Ne laissons pas traîner les choses, d’autant qu’elles ne perdent pas de temps. Dans un registre Techno-Thrash méchamment échevelé, les ukrainiens de XENOTRONE font très fort avec ce premier EP, après avoir publié une démo en 2022. Quatuor très capable (Kostiantyn Roskosenko - guitare/chant, Dmytro Shevchenko - basse, Olexander Li - batterie et Max « Awakened » - guitare/chœurs), XENOTRONE ne manquera pas de chatouiller votre mémoire pour en faire ressurgir les souvenirs de CORONER, OBLIVEON, ATHEIST, WATCHTOWER, TARGET, et autres dignitaires de haut-rang de la cause Thrash technique et progressif des années 80.

Queen Of The Night, son titre et sa pochette peuvent aiguiller sur la mauvaise voie. On peut facilement prendre la livraison pour un colis Glam/Heavy/Hard-Rock anonyme, mais rien n’est évidemment plus faux. Et une fois passée l’intro, le morceau éponyme nous saute à la gorge, en déployant des trésors de complexité sans sacrifier l’énergie au produit de l’élitisme. Car si le quatuor est évidemment dévoré d’ambitions, il n’en a pas pour autant oublié le principe même du Thrash : bousculer, provoquer, donner envie de headbanguer.

Et ces sensations sont flattées dans le sens du plaisir par cet EP quatre titres de moins d’un quart d’heure. Et c’est bien là que le bât blesse pour les ukrainiens, qui nous frustrent de cette brièveté, alors qu’on les sent largement capables de pondre un longue-durée d’une qualité stupéfiante.

Mais en prenant la chose sous le bon angle - celui d’une présentation au monde très sélectif du Techno-Thrash - on apprécie ces trois morceaux qui dosent à parts égales la finesse instrumentale et la violence de la Bay-Area. Avec une paire de guitaristes qui s’y entendent come personne pour partir en vrille lors de soli homériques, une basse énorme et omniprésente qui claque et frappe, et un batteur en constante représentation, XENOTRONE bande ses muscles, et sort son CV en toute confiance.

Sur les trois morceaux complets présentés, on dénombre déjà trois classiques en devenir. Si la complexité globale repoussera peut-être les amateurs de nostalgie facile, les plus exigeants sauront reconnaître des créatifs incapables de se satisfaire de riffs faciles et de breaks téléphonés. L’homogénéité de l’ensemble joue aussi en sa faveur, avec une couleur commune partagée par les trois chansons qui contiennent un nombre de plans totalement hallucinant.

Sans aller défier le classique Time Does Not Heal de DARK ANGEL qui reste l’un des albums les plus fous en termes de licks originaux, Queen Of The Night donne quand même un peu le tournis, plus particulièrement sur le final dantesque « Psycho Soldier (Born to Kill) », qui accentue toute la démesure d’un disque centré autour d’une dextérité incroyable.

Cerise sur le gâteau, une production impeccable qui assume son lot de décibels, et qui place tout le monde au même niveau. Assez proche de ce que WATCHTOWER aurait pu produire en partageant un split avec les flingués de PESTILENCE (celui des années 90 évidemment), Queen Of The Night est hitchcockien dans sa paranoïa, et nous trimbale de décor en décor, d’intrigue en meurtre, pour mieux nous perdre dans un univers à la Dark City. 

Je ne saurais évidemment que trop vous conseiller de vous jeter sur ce premier EP, qui annonce des jours complexes à venir. XENOTRONE s’annonce comme la découverte Thrash de cette année 2023, et nous attendons avec impatience la confirmation pour 2024. Un album entier nous permettra de juger si la performance courte tient sur la longueur. Et si tel est le cas, la course risque d’être rude et intense.

Mais la première place et le tableau d’excellence en valent toujours la peine. Préparez les médailles.      

Titres de l’album:

01. Intro

02. Queen of the Night

03. Evil Eyes

04. Psycho Soldier (Born to Kill)

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