Vous êtes en voiture, vous allumez évidemment la radio, et là, vous tombez sur le dernier single de Lee AARON. Imaginez-un peu la surprise, d’autant que la plupart d’entre vous pensent certainement que la brune canadienne a stoppé sa carrière depuis fort longtemps. Le plaisir n’en serait que décuplé de découvrir que Lee a non seulement continué son chemin, mais a produit ses albums les plus intéressants et matures ces dix dernières années. Fini le Hard-Rock influencé Benatar des années 80, fini les clichés à la Metal Queen, depuis les années 2010, Lee a fait son choix, celui d’un Rock joué Hard à l’inspiration multiple, loin des errances FM de ses disques les plus complaisants. Je suis au rendez-vous depuis de nombreux albums, et je fais partie de ceux qui considèrent la chanteuse quinquagénaire au sommet de ses moyens, comme l’ont prouvé des albums comme Fire and Gasoline ou Diamond Baby Blues. D’ailleurs, « Tomboy », l’un des derniers singles de la belle agit comme du Guronsan sur mon organisme, et réveille le rockeur qui sommeille en moi, le même qui s’endormait poliment dans les années 80 en écoutant les disques de Lee.
Trois ans après son dernier album studio, et deux après son Power, Soul, Rock N' Roll – Live in Germany, Lee AARON revient donc avec des tubes plein son poste radio, et fait encore une fois preuve d’un éclectisme délicieux. Entre Classic Rock, Alternatif, Pop et Hard-Rock, Lee serpente sur les chemins, et plante ses crocs dans les mollets des fans perdus dans la jungle de la production actuelle. Avec toujours cette collaboration entre elle et son mari, et une masterisation signée par le gourou Mike Fraser (AC/DC, AEROSMITH, VAN HALEN), Radio On ! fait honneur à son point d’exclamation, et offre une suite plus que digne à Diamond Baby Blues, qui avait obtenu nombre de critiques positives amplement méritées. Son énorme, mais juste assez rêche pour évoquer le Rock, dame en voix pour son grand soir, compositions hétéroclites, tout est là pour faire plaisir à son public qui ne l’a jamais lâchée même dans ses moments les plus sombres.
Soutenue par une section rythmique à l’abattage conséquent (Dave Reimer - basse et John Cody - batterie), et par un guitariste volubile qui n’a pas les riffs dans son flight-case (Sean Kelly), Lee se sent à l’aise avec ce backing-band de luxe qui l’accompagne depuis de longues années, et le prouve en nous servant encore bouillant un « Vampin' », que les GRETA VAN FLEET des premiers temps auraient pu populariser à leur sauce. Les thèmes abordés par la chanteuse sont toujours aussi ouverts, avec des allusions aux problèmes de société, à l’indépendance, au matérialisme/consumérisme qui nous ronge, ou évidemment, à l’amour, l’un des sujets de prédilection des chanteurs/euses de Rock qui se respectent.
« Vampin' » est à ce titre l’entame dont on rêve lorsqu’on se branche sur les ondes de la FM qui ne se spécialise plus Funky depuis longtemps. Quatre minutes de Hard Rock de tradition, d’obédience seventies passé au prisme des années 2000, avec ce petit parfum ZEP dans la lourdeur, atténuée d’un refrain totalement craquant. Les voix mêlées, l’interprétation investie, l’ambiance sincère, tout contribue à faire de cette reprise de contact le salut qu’on attendait de la part d’une amie de longue date. En restant fidèle à une recette d’ouverture qui lui réussit depuis des années, Lee AARON nous offre encore un album impeccable, bien plus crédible que nombre de ses efforts les plus célèbres. En mid tempo, « Soul Breaker » nous touche en plein cœur de sa simplicité qui n’est pas sans évoquer un aménagement d’AC/DC nivelé par Bryan ADAMS, et de fait, toute la première partie de l’album est constellée de morceaux efficaces, punchy en diable, syncopés, en mid ou up, et surtout, drivés par une guitare qui n’a pas atténué les effets de sa distorsion pour passer aux heures de grande écoute (« Cmon »).
La maturité de la voix de Lee est assez surprenante, la vocaliste restant dans un registre mid et hargneux qui lui sied à merveille. Trouvant toujours le juste équilibre entre tradition et innovation dans le rétro, entre émotion et énergie, Lee sonne plus Rock que jamais, boogise comme une diablesse (« Mama Don't Remember »), avant de se souvenir que le Blues est à la base de tout, y compris sur les FM qui passent encore des classiques du patrimoine US (« Radio On »). Toujours soutenue par des chœurs efficaces et bien placés, qui n’en font pas trop mais qui transcendent des refrains fédérateurs, Lee joue avec ses humeurs, mais ne nous en impose jamais de mauvaises, laissant la pleurnicherie au placard pour en sortir sa sensibilité la plus pure.
Inutile donc de traquer la faute de goût, ou l’emphase prononcée sur les larmes, ici, c’est la spontanéité et l’envie qui dominent, et si parfois, certains morceaux sonnent un peu générique, ils sont toujours sauvés in extrémis par un gimmick entêtant ou une mélodie habile.
Nous nous voyons même gratifiés de suites plus progressives et nuancées que la moyenne, avec des lignes vocales de soie sur fond d’instrumental déchirant, et « Devil's Gold » de passer pour un leftover magnifique de BLACK COUNTRY COMMUNION, repris à la sauce Lee AARON. Quelques allusions plus jumpy et ZZ TOP permettent de faire le lien avec le patrimoine américain (« Russian Doll », que PRISTINE aurait pu entonner avec une euphorie certaine), tandis que le gospel se fait une place sur le poignant mais joyeux « Great Big Love ». Vous l’aurez compris, la dynamique de cet album est multiple, et allusive à bien des courants traditionnels. Agissant comme un best-of de la troisième partie de carrière de la canadienne, Radio On ! égrène les tubes comme la radio les singles, et pas une minute n’est perdue en atermoiements sur le passé ou autres regrets inutiles. Ce qui est logique, puisque les années 2000 sourient de toutes leurs dents à Lee, qui nous dévoile son âme sans en rajouter (« Wasted » sublime), et qui ose même terminer sa recherche des ondes en tombant sur le meilleur de Cristina Aguilera et Melissa Manchester (« Twenty One »).
Encore un excellent disque de la part de Lee, qui confirme donc que la maturité est sa meilleure alliée. Dur comme le Rock, sensible comme une femme qui a parcouru le monde et ses studios, et qui a trouvé la paix artistique en revenant aux sources du Rock.
Titres de l’album:
01. Vampin'
02. Soul Breaker
03. Cmon
04. Mama Don't Remember
05. Radio On
06. Soho Crawl
07. Devil's Gold
08. Russian Doll
09. Great Big Love
10. Wasted
11. Had Me at Hello
12. Twenty One
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30