Quand on se sent bien quelque part, on y reste non ? Inutile d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus cramée, d’autant que l’invitation de cette semaine est à long terme. Les italiens d’I, Voidhanger ont vraiment mis les petits plats dans les grands, en nous servant pas moins de six sorties, toutes riches, élaborées, voire sophistiquées. Et en troisième service, les belges de MOSS UPON THE SKULL nous ont façonné une petite merveille sucrée/salée dont ils ont le secret.
On ne va pas tergiverser, MOSS UPON THE SKULL est sans doute le groupe le plus abordable de cette salve early 2025. Bien que très portés sur la technique et les dissonances, les bruxellois ne se perdent pas dans le dédale de l’expérimentation comme beaucoup de leurs collègues, et préfèrent arpenter les chemins bien tracés du Death progressif, tel qu’il fut défini dans les années 90 par PESTILENCE, GORGUTS, DEATH ou MORBID ANGEL, SADUS et autres encore plus frappés solfège.
Ceci étant posé, le quatuor (Jense - batterie, Jef - guitare/chant/claviers, Bart - basse et Jo - chant) n’est pas des plus productifs. Il attend la maturation avec une patience louable, ce qui explique sans doute l’écart de huit ans entre ce Quest for the Secret Fire et son aîné In Vengeful Reverence. Qualité vs quantité, les belges ont choisi, et on comprend vite pourquoi. Ce nouveau chapitre de leur histoire, bien que clair et logique n’en est pas moins complexe et tragique (dans le sens théâtral du terme), et propose des titres alambiqués, atmosphériques, évolutifs et nourrissants.
En restant loin de la horde démonstrative qui confond accumulation de plans et imagination fertile, MOSS UPON THE SKULL joue la franchise légèrement détournée, et soigne l’un des disques les plus créatifs du créneau. Avec des arrangements synthétiques qui ne sont pas sans évoquer la légende NOCTURNUS, une ambiance légèrement sci-fi qui stimule l’hypophyse, un entre-deux fabuleux entre prétentions et assertions, ce deuxième long fait partie du haut du panier, et justifie cette confiance renouvelée du label transalpin.
Comme sur tout album progressif qui se respecte, Quest for the Secret Fire donne le sentiment de jouer sur plusieurs tableaux simultanément sans sonner disparate. Les belges accumulent les idées comme la concurrence les clichés, et se lance dans une entreprise à grand échelle de réhabilitation d’une façade un peu endommagée par les déroulés prétentieux et autres réflexions absconses et gratuites. Ce qui explique une pertinence des riffs, qui sont tout sauf des prétextes, une abondance de mélodies amères toujours placées judicieusement, un chant grave et rauque mais intelligible, et, cerise sur le gâteau, une production diablement précise qui permet d’apprécier les performances individuelles, évidemment remarquables.
C’est ainsi que l’écoute est rendue fluide, avec des réflexes initiés par la doublette magique de PESTILENCE, sur Spheres et Testimony Of The Ancients. L’adjonction de riffs purement Thrash permet à des titres comme « Reprisal from the Deep » ou « Paths Towards Chrysopoeia Pt. I » d’accrocher l’oreille et de conserver son attention, même si les boucles de basse serpentines et les attaques permanentes d’une batterie pulsée et maitrisée s’encartent automatiquement au parti d’un Death purement évolutif et enrichi de trouvailles personnelles.
MOSS UPON THE SKULL offre donc le meilleur des deux mondes. Des avancées sophistiquées, des lignes de chant puristes, des équilibres rythmiques très stables, pour une partition complète, et jouée avec le cœur et le cerveau.
A la manière d’un concept album dérivant dans l’espace à la recherche d’intelligences extraterrestres, Quest for the Secret Fire cherche le feu sacré…qu’il a déjà trouvé. Un feu sacré qui brûle comme une étoile, et qui de temps à autres, laisse la parole au ressenti et à l’absence de paroles pour dérouler le tapis d’un accueil généreux et sincère. « Initiation to the Extracorporeal Odyssey » en est certainement la démonstration la plus évidente, avec cette structure partagée entre dissonances et harmonies pures, le tout sous couvert de mesures irrégulières et d’une frappe aléatoire.
Passionnant, cruel, hypnotique, sans pareil, ce deuxième long est une sacrée réussite. Il était évident qu’I, Voidhanger n’allait pas se contenter d’un album de Death old-school, mais ce désir d’éviter le cloisonnement élitiste de l’avant-garde touche en plein cœur, et rend le quatuor belge encore plus attachant. Pourtant, les musiciens en collent sans compter, entre un « Writhing Through the Nebulae of Macrocosmic Disharmony » charismatique mais éduqué, et un « Woe to the Goldmakers (Paths Towards Chrysopoeia Pt. II) » qui clôt un diptyque fabuleux et fascinant.
Ne manquait au tableau qu’un final homérique, et c’est justement ce qu’incarne « Quest for the Secret Fire (Theurgic Practice) ». Percussions martiales découlant sur des blasts en pluie fine, accumulation de riffs sans frôler l’overdose, et créativité au maximum pour laisser une sensation de plénitude dans la violence. Epilogue rêvé d’un album en cauchemar alternatif, « Quest for the Secret Fire (Theurgic Practice) » est LA porte de sortie vers l’infini dont cet album avait besoin, achevant ainsi d’introniser MOSS UPON THE SKULL dans le royaume restreint des créatifs en pleine possession de leurs moyens.
Une épopée stellaire, une inspiration du tonnerre. Les éléments se déchaînent, mais jamais gratuitement. Le Death progressif à son apogée, lorsqu’il n’oublie pas de conjuguer la complexité à l’efficacité.
Titres de l’album:
01. Dwelling on Charnel Grounds
02. Heretical Experiments in the Subterranean Citadel
03. Reprisal from the Deep
04. Paths Towards Chrysopoeia Pt. I
05. Initiation to the Extracorporeal Odyssey
06. Writhing Through the Nebulae of Macrocosmic Disharmony
07. Woe to the Goldmakers (Paths Towards Chrysopoeia Pt. II)
08. Quest for the Secret Fire (Theurgic Practice)
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26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
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La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
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Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
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