Troisième album pour les originaires de Sacramento en Californie, et nouveau changement dans la continuité. Si la musique d’HELION PRIME n’a pas vraiment changé, ses ambitions sont aujourd’hui plus marquées, et il semblerait que le groupe désire accéder à un stade supérieur. En effet, la tête pensante du combo, Jason Ashcraft s’est complètement lâché, et nous propose après deux albums de qualités différentes un concept album, focalisé sur une catégorie d’individus possédant tous le même point commun : celui d’avoir remis leur monde et le monde en question, pour tenter d’apporter des solutions à des problèmes évidents, ou du moins, de faire avancer les choses. C’est ainsi que chaque chanson possède son identité, reliée au fil rouge de l’album. Et après un premier éponyme qui avait fait beaucoup de bruit, un second chapitre plus nuancé qui avait divisé, Question Everything se propose de mettre tout le monde d’accord en posant les bonnes questions Power Metal : le genre est-il immuable, ses figures imposées inamovibles, et n’y a-t-il pas un moyen de contourner les obligations pour rendre une copie plus intime ? Visiblement, la réponse est non, puisque le Metal des californiens est toujours aussi flamboyant, et respectueux des dogmes, combinant une force de frappe quasiment Thrash à des mélodies très prononcées, en gros, la recette idéale pour accoucher d’un nouveau-né bien portant, et apte à séduire les fans du genre. Une fois encore - tradition oblige - HELION PRIME nous montre un nouveau visage, avec une formation renouvelée depuis Terror of the Cybernetic Space Monster. Troisième album et troisième vocaliste, et après Heather Michele en 2016 et Sozos Michael en 2018, c’est aujourd’hui Mary Zimmer qui prend en charge le micro pour tenter d’imposer son timbre et ses variations.
Avant d’aller plus loin dans l’analyse, admettons d’emblée que le choix de Mary n’est pas des plus évidents au prime abord. Le timbre assez soft et mesuré de la chanteuse s’accommode assez mal parfois des ambitions de son leader, et ses capacités moyennes ne permettent pas toujours aux compositions les plus amples de décoller vers les paradis Power Metal. Loin des possibilités surnaturelles de certaines de ses consœurs, la chanteuse propose une interprétation un peu trop limitée qui sans être ridicule, n’offre pas la grandiloquence dont Question Everything avait besoin pour incarner l’acmé du Power moderne. On le sent assez rapidement, d’autant plus que le background instrumental est quant à lui très chargé, Jason n’hésitant pas à faire appel à un ensemble à cordes pour enrichir sa musique déjà bien pleine. La production de l’album, « idéale », respecte les standards en vogue, gonfle les graves et donne dans le cinématique élargi, conférant à cet album des allures de blockbuster pour les oreilles. Niveau approche, le style du groupe n’a pas changé, avec toujours cette énorme puissance mâtinée d’harmonies très subtiles, même si les riffs et soli sont encore plus conséquents que par le passé. Avec le support d’Alex Nasla (WITHERFALL, Gear Gods Studios) aux claviers, et un mixage signé par Chris Collier (KORN, FLOTSAM AND JETSAM, WHITESNAKE) Question Everything foule donc la cour des grands, et tente d’imposer le nom d’HELION PRIME dans les esprits. Et si l’album est indéniablement le grand achèvement du quintet (Jason Ashcraft - guitare, Mary Zimmer - chant, Jeremy Steinhouse (basse), Alex Bosson - batterie et Chad Anderson - guitare), il garde ce côté un peu cliché qui nous empêche d’adhérer complètement à son propos.
Pourtant, avec quatre-cinquièmes du groupe stables depuis 2016, HELION PRIME avait de quoi nous coller une calotte divine, ce qu’il parvient à faire parfois, lorsqu’il s’abandonne à sa propre démesure et que Mary monte enfin dans des aigus lyriques (« The Gadfly »), ou lorsqu’il louche du côté du soleil levant et qu’il reprend les codes des groupes japonais (« Photo 51 »). Bien évidemment, avec une musique si connotée et une durée de presque une heure, Question Everything tente justement de tout questionner, mais n’apporte pas vraiment de réponse. On a souvent la sensation que le groupe est en pilotage automatique, reprenant à son compte les facilités les plus évidentes du genre, et n’osant pas vraiment les transcender ou les déformer pour en proposer une version moins évidente. L’emphase a clairement été mise sur la puissance et la grandiloquence, au détriment du culot, comme si le quintet voulait assurer ses arrières sans aller trop loin dans la prospection. Attitude qui va à l’encontre d’un concept basé sur les individualités à la curiosité historique, et qui aurait sans doute mérité plus de prises de risques. Ainsi, « Madame Mercury », honorant la mémoire de l’ordinateur humain de la NASA Kathrine Johnson se contente d’un up tempo efficace sur voix doublée, sans chercher à toucher les étoiles du bout du manche. On déplore un peu ce côté trop sage de l’entreprise, qui au niveau du son tente de faire illusion en crevant le ciel, mais sans vraiment découvrir de nouveaux mondes.
Et les américains ont beau invoquer et aborder Socrate, Rosalind Franklin, le docteur Cornelius de la Planète des Singes, Alice Ball, convier à la fête d’anciens membres du groupe (Heather Michele et Sozos Michael sur le title-track), la magie a du mal à opérer autrement que par intermittence, et autrement qu’en s’imposant comme un rouleau-compresseur écrasant tout sur son lourd passage (« Question Everything »). Mais la similitude des idées et des plans, cette production qui en fait trop et ne laisse pas l’instrumentation respirer, et ces capacités vocales par trop limitées font qu’on accepte la qualité de l’objet, sans vraiment être enthousiasmé par ses effets de manche. On aurait apprécié plus d’air dans les compositions, plus de moments calmes et évolutifs, même si l’habile ballade « Reawakening » calme un peu les ardeurs et offre un peu d’oxygène mélodique et une basse moins convenue. Le groupe a au moins le mérite de terminer sur une note inhabituelle, en reprenant une tranche de vie des légendaires MISFITS via leur « Kong at the Gates », qui allège un peu l’emphase ambiante trop oppressante. Il est toujours délicat d’avouer qu’un groupe déçoit en proposant son album le plus ambitieux, mais Question Everything essaie avec trop de conviction sans vraiment réussir. La faute à des plans trop convenus, qui desservent une thématique intéressante et un concept qui méritait plus de réflexion musicale. Il est quand même méchamment paradoxal d’appeler son troisième album « tout remettre en question » et de ne pas s’en poser assez.
Titres de l’album:
01. The Final Theory
02. Madame Mercury
03. Prof
04. The Gadfly
05. Photo 51
06. E Pur Si Muove
07. Words of The Abbot
8. The Forbidden Zone
9. Question Everything
10. Reawakening
11. Kong at the Gates (Misfits Cover)
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