Le Canada n’a pas toujours été tendre avec nos oreilles, et ce, dès les années 80. On pourrait pointer du doigt les deux premiers albums de notre VOÏVOD chéri, mais aussi les exactions légèrement plus brutales de RAZOR et SLAUGHTER, qui s’en donnaient à cœur joie dans l’agression sonore caractérisée par des tempi épileptiques et des riffs barbelés jetables après utilisation. Alors dites-vous que pour la finesse d’un RUSH ou la sophistication d’un ANNIHILATOR, nous avions droit à une sacrée gerbe de décibels en arrière-plan.
Et visiblement, cette époque n’est pas si révolue que ça si j’en juge par le premier album des locaux de KINGS OF DECEIT, ces rois de la tromperie qui ne méritent pas forcément leur nom. Car avec une pochette cryptique, un nom franc et un intitulé d’album aussi radical que Rabid Intentions, il n’y a pas grand-chose d’autre à attendre qu’un coup fourré Thrash brutal, ce que ce premier album est indubitablement.
Pas grand-chose à dire à propos de ces originaires de Brownvale/High Level, puisqu’ils n’ont sorti depuis leur émergence que deux singles annonciateurs de ce premier long, et qu’on retrouve immanquablement ici. Plus exactement, pas grand-chose à dire à propos de CET originaire de Brownvale/High Level, puisque KINGS OF DECEIT est un nouveau one-man-Thrash-band à l’instar de GASLARM, et qu’il est mené de riff de fer par le dénommé Jonathanand Chris, en charge de l’écriture, de la composition, de l’instrumentation et de l’enregistrement.
On le sait, depuis quelques années, à l’image d’un BM misanthrope, le Thrash se satisfait très bien de ces interventions solitaires, lui qui représentait l’esprit de groupe par excellence lors de son émergence dans les eighties. Mais avec les équipements modernes, et l’envie de chacun de sortir de son trou pour affirmer sa personnalité belliqueuse, le Thrash est devenu aussi l’affaire de musiciens uniques, qui se débrouillent très bien sans comparses. Et il est très difficile en écoutant ce premier album de deviner que Jonathanand a agi seul, sans commanditaire et sans partenaires, tant sa musique respire l’effort collectif. Un Thrash d’ailleurs assez diffus, très violent, parfois à la lisière d’un Death un peu timide, mais efficace, sombre, et assez symptomatique de ce que les américains pouvaient proposer entre 1989 et 1991 en sous-main.
De la puissance donc, de la clarté dans les intentions, des riffs qu’on retient parfois assez facilement, et même, une gigantesque basse Crossover qui lie le tout. Ceci donne parfois lieu à des hits improbables, comme le très catchy et remonté « Born Evil », l’un des singles lâchés en éclaireur. Construit sur un mid tempo hargneux, ce titre est évidemment la tête de gondole d’un album au rayonnement intimiste, et rappelle les miraculeux DBC, EXCEL, FORBIDDEN, et pas mal d’autres acteurs de l’époque.
Musicalement, l’affaire est solide, et ce, dès ses premières secondes. En citant l’un des héros Crossover du passé, « Nuclear Assault » se place sous l’égide de cet héritage Thrash que nul ne peut ignorer au moment d’enregistrer son premier album. Boite qui cavale son rythme, intro tonitruante et truffée d’effets, entame vocale Death, ça carbure sec, et ça découpe en fines tranches. On ne le remarque pas forcément à ce moment-là, puisque les BPM tombent à terre comme des mouches et que les soli sont d’importance, mais le chant sardonique et suraigu de Jonathanand représente le seul écueil à passer pour apprécier Rabid Intentions, ses intonations hystériques et adolescentes pouvant choquer les oreilles sensibles.
Le travail est donc exemplaire, émaillé de quelques fantaisies comme cette intro mélodique sur le long « Eyes of Prophecy », qui propose une évolution plus lourde et moite, ou cette transition glauque « Dawn of the Apocalyse » qui nous enfonce dans le trauma Thrash des plus plombés du bulbe.
Certes, pas de quoi se relever la nuit. La programmation rythmique est parfois irritante dans le scintillement des cymbales, les plans se répercutent parfois d’un titre à l’autre de façon grossière, les riffs ne sont pas toujours inspirés, et le son accuse parfois des marques de faiblesse. Mais il y a de quoi se sustenter sur ce premier album, en faisant abstraction du grand écart de la production qui fait parfois franchement mal aux tympans (« Last Call », sorte de démo Death gauche de 1992), et en se concentrant sur les possibilités créatives de ce musicien sympathique.
Anecdotique mais rafraîchissant, Rabid Intentions n’a pas la rage, mais prouve que l’âme de KINGS OF DECEIT est déjà bien gangrénée par la colère.
Titres de l’album:
01. Nuclear Assault
02. Kings of Deceit
03. Born Evil
04. Eyes of Prophecy
05. Dawn of the Apocalyse
06. Burning Down In Kaos
07. Last Call
08. The End of May
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