perle dans l’océan de la production BM contemporaine, l’un de ces bijoux sur lequel on tombe par hasard des rencontres ou des écoutes fortuites, et les morceaux joués pour l’occasion risquent fort de fédérer un public beaucoup plus large.
A gauche, et en entame, VACUUM TEHIRU, soit Ludovic Tournier, qui s’est non seulement chargé de la composition et de l’instrumentation (laissant les parties de batterie à Sophian Farah), mais aussi de l’enregistrement, du mixage, de la mastérisation et de la production, sachant parfaitement le son et l’ambiance qu’il souhaitait obtenir. L’homme n’est pas du genre à faire des concessions ou accepter des critiques, et met immédiatement les choses au point : il sait son Black Metal classique et proche des racines, et en est fier. Il a d’ailleurs raison, mais je préciserai quand même que sa musique est loin d’un simple décalque des dogmes norvégiens en la matière. Ses arrangements, ses accroches rythmiques savent se montrer accrocheurs, et son BM est de ceux qui laissent des traces dans les mémoires bien au-delà de la nostalgie. D’ailleurs, les riffs proposés, souvent syncopés ou plaqués, ces mélodies qui traînent au détour d’une décélération sont bien les symptômes d’une adaptation au marché moderne, sans que l’homme ne se fourvoie dans une rénovation forcée.
En vingt minutes, Ludovic trousse des atmosphères et des décors multiples, ayant parfois recours à des samples placés intelligemment, mais aussi à des intros qui ne sont pas sans rappeler NEUROSIS ou CULT OF LUNA, avec des percussions grondantes et des motifs automnaux. Alors, les vingt-deux minutes passent très vite, et si certains pourront regretter le parti-pris un peu gluant du chant, ils se consoleront vite de ces chœurs gravissimes qui appuient le côté sombre de l’affaire. Une affaire d’ailleurs rondement menée, qui explique pourquoi le groupe - ou one-man-band - est l’un des plus respectés de la scène.
SEKTH de son côté, compte dans ses rangs Vegard (chant), Aker (guitare) et L. Verdamnt (batterie). Peu prolixe, le concept se lâche aujourd’hui en plus de treize minutes, et offre un instantané tout aussi nuancé que celui de leur collègue. « Devotion » débute dans les brumes d’un Ambient qui prend à l’âme, avant que la machine ne s’emballe au rythme d’un mid tempo hargneux et d’un chant totalement dans la tradition nordique. Plus direct et bestial, le BM de SEKTH est d’une puissance incroyable, et d’une sophistication remarquable, et ose le carton plein, puisant ses références dans la scène française, tout en acceptant le legs des anciens Dieux du nord.
Totalement compréhensible, cette composition fait la part belle à une évolution prenante, et nous entraîne dans un dédale de couloirs en mode labyrinthe satanique, un labyrinthe dont la sortie se trouve au pas cadencé, pour peu qu’on ait envie de s’en extirper. Mais ce BM dense, aux nombreux changements, et aux silences très bien placés se montre pertinent, fascinant, hypnotique, soufflant le chaud et le froid, et nous offre même une basse ronde qui parvient à se faire une place dans les interstices.
Témoignage d’une scène locale bouillonnante, Qliphotic Devotion est une belle découverte qui prouve s’il en était besoin la créativité de cette scène française en perpétuelle évolution et mutation, et représente un cliché satisfaisant du Black frenchy en 2021.
Titres de l’album:
01. Vacuum Tehiru - Qliphotic
02. Sekth - Devotion
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