Pendant que certains musiciens essaient toujours de repousser les limites de la créativité, d’autres se contentent de satisfaire leur passion sans vraiment chercher à faire du neuf avec du vieux. C’est une option/position que je respecte, puisque après tout, la musique comme toute autre passion, se doit d’être sincère et non opportuniste. Et nous pouvons faire confiance aux Italiens de Frontiers pour soutenir ces musiciens ayant commencé leur carrière il y a quelques décennies, sans leur demander de céder à la pression des modes…
Le label nous propose donc en ce mois estival de juin une nouvelle découverte estimable, celle d’un « supergroupe », ou presque, qui nous présente donc son premier album éponyme sans complexes…
RADIATION ROMEOS, qu’est-ce donc ? Une version romancée et édulcorée des aventures de Melvin à Tromaville, qui rencontre l’amour la nuit, sa serpillère à la main ? Pas vraiment, quoique le parallèle a de quoi faire largement sourire.
Non, ces Roméo radioactifs seraient plutôt du genre romantiques, à la mémoire affutée, et qui se souviennent avec acuité des mélodies les plus épurées du Hard-Rock US des 80’s, et qui continuent d’en appliquer les recettes avec allant, pour nous proposer presque une heure de musique « classique », mais Ô combien jouissive pour qui aime les harmonies ciselées et les arrangements léchés.
RADIATION ROMEOS, c’est une nouvelle association de bienfaiteurs, qui se sont retrouvés ensemble afin d’assouvir les instincts Rock les plus tendres et mordants. On y retrouve au chant le légendaire Parramore McCarty, ex-chanteur des mythiques WARRIOR, et ex-accompagnateur de Steve « Billy Idol » Stevens sur son projet ATOMIC PLAYBOYS. D’ailleurs, l’inspiration pour le nom du combo viendrait d’un vers du premier album de ce dernier…
On retrouve aux côtés de ce vocaliste au timbre inimitable une sacrée brochette de requins, dont Dag Heyne à la guitare, Jogi Spittka à la basse et Gereon Homann à la batterie, pour un premier jet produit de main de maître par l’immanquable Michael Voss (PHANTOM 5, CASANOVA, Michael Schenker). Au menu ?
Rien de bien surprenant sur la carte, mais un joli étalage de mets corsés, salés avec équilibre, parfois un peu sucrés sur les bords, mais aux propriétés nutritives indéniables et à la présentation très soignée. En gros comme en détail, du Hard Rock de grande classe, digne de l’héritage de ce frontman toujours aussi alerte qui domine de ses intonations flamboyantes des compositions à la beauté formelle et à l’efficacité graduelle.
Un melting-pot de ce que le Hard-Rock d’antan a encore à proposer en 2017, et soyez-en sûrs, l’apport est tout sauf négligeable. Si l’écurie Frontiers avait montré quelques signes de flottement il y a quelques années, la barre a bien été redressée, et les sorties s’enchaînent sans temps mort ni faute de goût. Une fois de plus, Radiation Romeos maintient le cap sur l’excellence sans forcer son talent, et aligne les hits qui auraient fait les beaux jours des FM US d’il y a trente ans, celles-là mêmes qui ont la mémoire très courte…Nous, beaucoup moins, et après quelques écoutes, ce projet organisé autour de la personnalité attachante de Parramore McCarty s’avère être une excellente surprise de Hard à l’Américaine, empesé d’une bonne couche d’apprêté Européenne, et décoré de soli tout à fait respectables.
On pense évidemment à l’association Lande/Allen, mais aussi à beaucoup d’autres troupes de la caserne Frontiers, et même si McCarty commença sa carrière dans les mid 80’s, poussé par Robbin Crosby de RATT pour s’investir dans un certain nombre de cover bands, le talent de l’artiste est resté intact, et sa fougue aussi, comme en témoigne une ballade aussi pure et séduisante que « Like An Arrow », qui évite justement l’écueil de la mièvrerie grâce au talent hors normes du chanteur.
Niveau compos justement, le quatuor a soigné aux petits oignons le fond et la forme, et n’hésite pas à valser entre Hard-Rock bien burné, Heavy un peu plus allumé et AOR aiguisé. Les hymnes s’enchaînent à une vitesse folle, et le ton est donné dès la tonitruante ouverture éponyme, qui cavale d’un up tempo sautillant, pour mettre en valeur un refrain hautement mémorisable, qu’on imagine aisément repris en chœur live.
Production évidemment nickel, pas trop aseptisée et qui a su garder le tranchant de la guitare effilé, arrangements discrets mais efficaces, chœurs qui savent rester à leur place sans bouffer les lead, et breaks prévisibles, mais toujours appréciés pour ce qu’ils sont.
On sent que le ton est rapidement donné, et que le but était d’adapter des standards anciens à des exigences de production moderne, pour livrer une version customisée d’un Hard-Rock de tradition, sans le trahir, mais sans oublier de le dépoussiérer.
Cette méthode est palpable sur le second titre, le très efficace « Ocean Drive », qui mélange dans une même humeur collective le Hard le plus classique et l’AOR typique de ces dix dernières années, parvenant à évoquer dans un même ensemble la science infuse mélodique des HAREM SCAREM et le sentimentalisme radiophonique de la vague scandinave.
Mais les exemples sont tellement nombreux que tous les utiliser en devient un peu superfétatoire, même si chacun mérite sa tribune.
Tentons donc d’en mettre quelques-uns en avant, à l’instar du brûlant et plombé « Bad Bad Company » qui flirte avec l’esprit lubrique d’ALICE COOPER tout en invoquant le spectre d’un QUIET RIOT période Paul Shortino, le très long et progressif « Promised Land » et son parfum embrumé des landes d’Europe et plus particulièrement d’Irlande, ou « Ghost Town » qui de son acoustique développe un joli panorama désertique, à peine balayé par un vent au parfum légèrement Sleaze à la BON JOVI en phase de transition entre Slippery When Wet et New-Jersey.
Du travail de pro pour les amateurs que nous sommes, et si parfois, le professionnalisme excessif castre les ambitions instinctives, le résultat se veut quasiment imperfectible dans le style, eut égard au talent d’instrumentiste de ces musiciens au pédigrée remarquable (la guitare rappelle d’ailleurs un peu le style de Steve Stevens chez Idol ou en solo).
Mais ces quatre-là savent aussi lâcher la bride pour se laisser aller à des ambiances bluesy assez chaloupées (« Monstertraxx », final jouissif), tout en gardant sous le coude le contrôle global d’un projet enthousiasmant qui se situe dans une convergence entre Hard-Rock efficace, AOR de palaces et Glam de surface un peu salace.
Un premier album qui pourrait d’ailleurs se résumer à cette déclaration si sincère de Parramore :
« Notre but était d’écrire de grandes chansons mélodiques. Quelque chose pour chacun en fait… »
Et sous ce point de vue-là, le but est atteint avec un brio admirable, puisque Radiation Romeos n’est rien de plus ni de moins qu’un excellent album de Hard-Rock faisant la jonction entre le présent et le passé, sans prôner le passéisme ou le modernisme à outrance. Je prédis une belle carrière live pour ces RADIATION ROMEOS qui n’ont certainement pas fini d’irradier les foules de leur fougue nucléaire Rock affolant les compteurs Geiger de notre passion.
Titres de l'album:
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