La théorie des quantas, le chat de Schrödinger, on connaît tout ça d’autant que depuis quelques années les séries s’en donnent à cœur joie pour nous en développer les tenants et aboutissants. Mais je ne suis pas ici pour vous parler de physique quantique, et encore moins pour en disséquer les principes, quoique certains d’entre eux pourraient s’appliquer à la musique des indonésiens de KEKAL.KEKAL c’est un peu l’entité bizarre venant d’une réalité parallèle, pas vraiment de son temps ni de son passé, qui existe sur plusieurs plans artistiques dont certains n’appartiennent qu’à eux. Une sorte de Cube 2 mis en musique, avec pour graphique un plan à quatre dimensions rajoutant le temps à l’espace, et permettant à des artistes de se dédoubler sans perdre leur identité propre. Depuis 1995, les originaires de Jakarta n’ont eu de cesse de repousser les limites du possible, en intégrant à leur vision musicale des éléments d’Electronica, de Metal, de Pop, de Jazz, de Rock alternatif, de Jungle, pour produire l’un des mélanges les plus intrigants de l’underground. A ce point intrigant que les sites sont bien en mal de comparaisons, au moment de proposer à l’auditeur perdu des points de repère. Pour exemple, The Metal Archives ne s’embarrasse pas de principes, et colle dans la liste des artistes similaires tout ce qui touche de près ou de loin à l’expérimentation, sans se soucier d’une quelconque cohésion. On trouve donc dans le déroulé des groupe s’affiliant ou pas aux indonésiens comme SIGH, VOÏVOD, ENSLAVED, DROTTNAR, DEVIN TOWNSEND, CYNIC, GIRE, GODKILLER, G.U.T, HAVOC UNIT, THY CATAFALQUE, ou AND OCEANS, et pourtant, aucun de ces artistes ne vous mettra sur la bonne piste. En citant SKRILLEX, les YOUNG GODS, SPINESHANK, MARILLION, les RESIDENTS, DOOM, les SWANS, SONIC YOUTH, les HALF GENTLEMEN, le site référentiel aurait proposé des cas moins évidents individuellement, mais beaucoup plus précis pris dans leur ensemble de mélange. Car une fois encore, la musique de KEKAL se veut imprévisible, et plus à même d’animer les dancefloors louches de Jakarta que les grands festivals Metal européens.
Avec la bagatelle de douze longue-durée au compteur, publiés avec une régularité exemplaire KEKAL fait maintenant partie de l’avant-scène de l’avant-garde nationale et mondiale, et depuis Deeper Underground en 2018, le groupe a visiblement souhaité rendre sa musique plus accessible au grand public. Si les premiers albums du groupe faisaient montre d’un esprit abscons et décidément peu amène en explications claires, Quantum Resolution continue sur le chemin de la vulgarisation de qualité, sans pour autant se compromettre dans une banalisation à outrance pour séduire les masses réfractaires à l’expérimentation. Nous retrouvons donc ce tapis d’arrangements électroniques qui éloignent évidemment le groupe de l’étiquette Metal qu’ils n’ont jamais revendiquée, et le tout ressemble à un effort de TRICKY pour s’accommoder d’une Pop moderne et catchy, sans négliger l’importance de l’apport de structures évolutives héritées du Progressif contemporain. Inutile de nier qu’en écoutant un morceau comme « Testimony », le rockeur de base se sentira complètement paumé, et se demandera à juste titre pourquoi on l’a invité à entrer. Avec des cassures venant de la Jungle et du Trap, une ambiance sombre mais dansante, l’ensemble à de faux-airs de fête organisée au débotté dans un squat en Allemagne, et utilise des recettes déjà largement épuisées par ATARI TEENAGE RIOT et toute cette génération de musiciens électroniques à l’instar de PRODIGY. Les amateurs de guitare n’auront que très peu de liens auxquels se raccrocher en écoutant la musique produite par le trio (Leo Setiawan - guitare/chant, Jeffray Arwadi - guitare/chant, et Azhar Levi Sianturi - basse/chant), qui se présente encore comme une sorte de pendant négatif des BEASTIE BOYS, avec en exergue cette créativité étonnante qui refuse les barrières et s’amuse à les faire tomber. Mais rassurez-vous, il reste quand même des choses à écouter si l’on aime la violence instrumentale, et « Quiet Eye » d’accrocher l’oreille comme un inédit de MINISTRY passé au prisme d’APHEX TWIN en cure de désintox malsaine. Les mélodies, évidemment prépondérantes permettent encore au trio de se rapprocher d’une musique abordable par les fans d’un Rock ouvert et délicatement alternatif, et les cris soudainement poussés autorisent les amateurs d’extrême à se laisser tenter. Mais ne vous leurrez-pas non plus. Les KEKAL ne sont toujours pas là pour se faire domestiquer, et si « Spiritual Anarchism » commence par un riff franc hérité du Heavy Metal le plus classique, son déroulé reprend la trame inextricable de ce mélange des genres qui a tout d’une fête de l’impossible et de l’affrontement de DJs aux cultures musicales différentes.
Alors concrètement, à quoi ressemble aujourd’hui la musique des indonésiens ? Toujours au même melting-pot incroyable, ce mélange de Rock, d’électronique, de violence exprimée autrement qu’avec un chant exhorté et des guitares agressives. Une violence qui va chercher sa raison d’être dans l’histoire de l’Industriel, du Trap, de la Jungle, du Breakcore, mais aussi dans la densité des couches d’arrangements qui rappellent parfois la vague Nu-Metal des années 90 sans jamais s’éloigner d’un esprit farouchement indépendant et typiquement asiatique, à l’image d’un SIGH passé du Black Metal aux sous-sols de la création synthétique. On pourrait même tendre la main à Trent Reznor en sachant très bien qu’il va l’attraper pour nous entraîner dans un monde ou DILLINGER ESCAPE PLAN est passé du côté obscur (« The Sleep System »). Loin de se baser sur des effets choc et des envies de provoquer et d’irriter, Quantum Resolution contient aussi des instants de beauté harmonique pure, à l’image de cette transition superbe « Zoe » qui n’aurait pas dépareillé sur un effort solo de Steven Wilson. Mais le propos général reste aussi rythmique que mélodique, et la démarche 2020 du groupe est formidablement bien résumée par le long et envoutant « Hidden No More », qui semble capter les fréquences FM de plusieurs dimensions différentes, en même temps. On y sent du Rock direct, des strates de sons Electro, de la méchanceté Indus, et un peu tout ce qui fait l’underground le plus fertile qui souhaite quand même le rester.
Alors que les DOOM japonais souhaitaient dans les années 80 propulser le Thrash dans la stratosphère du psychédélisme et de l’expérimentation, KEKAL souhaite faire évoluer la musique Industrielle dans une autre couche d’espace-temps, et proposer un écho d’avenir assez intrigant en soi. Et se dire que cet album reste le plus accessible de la bande laisse rêveur, les néophytes se demandant alors ce que ces trois-là ont pu oser par le passé. La même chose, mais en plus complexe. Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus.
Titres de l’album:
01. Quiet Eye
02. Spiritual Anarchism
03. Inward Journey
04. The Sleep System
05. Testimony
06. Driven
07. Zoe
08. Hidden No More
09. Apocalypse: Quantum Resolution
10. Pneumatic Union
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37